Texte grec :
[2,128] Ὁ δὲ Ἀντώνιος ἐφορῶν αὐτοὺς καὶ ἐφεδρεύων, ἐπειδὴ λόγων
ὕλην οὐκ ἄπορον οὐδὲ ἀναμφίλογον εἶδεν ἐσφερομένην, ἔγνω τὸ
ἐνθύμημα αὐτῶν οἰκείῳ φόβῳ καὶ φροντίδι περὶ σφῶν αὐτῶν
διαχέαι. Εἰδὼς οὖν τῶν βουλευτῶν αὐτῶν πολὺ πλῆθος ἔς τε τὰς
ἀρχὰς τὰς ἐν ἄστει καὶ ἐς ἱερωσύνας καὶ ἐθνῶν ἢ στρατοπέδων
ἡγεμονίας ὑπὸ τοῦ Καίσαρος εἰς τὸ μέλλον ᾑρημένους ςὡς γὰρ ἐπὶ
χρόνιον στρατείαν ἐξιὼν ἐπὶ πενταετὲς ᾕρητὀ, σιωπὴν ὡς ὕπατος
ἐπικηρύξας ἔφη· « Τοῖς αἰτοῦσι περὶ Καίσαρος ψῆφον ἀνάγκη τάδε
προειδέναι, ὅτι ἄρχοντος μὲν αὐτοῦ καὶ αἱρετοῦ προστάτου
γενομένου τὰ πεπραγμένα καὶ δεδογμένα πάντα κύρια μενεῖ,
δόξαντος δ' ἐπὶ βίᾳ τυραννῆσαι τό τε σῶμα ἄταφον τῆς πατρίδος
ὑπερορίζεται καὶ τὰ πεπραγμένα πάντα ἀκυροῦται. Ἔστι δέ, ὡς
ὅρῳ περιλαβεῖν, ἐπὶ πᾶσαν ἀφικνούμενα γῆν καὶ θάλασσαν, καὶ τὰ
πολλὰ αὐτῶν οὐδὲ βουλομένοις ἡμῖν ὑπακούσεται· καὶ δείξω μετ'
ὀλίγον. Ὃ δέ ἐστι μόνον ἐφ' ἡμῖν, ὅτι καὶ περὶ μόνων ἐστὶν ἡμῶν,
τοῦτο ὑμῖν προθήσω πρὸ τῶν ἄλλων, ὡς ἂν ἐν τῷ εὐμαρεῖ τὴν
εἰκόνα τῶν δυσχερεστέρων προλάβοιτε. Ἡμεῖς γὰρ αὐτοὶ σχεδὸν
ἅπαντες οἱ μὲν ἤρξαμεν ὑπὸ τῷ Καίσαρι, οἱ δὲ ἔτι ἄρχομεν αἱρετοὶ
πρὸς ἐκείνου γενόμενοι, οἱ δὲ ἐς τὸ μέλλον ἄρχειν
κεχειροτονήμεθα· ἐς γὰρ πενταετες, ὡς ἴστε, καὶ τὰ ἀστικὰ ἡμῖν καὶ
τὰ ἐτήσια τὰς τῶν ἐθνῶν ἢ στρατοπέδων ἡγεμονίας διετάξατο. Εἰ
δὴ ταῦτα ὑμεῖς ἑκόντες ἀποθήσεσθε εἐστὲ γὰρ ὑμεῖς τοῦδε μάλιστα
κύριοἰ, τόδε πρῶτον ὑμᾶς ἀξιῶ κρῖναι· καὶ τὰ λοιπὰ ἐποίσω. »
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Traduction française :
[2,128] Antoine, qui les observait et cherchait à les piéger,
vit qu'une argumentation sans faille et sans ambiguïté
était en train de se développer, et il décida aussitôt de
perturber leur pensée en jouant de leurs craintes
particulières et du souci qu'ils avaient de leur propre
situation. Sachant donc qu'un grand nombre des
sénateurs eux-mêmes avaient été nommés par César
pour exercer dans le futur les magistratures urbaines, les
prêtrises et les commandements de provinces ou
d'armées — car, partant pour une longue campagne, il
avait distribué les charges pour cinq années —, Antoine
fit, en tant que consul, demander le silence et déclara :
« Ceux qui réclament un vote à propos de César doivent
savoir d'abord que, s'il était un magistrat et un chef élu,
tous ses actes et décrets demeurent valides, mais que
s'il exerçait, selon votre jugement, la tyrannie par la
violence, son cadavre est banni de la patrie, laissé sans
sépulture, et tous ses actes annulés. Or les décisions
qu'il a prises concernent, pour être bref, la terre entière
et toutes les mers, et la plupart, que nous le voulions ou
non, seront exécutées, et je vous le montrerai bientôt.
Mais ce qui seul dépend de nous, parce que cela ne
regarde aussi que nous, je vais vous le soumettre avant
toute autre chose, afin qu'en traitant les questions
aisées, vous vous forgiez une idée des plus difficiles.
Nous, sénateurs, par exemple, nous avons presque tous
exercé des magistratures sous César, nous les exerçons
parfois encore, en tenant de lui notre nomination, ou bien
nous avons été choisis pour les exercer dans l'avenir,
puisque c'est pour cinq ans, vous le savez, qu'il nous a
distribué les magistratures urbaines, les magistratures
annuelles, et les commandements de provinces ou
d'armées. Mais vous voulez peut-être déposer vous-mêmes
ces fonctions — et vous êtes effectivement les
maîtres absolus en la matière : c'est la première
question que je vous demanderai de trancher, et
j'aborderai le reste ensuite. »
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