Texte grec :
[2,124] Ἀντώνιος δὲ καὶ Λέπιδος ἐβούλοντο μὲν ἀμύνειν Καίσαρι, ὥς
μοι προείρηται, εἴτε φιλίας ἕνεκα εἴτε τῶν ὀμωμοσμένων, εἴτε καὶ
ἀρχῆς ὀρεγόμενοι καὶ νομίζοντες εὐμαρέστερα σφίσιν ἅπαντα
ἔσεσθαι τοιῶνδε καὶ τοσῶνδε ἀνδρῶν ἀθρόως ἐκποδὼν γενομένων·
τοὺς δὲ φίλους καὶ συγγενεῖς αὐτῶν ἐδεδοίκεσαν καὶ τὴν ἄλλην
βουλὴν ἐπιρρέπουσαν ἐς ἐκείνους, Δέκμον τε μάλιστα, τῆς ὁμόρου
Κελτικῆς ᾑρημένον ὑπὸ Καίσαρος ἄρχειν, στρατὸν πολὺν ἐχούσης.
Ἐδόκει δὴ καραδοκεῖν ἔτι τὰ γενησόμενα καὶ τεχνάζειν εἰ δύναιντο
περισπάσαι πρὸς ἑαυτοὺς τὴν στρατιὰν τὴν Δέκμου, ἄθυμον ἤδη
τοῖς ἀτρύτοις πόνοις γεγενημένην. Οὕτω δὲ δόξαν αὐτοῖς ὁ
Ἀντώνιος τοὺς εἰπόντας ἠμείψατο· « Κατὰ μὲν ἔχθραν ἰδίαν οὐδὲν
ἐργασόμεθα· ἕνεκα δὲ τοῦ μύσους καὶ ὧν Καίσαρι πάντες
ὠμόσαμεν, φύλακες αὐτῷ τοῦ σώματος ἢ τιμωροὶ παθόντι τι
ἔσεσθαι, εὔορκον ἦν τὸ ἄγος ἐξελαύνειν καὶ μετ' ὀλιγωτέρων
καθαρῶν βιοῦν μᾶλλον ἢ πάντας ἐνόχους ὄντας ταῖς ἀραῖς. Ἀλλὰ
δι' ὑμᾶς οἷς οὕτω δοκεῖ, σκεψόμεθα μεθ' ὑμῶν ἐν τῷ βουλευτηρίῳ
καὶ νομιοῦμεν εὐαγὲς ἔσεσθαι τῇ πόλει, ὅ τι ἂν κοινῇ δοκιμάσητε. »
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Traduction française :
[2,124] Antoine et Lépide, eux, voulaient venger César,
comme je l'ai dit plus haut, soit par amitié, soit à cause
des serments qu'ils avaient prêtés, soit parce qu'ils
visaient le pouvoir et pensaient que la tâche leur serait
grandement facilitée s'ils étaient massivement
débarrassés d'une telle quantité de citoyens de premier
rang. Mais ils craignaient les parents et amis de ceux-ci,
ainsi que le reste du Sénat, qui penchait du côté de leurs
adversaires ; ils redoutaient surtout Decimus, choisi par
César pour gouverner la Gaule frontalière, province
comportant des troupes considérables. Ils résolurent
donc d'attendre encore la suite des événements et de
manoeuvrer pour rallier à eux l'armée de Decimus, que
de nombreuses campagnes avaient démoralisée. Tel
était l'état d'esprit dans lequel Antoine répondit à ses
interlocuteurs : « Nous n'entreprendrons rien par haine
personnelle. Mais à cause de la souillure du crime, des
serments que nous avons tous prêtés à César d'être les
gardiens de sa personne ou ses vengeurs s'il lui arrivait
quoi que ce soit, il serait conforme à notre serment de
poursuivre le sacrilège et de vivre avec un plus petit
nombre de citoyens purs plutôt que d'être tous sous le
coup de la malédiction. Toutefois, puisque tel est votre
point de vue, nous allons l'examiner avec vous au Sénat
et nous considérerons comme propice pour la ville tout
ce que vous déciderez d'un commun accord. »
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