Texte grec :
[2,120] Οὕτω δ' ἔχοντες τὸ Καπιτώλιον σὺν τοῖς μονομάχοις ἀνέθορον.
Καὶ αὐτοῖς βουλευομένοις ἔδοξεν ἐπὶ τὰ πλήθη μισθώματα
περιπέμπειν· ἤλπιζον γάρ, ἀρξαμένων τινῶν ἐπαινεῖν τὰ
γεγενημένα, καὶ τοὺς ἄλλους συνεπιλήψεσθαι λογισμῷ τε τῆς
ἐλευθερίας καὶ πόθῳ τῆς πολιτείας. Ἔτι γὰρ ᾤοντο τὸν δῆμον εἶναι
Ῥωμαῖον ἀκριβῶς, οἷον ἐπὶ τοῦ πάλαι Βρούτου τὴν τότε βασιλείαν
καθαιροῦντος ἐπυνθάνοντο γενέσθαι· καὶ οὐ συνίεσαν δύο τάδε
ἀλλήλοις ἐναντία προσδοκῶντες, φιλελευθέρους ὁμοῦ καὶ
μισθωτοὺς σφίσιν ἔσεσθαι χρησίμως τοὺς παρόντας. Ὧν θάτερον
εὐχερέστερον ἦν, διεφθαρμένης ἐκ πολλοῦ τῆς πολιτείας.
Παμμιγές τε γάρ ἐστιν ἤδη τὸ πλῆθος ὑπὸ ξενίας, καὶ ὁ
ἐξελεύθερος αὐτοῖς ἰσοπολίτης ἐστὶ καὶ ὁ δουλεύων ἔτι τὸ σχῆμα
τοῖς δεσπόταις ὅμοιος· χωρὶς γὰρ τῆς βουλευτικῆς ἡ ἄλλη στολὴ
τοῖς θεράπουσίν ἐστιν ἐπίκοινος. Τό τε σιτηρέσιον τοῖς πένησι
χορηγούμενον ἐν μόνῃ Ῥώμῃ τὸν ἀργὸν καὶ πτωχεύοντα καὶ
ταχυεργὸν τῆς Ἰταλίας λεὼν ἐς τὴν Ῥώμην ἐπάγεται. Τό τε πλῆθος
τῶν ἀποστρατευομένων, οὐ διαλυόμενον ἐς τὰς πατρίδας ἔτι ὡς
πάλαι καθ' ἕνα ἄνδρα δέει τοῦ μὴ δικαίους πολέμους ἐνίους
πεπολεμηκέναι, κοινῇ δὲ ἐς κληρουχίας ἀδίκους ἀλλοτρίας τε γῆς
καὶ ἀλλοτρίων οἰκιῶν ἐξιόν, ἄθρουν τότε ἐστάθμευεν ἐν τοῖς ἱεροῖς
καὶ τεμένεσιν ὑφ' ἑνὶ σημείῳ καὶ ὑφ' ἑνὶ ἄρχοντι τῆς ἀποικίας, τὰ
μὲν ὄντα σφίσιν ὡς ἐπὶ ἔξοδον ἤδη διαπεπρακότες, εὔωνοι δ' ἐς ὅ τι
μισθοῖντο.
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Traduction française :
[2,120] C'est dans cet état d'esprit qu'ils se précipitèrent sur
le Capitole avec les gladiateurs. Après délibération, ils
décidèrent de distribuer de l'argent à la plèbe,
escomptant que, si quelques-uns commençaient à
approuver ce qui s'était passé, ils entraîneraient aussi
les autres à penser à la liberté et à regretter l'ancien
système politique. Les conjurés continuaient, en fait, à
croire que le peuple romain était encore comme il avait
été, d'après ce qu'ils avaient appris, du temps où
l'antique Brutus avait renversé l'ancienne royauté. Et ils
ne réalisaient pas qu'ils attendaient de leurs
contemporains deux attitudes contradictoires : qu'ils
soient épris de liberté et en même temps achetables
pour leurs fins à eux. La deuxième attitude était
beaucoup plus facile à trouver, la vie publique étant de
longue date corrompue. Déjà alors, en effet, la
population est mêlée d'éléments étrangers ; de plus,
chez les Romains, l'affranchi a les mêmes droits que le
citoyen, et les esclaves, de surcroît, ne se différencient
pas des maîtres par le vêtement : excepté la toge
sénatoriale, les tenues sont communes aux esclaves et
aux hommes libres. D'autre part, la ration de blé
distribuée aux pauvres seulement à Rome y attire les
paresseux, les miséreux et les malfrats de l'Italie. En
outre, la foule des démobilisés ne se dispersait plus,
chacun repartant individuellement dans son pays,
comme autrefois : maintenant que plus d'un avait peur
d'avoir pris part à des guerres injustes, et comme il était
possible d'occuper collectivement des colonies prises
injustement sur les terres et les maisons d'autrui, ils
demeuraient en masse dans les temples et leurs
enceintes, sous une seule enseigne, sous le
commandement d'un chef de colonie, et, après avoir
vendu tout ce qui leur appartenait dans la perspective du
départ, ils étaient prêts à se vendre pour toute tâche qui
leur serait payée.
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