Texte grec :
[2,118] XVII. Ἐκτελεσθέντος δὲ τοῖς φονεῦσι τοσοῦδε ἄγους ἐν ἱερῷ
χωρίῳ καὶ ἐς ἄνδρα ἱερὸν καὶ ἄσυλον, φυγή τε ἦν ἀνὰ τὸ
βουλευτήριον αὐτίκα καὶ ἀνὰ τὴν πόλιν ὅλην, καὶ ἐτρώθησάν τινες
τῶν βουλευτῶν ἐν τῷδε τῷ θορύβῳ καὶ ἀπέθανον ἕτεροι. Πολὺς δὲ
καὶ ἄλλος ἀστῶν τε καὶ ξένων ἐγίγνετο φόνος, οὐ
προβεβουλευμένος, ἀλλ' οἷος ἐκ θορύβου πολιτικοῦ καὶ ἀγνωσίας
τῶν ἐπιλαβόντων, οἵ τε γὰρ μονομάχοι, ὡπλισμένοι ἕωθεν ὡς ἐπὶ
δή τινα θέας ἐπίδειξιν, ἐκ τοῦ θεάτρου διέθεον ἐς τὰ τοῦ
βουλευτηρίου παραφράγματα, καὶ τὸ θέατρον ὑπὸ ἐκπλήξεως σὺν
φόβῳ καὶ δρόμῳ διελύετο, τά τε ὤνια ἡρπάζετο· καὶ τὰς θύρας
ἅπαντες ἀπέκλειον καὶ ἀπὸ τῶν τεγῶν ἐς ἄμυναν ἡτοιμάζοντο,
Ἀντώνιός τε τὴν οἰκίαν ὠχύρου, τεκμαιρόμενος συνεπιβουλεύεσθαι
τῷ Καίσαρι. Καὶ Λέπιδος ὁ ἵππαρχος ἐν ἀγορᾷ μὲν ὢν ἐπύθετο τοῦ
γεγονότος, ἐς δὲ τὴν ἐν τῷ ποταμῷ νῆσον διαδραμών, ἔνθα ἦν
αὐτῷ τέλος στρατιωτῶν, ἐς τὸ πεδίον αὐτοὺς μετεβίβαζεν ὡς
ἑτοιμοτέρους ἕξων ἐς τὰ παραγγελλόμενα ὑπ' Ἀντωνίου· Ἀντωνίῳ
γὰρ ἐξίστατο, φίλῳ τε τοῦ Καίσαρος ὄντι μᾶλλον καὶ ὑπάτῳ. Καὶ
αὐτοῖς σκεπτομένοις ὁρμὴ μὲν ἦν ἀμύνειν τῷ Καίσαρι τοιάδε
παθόντι, τὴν δὲ βουλὴν πρὸς τῶν ἀνδροφόνων ἐσομένην
ἐδεδοίκεσαν καὶ τὸ μέλλον ἔτι περιεσκόπουν. Ἀμφὶ δὲ αὐτῷ
Καίσαρι στρατιωτικὸν μὲν οὐκ ἦν, οὐ γὰρ δορυφόροις ἠρέσκετο, ἡ
δὲ τῆς ἡγεμονίας ὑπηρεσία μόνη καὶ αἱ πλέονες ἀρχαὶ καὶ πολὺς
ὅμιλος ἄλλος ἀστῶν καὶ ξένων καὶ πολὺς θεράπων καὶ
ἐξελεύθερος αὐτὸν ἐπὶ τὸ βουλευτήριον ἐκ τῆς οἰκίας
παρεπεπόμφεισαν, ὧν ἀθρόως διαφυγόντων τρεῖς θεράποντες
μόνοι παρέμειναν, οἳ τὸ σῶμα ἐς τὸ φορεῖον ἐνθέμενοι διεκόμισαν
οἴκαδε ἀνωμάλως, οἷα τρεῖς, τὸν πρὸ ὀλίγου γῆς καὶ θαλάττης
προστάτην.
|
|
Traduction française :
[2,118] Quand les meurtriers eurent achevé de commettre
un si grand crime dans un endroit sacré et contre un
homme sacré et inviolable, ce fut immédiatement la fuite
au sénat et dans toute la Ville : plusieurs sénateurs
furent blessés au cours de ces troubles et d'autres
périrent. Et il se perpétra bien des meurtres, d'habitants
de Rome comme d'étrangers à la ville, sans nulle
préméditation, mais comme cela arrive dans le sillage de
troubles politiques et par suite de méprises commises
par ceux qui vous rencontrent ; de plus, les gladiateurs,
en armes depuis l'aube, en vue, bien sûr, de quelque
intervention au cours des jeux, sortirent en courant du
théâtre pour se rendre aux grilles du Sénat, et le théâtre
se vida, sous l'effet de la stupeur, dans une course
panique ; les marchandises furent pillées, et tout le
monde fermait ses portes et s'apprêtait à se défendre
depuis les toits. Antoine également fortifiait sa demeure,
convaincu que le complot contre César le visait aussi.
Lépide, le maître de la cavalerie, qui se trouvait sur le
Forum quand il apprit la nouvelle, se précipita sur l'île au
milieu du fleuve, où il gardait une légion de soldats, et la
fit passer au Champ de Mars, afin de l'avoir plus
facilement sous la main pour exécuter les ordres
d'Antoine : il s'effaçait, en effet, devant Antoine, qui était
un ami plus proche de César, et exerçait le consulat.
Dans leurs réflexions, ils étaient partagés entre leur
envie de venger César pour ce qu'il avait subi, et la
crainte de voir le Sénat se ranger du côté des meurtriers ;
et ils continuaient à observer la tournure qu'allaient
prendre les événements.
Or, autour de César lui-même, il n'y avait aucune escorte
militaire, car avoir une garde armée lui déplaisait, mais
seulement des serviteurs publics attachés à sa fonction ;
il avait, en outre, été accompagné par bon nombre de
magistrats, par toute une foule de citoyens et
d'étrangers, toute une quantité d'esclaves et d'affranchis,
de sa maison jusqu'au Sénat : mais ils avaient fui en
masse, et seuls étaient demeurés trois esclaves, qui
déposèrent son corps sur la litière et le ramenèrent chez
lui en brinquebalant, à trois qu'ils étaient, lui qui, peu
auparavant, était le maître de la terre et de la mer.
|
|