Texte grec :
[2,93] Οἱ δὲ σὺν θορύβῳ τε ἄνοπλοι συνέτρεχον καί, ὡς ἔθος, ἄφνω
φανέντα σφίσιν ἠσπάζοντο αὐτοκράτορα. Κελεύσαντος δ' ὅ τι
θέλοιεν εἰπεῖν, περὶ μὲν τῶν δωρεῶν ἐς ὄψιν εἰπεῖν αὐτοῦ παρόντος
οὐδὲ ἐτόλμησαν ὑπὸ τῆς αὐτῆς ἐκπλήξεως, ὡς δὲ μετριώτερον,
ἀφεθῆναι τῆς στρατείας ἀνεβόησαν, ἐλπίσαντες στρατοῦ δεόμενον
ἐς τοὺς ὑπολοίπους πολέμους αὐτὸν ἐρεῖν τι καὶ περὶ τῶν δωρεῶν.
Ὁ δὲ παρὰ τὴν ἁπάντων δόξαν οὐδὲ μελλήσας ἀπεκρίνατο· «
Ἀφίημι. » Καταπλαγέντων δ' αὐτῶν ἔτι μᾶλλον καὶ σιωπῆς
βαθυτάτης γενομένης ἐπεῖπε· « Καὶ δώσω γε ὑμῖν τὰ ἐπηγγελμένα
ἅπαντα, ὅταν θριαμβεύσω μεθ' ἑτέρων. » Ἀδοκήτου δ' αὐτοῖς ἅμα
καὶ τοῦδε καὶ φιλανθρώπου φανέντος, αἰδὼς αὐτίκα πᾶσιν
ἐνέπιπτεν καὶ λογισμὸς μετὰ ζήλου, εἰ δόξουσι μὲν αὐτοὶ
καταλιπεῖν σφῶν τὸν αὐτοκράτορα ἐν μέσοις τοσοῖσδε πολεμίοις,
θριαμβεύσουσι δ' ἀνθ' αὑτῶν ἕτεροι καὶ σφεῖς τῶν ἐν Λιβύῃ κερδῶν
ἐκπεσοῦνται, μεγάλων ἔσεσθαι νομιζομένων, ἐχθροί τε ὁμοίως
αὐτοῦ τε Καίσαρος ἔσονται καὶ τῶν πολεμίων. Δείσαντες οὖν ἔτι
μᾶλλον ἡσύχαζον ἐξ ἀπορίας, ἐλπίζοντες ἐνδώσειν τι καὶ τὸν
Καίσαρα καὶ μεταγνώσεσθαι διὰ τὴν ἐν χερσὶ χρείαν. Ὁ δ'
ἀνθησύχαζε καὶ τῶν φίλων αὐτὸν παρακαλούντων ἐπιφθέγξασθαί
τι πρὸς αὐτοὺς ἄλλο καὶ μὴ βραχεῖ καὶ αὐστηρῷ λόγῳ πολλὰ
συνεστρατευμένους ἐγκαταλιπεῖν, ἀρχόμενος λέγειν πολίτας ἀντὶ
στρατιωτῶν προσεῖπεν· ὅπερ ἐστὶ σύμβολον ἀφειμένων τῆς
στρατείας καὶ ἰδιωτευόντων.
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Traduction française :
[2,93] Les soldats coururent au rassemblement, avec grand
bruit et sans armes, et, selon la coutume, dès qu'il parut
à leurs yeux, saluèrent leur général. Il leur demanda
alors de lui dire ce qu'ils voulaient : ils n'osèrent pas,
dans leur stupéfaction de le voir présent sur place, lui
parler des gratifications, mais, estimant que c'était une
revendication plus modérée, ils réclamèrent à grands
cris de recevoir leur congé de l'armée, escomptant que,
comme il avait besoin d'une armée pour les guerres à
venir, il aborderait aussi la question des gratifications.
Mais lui, contre l'attente générale, répondit sans la
moindre hésitation : « Je vous donne congé. » Comme
ils étaient encore plus sidérés et que le plus profond
silence s'était établi, il ajouta : « Et je vous donnerai, je
vous l'assure, tout ce que je vous ai promis, quand
j'aurai les honneurs du triomphe, avec d'autres. »
Comme cette proposition aussi paraissait à leurs yeux
inattendue et généreuse, tous se mirent subitement à
éprouver de la honte et, à considérer, dans une réflexion
où se mêlait la jalousie, que, si eux décidaient
d'abandonner leur général au milieu de si nombreux
ennemis, d'autres triompheraient à leur place, que les
profits à tirer de la guerre en Afrique — qu'ils prévoyaient
importants — leur échapperaient, et qu'ils seraient
également en butte et à l'hostilité de César et à celle de
ses ennemis. Éprouvant donc ces craintes, ils restèrent
encore plus silencieux, embarrassés, espérant que
César leur accorderait de son côté quelque concession
et qu'il reviendrait sur sa parole à cause des nécessités
du moment. Mais il répondait par un silence égal, et
comme ses amis lui conseillaient de leur dire encore
quelque chose et de ne pas renvoyer avec un mot bref et
dur des compagnons d'armes de longue date, il
commença son discours en les appelant « citoyens » au
lieu de « soldats », ce qui signifiait qu'ils étaient
congédiés de l'armée et se retrouvaient de simples particuliers.
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