Texte grec :
[2,69] Καὶ τόδε μὲν ἀγνοίᾳ τῆς Καίσαρος εὐχῆς οἵ τε φίλοι καὶ ὁ
στρατὸς ἅπας πυθόμενοι ἥδοντο, καὶ τἆλλα ἀλόγως σὺν ὁρμῇ καὶ
καταφρονήσει χωροῦντες ἐπὶ τὸ ἔργον ὡς ἐπὶ ἕτοιμον. Ὧν γε
πολλοὶ καὶ τὰς σκηνὰς δάφναις ἀνέστεφον ἤδη, συμβόλῳ νίκης· καὶ
οἱ θεράποντες αὐτοῖς δαῖτα λαμπροτάτην ἐπόρσυνον· εἰσὶ δ' οἳ καὶ
περὶ τῆς Καίσαρος ἀρχιερωσύνης ἐς ἀλλήλους ἤδη διήριζον. Ἅπερ ὁ
Πομπήιος οἷα πολέμων ἔμπειρος ἀπεστρέφετο καὶ νεμεσῶν ἐπ'
αὐτοῖς ἐνεκαλύπτετο, κατεσιώπα δ' ὅμως ὑπὸ ὄκνου καὶ δέους,
ὥσπερ οὐ στρατηγῶν ἔτι, ἀλλὰ στρατηγούμενος καὶ πάντα
πράσσων ὑπὸ ἀνάγκης παρὰ γνώμην. Τοσοῦτον ἀνδρὶ μεγαλουργῷ
καὶ παρὰ πᾶν ἔργον ἐς ἐκείνην τὴν ἡμέραν εὐτυχεστάτῳ γενομένῳ
τὸ δύσθυμον ἐνεπεπτώκει, εἴτε ὅτι τὰ συμφέροντα κρίνων οὐκ
ἔπειθεν, ἀλλ' ἐπὶ κύβον ἐχώρει πλήθους ἀνδρῶν τοσῶνδε σωτηρίας
καὶ τῆς ἑαυτοῦ δόξης ἐς τότε ἀηττήτου· εἴτε τι καὶ μαντικώτερον
αὐτὸν πλησιάζοντος ἤδη τοῦ κακοῦ συνετάρασσε, μέλλοντα τῆς
ἡμέρας ἐκείνης ἐκ δυναστείας τοσῆσδε ἀθρόως ἐκπεσεῖσθαι.
Τοσοῦτον δ' οὖν εἰπὼν τοῖς φίλοις, ὅτι ἥδε ἡ ἡμέρα, ὁπότερος ἂν
ἐπικρατήσῃ, μεγάλων ἐς αἰεὶ Ῥωμαίοις ἄρξει κακῶν, παρέτασσεν
ἐς τὴν μάχην· ᾧ δὴ καὶ μάλιστα αὐτοῦ τὴν διάνοιαν προπεσεῖν
τινες ἐν τῷ φόβῳ νομίζοντες ἡγοῦντο οὐδ' ἂν Πομπήιον
κρατήσαντα μεθεῖναι τὴν μοναρχίαν.
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Traduction française :
[2,69] Ce rêve, quand ils l'apprirent, ignorant le voeu de
César, ravit les compagnons de Pompée et toute son
armée, et c'est par ailleurs sans réfléchir, avec
enthousiasme et se croyant supérieurs, qu'ils
s'engagèrent dans l'action, comme si elle était déjà
terminée : beaucoup allèrent jusqu'à couronner déjà
leurs tentes de lauriers, le symbole de la victoire et leurs
valets leur préparaient un festin splendide ; il y en eut
même pour déjà se disputer le pontificat de César.
Pompée, en guerrier expérimenté, détournait ses
regards et cachait sa désapprobation de ces conduites,
mais son silence venait aussi de son hésitation et de sa
crainte, comme s'il n'était plus un commandant, mais un
commandé, forcé d'agir en tout contre son propre
sentiment. Si profond était le découragement qui s'était
abattu sur un grand homme d'action, que le succès avait
jusqu'à ce jour couronné dans toutes ses entreprises ;
était-ce parce que, après avoir vu juste, il n'avait pas
imposé ses idées, mais remettait au hasard le salut
d'une foule d'hommes de si haut rang et sa propre gloire
jusqu'alors invaincue, ou parce que quelque prémonition
de la catastrophe désormais proche tourmentait celui qui
devait, en cette journée, perdre intégralement son
immense puissance ? Et donc, après s'être contenté de
déclarer à ses compagnons que cette journée, quel
qu'en soit le vainqueur, serait pour les Romains le
commencement de grands malheurs sans fin, il prit ses
dispositions pour la bataille. Voilà justement les paroles
où certains jugent que Pompée laissa, dans sa crainte,
sa pensée le mieux s'exprimer, et ils estiment que,
même s'il avait été vainqueur, il n'aurait pas manqué
d'exercer seul le pouvoir.
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