Texte grec :
[2,66] Ἀγορὰ δὲ Πομπηίῳ μὲν ἦν πανταχόθεν· οὕτω γὰρ αὐτῷ
προδιῴκηντο καὶ ὁδοὶ καὶ λιμένες καὶ φρούρια, ὡς ἔκ τε γῆς αἰεὶ
φέρεσθαι καὶ διὰ θαλάσσης πάντα ἄνεμον αὐτῷ φέρειν· Καῖσαρ δὲ
μόνον εἶχεν, ὅ τι μόλις εὕροι καὶ λάβοι κακοπαθῶν. Καὶ οὐδ' ὣς
αὐτὸν ἀπέλιπεν οὐδείς, ἀλλὰ σπουδῇ δαιμονίῳ συνενεχθῆναι τοῖς
πολεμίοις ὠρέγοντο καὶ ἡγοῦντο πολέμῳ μὲν εἶναι παρὰ πολὺ
ἀμείνους νεοστρατεύτων ἔτι ὄντων δέκα ἔτεσιν ἠσκημένοι, εἰς δὲ
ταφρείας ἢ περιτειχίσεις ἢ σιτολογίας ἐπιπόνους ἀσθενέστεροι διὰ
γῆρας· ὅλως τε κάμνουσιν αὐτοῖς ἐδόκει δρᾶν τι . . . Μετ' ἀργίας ἢ
λιμῷ διαφθαρῆναι. Ὧν ὁ Πομπήιος αἰσθανόμενος ἐπικίνδυνον μὲν
ἡγεῖτο γεγυμνασμένοις καὶ ἀπογινώσκουσιν αὑτῶν ἀνδράσι καὶ
τύχῃ Καίσαρος λαμπρᾷ περὶ τῶν ὅλων συνενεχθῆναι δι' ἑνὸς
ἔργου, δυνατώτερον δὲ καὶ ἀκινδυνοτερον ἐκτρῦσαι ταῖς ἀπορίαις
αὐτοὺς οὔτε γῆς εὐπόρου κρατοῦντας οὔτε θαλάσσῃ χρωμένους
οὔτε ναῦς ἐς φυγὴν ταχεῖαν ἔχοντας.
Ὁ μὲν δὴ κρατίστῳ λογισμῷ τρίβειν τὸν πόλεμον ἐγνώκει, καὶ ἐς
λοιμὸν ἐκ λιμοῦ τοὺς πολεμίους περιφέρειν·
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Traduction française :
[2,66] Pompée recevait du ravitaillement de toutes parts :
car pour lui routes, ports et garnisons avaient été
aménagés à l'avance de telle sorte que, par la terre, il lui
en arrivait constamment, et que, par la mer, chaque
coup de vent lui en apportait. César, lui, n'avait que ce
qu'il trouvait et prenait, en souffrant peines et pertes.
Pourtant personne ne l'abandonna, ses hommes
aspiraient au contraire à engager le combat avec les
ennemis, et pensaient qu'à la guerre ils étaient bien
supérieurs à des soldats encore novices, eux qui avaient
dix ans d'expérience, alors que pour creuser des
tranchées, élever des circonvallations ou chercher du
ravitaillement, tâches d'endurance, leur âge les rendait
plus faibles ; dans leur complet épuisement, ils
préféraient se lancer dans l'action <...> que rester sans
rien faire ou mourir de faim. Pompée, conscient de tout
cela, estimait risqué d'engager le combat contre des
hommes entraînés et désespérant de leur vie — ainsi
que contre l'extraordinaire fortune de César — en jouant
tout dans une seule action ; il jugeait plus efficace et plus
sûr de les épuiser par la pénurie, vu qu'ils ne disposaient
d'aucun territoire prospère, ne tiraient aucun usage de la
mer, et n'avaient pas de bateaux pour opérer une retraite
rapide. Il décida, par conséquent, adoptant une stratégie
tout à fait sûre, de faire traîner la guerre et de plonger
ses ennemis de la famine dans l'épidémie.
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