Texte grec :
[2,62] Γενομένης δὲ τῆς τροπῆς λαμπρᾶς ὁ Καῖσαρ ἑτέρωθεν ἦγεν
ἄλλον στρατόν, οὕτω δή τι καὶ τοῦτον περίφοβον, ὡς Πομπηίου
μακρόθεν ἐπιφανέντος μήτε στῆναι περὶ τὰς πύλας ὄντας ἤδη μήτε
ἐσελθεῖν ἐν κόσμῳ μήτε πεισθῆναι τοῖς προστάγμασιν, ἀλλὰ
φεύγειν ἕκαστον, ὅπῃ τύχοιεν, ἀμεταστρεπτὶ χωρὶς αἰδοῦς καὶ
παραγγέλματος καὶ λογισμοῦ. Καίσαρος δ' αὐτοὺς περιθέοντός τε
καὶ σὺν ὀνείδει μακρὰν ἔτι τὸν Πομπήιον ὄντα ἐπεδεικνύοντος, καὶ
ἐφορῶντος τὰ σημεῖα ἀπερρίπτουν καὶ ἔφευγον, οἱ δὲ μόλις ὑπ'
αἰδοῦς κατέκυπτον ἐς τὴν γῆν ἄπρακτοι· τοσοῦτος αὐτοῖς τάραχος
ἐνεπεπτώκει. Εἷς δὲ καὶ στρέψας τὸ σημεῖον ἀνέτεινε τὸν οὐρίαχον
ἐς τὸν αὐτοκράτορα. Καὶ τόνδε μὲν οἱ Καίσαρος ὑπασπισταὶ
κατέκοπτον, οἱ δ' ἐσελθόντες οὐδ' ἐπὶ τὰς φυλακὰς ἀπήντων, ἀλλὰ
μεθειμένα πάντα ἦν καὶ τὸ χαράκωμα ἀφύλακτον, ὥστε αὐτὸ δοκεῖ
συνεσπεσὼν ἂν τότε ὁ Πομπήιος ἑλεῖν κατὰ κράτος καὶ τὸν
πόλεμον ἑνὶ τῷδε ἔργῳ πάντα ἐξεργάσασθαι, εἰ μὴ Λαβιηνὸς
αὐτόν, θεοῦ παράγοντος, ἐπὶ τοὺς φεύγοντας ἔπειθε τραπῆναι· καὶ
αὐτὸς ἅμα ὤκνησεν, ἢ τὴν ἀφυλαξίαν τοῦ χαρακώματος ὡς
ἐνέδραν ὑφορώμενος ἢ ὡς ἤδη κεκριμένου τοῦ πολέμου
καταφρονήσας. Ἐπὶ δὲ τοὺς ἔξω τραπεὶς ἑτέρους τε ἔκτεινε
πολλοὺς καὶ σημεῖα τῆς ἡμέρας ἐκείνης ἔλαβεν ἐν ταῖς δύο μάχαις
ὀκτὼ καὶ εἴκοσιν καὶ δεύτερον τόνδε καιρὸν ἐντελοῦς ἔργου
μεθῆκεν. Ὃ καὶ τὸν Καίσαρά φασιν εἰπεῖν, ὅτι σήμερον ἂν ὁ
πόλεμος ἐξείργαστο τοῖς πολεμίοις, εἰ τὸν νικᾶν ἐπιστάμενον
εἶχον.
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Traduction française :
[2,62] Après cette cuisante déroute, César fit venir
d'ailleurs une autre armée, mais ses soldats aussi
étaient en proie à une telle panique que, voyant Pompée
apparaissant au loin, au lieu de rester à leur poste, alors
qu'ils se trouvaient déjà près des portes, de rentrer en
ordre, et d'obéir aux ordres, ils s'enfuirent tous par où ils
le pouvaient, droit devant eux, sans ressentir de honte,
sans écouter les ordres ni réfléchir. César courait parmi
eux et, d'un ton de reproche, leur montrait que Pompée
était encore loin, mais, sous ses yeux, ils jetaient les
enseignes et prenaient la fuite ; certains, tout de même
honteux, regardaient à terre sans rien faire, tel était le
trouble qui s'était emparé d'eux. Il y en eut même un
pour retourner son enseigne et diriger le bout du bâton
sur l'imperator. Mais tandis que les gardes du corps de
César le massacraient, les soldats qui rentraient ne se
rendaient même pas aux postes de garde : tout allait à
vau-l'eau et le retranchement n'était pas gardé, de sorte
que selon toute vraisemblance, Pompée, en y précipitant
ses forces, s'en serait emparé et aurait mis fin à la
guerre tout entière par cette seule opération, si
Labienus, mal inspiré par une divinité, ne l'avait
convaincu de se tourner contre les fuyards. Et lui-même,
en même temps, avait hésité, soit qu'il eût soupçonné un
piège dans l'absence de gardes sur le retranchement,
soit qu'il eût présomptueusement pensé que le sort de la
guerre était désormais fixé. S'étant donc tourné contre
les autres soldats, resté à l'extérieur, il en tua beaucoup,
et ce jour-là, il prit, lors des deux combats, vingt-huit
enseignes tout en laissant passer la deuxième occasion
d' une action décisive. Ce qui aurait fait dire à César que
ce jour-là, la guerre se serait terminée en faveur de ses
ennemis, s'ils avaient eu quelqu'un qui sût vaincre.
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