Texte grec :
[2,60] Καὶ τῷ Καίσαρι σύμπας ὁ στρατὸς ἤδη παρῆν, παρῆν δὲ καὶ
Πομπηίῳ. Καὶ ἀντεστρατοπέδευον ἀλλήλοις ἐπὶ λόφων ἐν
φρουρίοις πολλοῖς, πεῖραί τε ἦσαν περὶ ἕκαστον φρούριον πυκναὶ
περιταφρευόντων καὶ περιτειχιζόντων ἀλλήλους καὶ γιγνομένων
ὁμοῦ καὶ ποιούντων ἐν ἀπόροις. Ἐν δὲ ταῖσδε ταῖς πείραις περί τι
φρούριον ἡττωμένου τοῦ Καίσαρος στρατοῦ λοχαγός, ᾧ Σκεῦας
ὄνομα ἦν, πολλὰ καὶ λαμπρὰ δρῶν ἐς τὸν ὀφθαλμὸν ἐτρώθη βέλει
καὶ προπηδήσας κατέσεισεν ὡς εἰπεῖν τι βουλόμενος. Σιωπῆς δ'
αὐτῷ γενομένης, Πομπηίου λοχαγὸν ἐπὶ ἀνδρίᾳ γνώριμον ἐκάλει· «
Σῷζε τὸν ὅμοιον σεαυτῷ, σῷζε τὸν φίλον καὶ πέμπε μοι τοὺς
χειραγωγήσοντας, ἐπεὶ τέτρωμαι. » Προσδραμόντων δ' ὡς
αὐτομολοῦντι δύο ἀνδρῶν, τὸν μὲν ἔφθασε κτείνας, τοῦ δὲ τὸν
ὦμον ἀπέκοψε. Καὶ ὁ μὲν τάδε ἔπρασσεν ἀπογιγνώσκων ἑαυτοῦ
καὶ τοῦ φρουρίου. Τοῖς δ' ἄλλοις αἰδὼς ἐπὶ τῷ συμβεβηκότι καὶ ὁρμὴ
προσέπιπτε, καὶ τὸ φρούριον περιεσώθη, πολλὰ καὶ τοῦ
φρουράρχου Μινουκίου παθόντος, ᾧ γέ φασι τὴν μὲν ἀσπίδα
ἑκατὸν καὶ εἴκοσιν ἀναδέξασθαι βέλη, τὸ δὲ σῶμα ἓξ τραύματα καὶ
τὸν ὀφθαλμὸν ὁμοίως ἐκκοπῆναι. Τούτους μὲν δὴ Καῖσαρ
ἀριστείοις πολλοῖς ἐτίμησεν, αὐτὸς δ', ἐκ Δυρραχίου τινὸς αὐτῷ
πρασσομένης προδοσίας, ἧκε μέν, ὡς συνέκειτο, νυκτὸς σὺν ὀλίγοις
ἐπὶ πύλας καὶ ἱερὸν Ἀρτέμιδος .
Τοῦ δ' αὐτοῦ χειμῶνος ἄλλην στρατιὰν ἐκ Συρίας ἦγε Πομπηίῳ
Σκιπίων ὁ κηδεστής· καὶ αὐτῷ Γάιος Καλουίσιος περὶ Μακεδονίαν
συμβαλὼν ἡττᾶτο, καὶ τέλος ἓν αὐτοῦ κατεκόπη χωρὶς ὀκτακοσίων
ἀνδρῶν.
|
|
Traduction française :
[2,60] César disposait désormais sur place de son armée
au complet, et Pompée également. Ils avaient installé
leurs camps l'un en face de l'autre, sur des hauteurs
hérissées de nombreuses redoutes. Autour de chaque
redoute se déroulaient de fréquentes escarmouches : ils
creusaient des tranchées et élevaient des talus les uns
contre les autres, et tantôt ils restaient à égalité, tantôt
les uns mettaient les autres en difficulté. Tandis que, lors
d'une de ces escarmouches autour d'une redoute,
l'armée de César avait le dessous, un centurion nommé
Scaeva qui accomplissait quantité de brillantes
prouesses fut blessé à l'oeil par un trait ; il s'avança alors
en faisant signe qu'il voulait dire quelque chose. On fit
silence pour l'entendre, et il appela un centurion de
Pompée connu pour sa bravoure : « Sauve toi pareil,
sauve ton ami, et envoie-moi des hommes pour me
guider, car je suis blessé. » Pensant qu'il désertait, deux
hommes accoururent : il eut le temps d'en tuer un et de
trancher l'épaule à l'autre. Et s'il agit ainsi, c'est parce
qu'il avait perdu tout espoir pour lui-même et pour la
redoute : mais cet événement rendit les autres soldats
penauds, leur insuffla un nouvel élan, et la redoute fut
sauvée. Son commandant, Minucius, fut aussi très
éprouvé : son bouclier, dit-on, reçut cent vingt flèches,
son corps, six blessures, et il perdit également un oeil.
César, bien sûr, honora ces hommes de nombreuses
distinctions, puis, comme une offre de trahison à son
profit lui venait de Dyrrachium, il se rendit lui-même,
comme convenu, de nuit, avec quelques hommes, aux
portes et au temple d'Artémis <...> Ce même hiver, une
autre armée fut amenée de Syrie pour Pompée par son
beau-père Scipion. Caius Calvisius, qui l'attaqua en
Macédoine, fut battu, et de son unique légion ne
survécurent que huit cents hommes.
|
|