Texte grec :
[2,55] Καὶ ὁ Καῖσαρ ἁλίσας τον ἑαυτοῦ στρατὸν ἀνέμνησεν, ὅτι διὰ τὴν
ταχυεργίαν τοῦ τε χειμῶνος σὺν τῇ τύχῃ περιγένοιντο καὶ
θαλάσσης τοσῆσδε χωρὶς νεῶν κρατήσειαν Ὤρικόν τε καὶ
Ἀπολλωνίαν ἀμαχεὶ λάβοιεν καὶ τὰ τῶν πολεμίων ἔχοιεν, καθάπερ
εἶπεν, ἀγνοοῦντος ἔτι Πομπηίου. « Εἰ δὲ καὶ Δυρράχιον, ἔφη, τὸ
ταμιεῖον τῆς Πομπηίου παρασκευῆς προλάβοιμεν, ἔσται πάντα
ἡμῖν, ἃ ἐκείνοις δι' ὅλου θέρους πεπονημένοις. » Τοσαῦτα εἰπὼν
ἦγε συντόμως ἐπὶ τὸ Δυρράχιον αὐτοὺς ὁδὸν μακράν, οὔτε ἡμέρας
οὔτε νυκτὸς ἀναπαύων. Πομπήιος δὲ προμαθὼν ἀντιπαρώδευεν ἐκ
Μακεδονίας, σὺν ἐπείξει καὶ ὅδε πολλῇ, κόπτων τε τὴν ὕλην, ἣν
παρώδευεν, ἵνα Καίσαρι δύσβατος εἴη, καὶ ποταμῶν γεφύρας
διαιρῶν καὶ ἀγορὰν τὴν ἐν μέσῳ πᾶσαν ἐμπιπράς, ἐν μεγίστῳ,
καθάπερ ἦν, καὶ ὅδε τιθέμενος τὴν ἑαυτοῦ παρασκευὴν
διαφυλάξαι. Κονιορτὸν δ' ἢ πῦρ ἢ καπνὸν εἴ ποτε μακρόθεν ἴδοιεν
αὐτῶν ἑκάτεροι, νομίζοντες εἶναι τὰ ἀλλήλων ἐφιλονίκουν ὡς ἐν
ἀγῶνι δρόμου. Καὶ οὔτε τροφῇ καιρὸν ἐδίδοσαν οὔτε ὕπνῳ· ἔπειξις
δ' ἦν καὶ σπουδὴ καὶ βοαὶ τῶν ἀγόντων αὐτοὺς ὑπὸ λαμπτῆρσι, καὶ
θόρυβος ἐκ τοῦδε πολὺς καὶ φόβος, ὡς τῶν πολεμίων αἰεὶ
πλησιαζόντων. Ὑπὸ δὲ καμάτου τινὲς ἀπερρίπτουν, ἃ ἔφερον, ἢ ἐν
φάραγξι διαλαθόντες ὑπελείποντο, τὴν αὐτίκα ἀνάπαυσιν τοῦ
παρὰ τῶν ἐχθρῶν φόβου διαλλασσόμενοι.
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Traduction française :
[2,55] Puis César assembla ses troupes et leur rappela
que leur rapidité était venue à bout de l'hiver, avec l'aide
de la bonne fortune, qu'ils avaient surmonté l'obstacle
d'une si vaste mer sans bateaux de guerre, qu'ils avaient
pris sans combat Oricum et Apollonie et se trouvaient en
possession des biens de l'ennemi, comme il l'avait dit,
sans que Pompée fût encore au courant. « Si, ajoutait-il,
nous faisons assez vite pour prendre Dyrrachium, qui est
l'entrepôt des réserves de Pompée, nous aurons tout ce
qu'ils ont travaillé à entasser pendant un été entier. » À
ces mots, il leur fit sans tarder commencer la longue
marche sur Dyrrachium, sans s'arrêter ni jour ni nuit.
Mais Pompée, préalablement informé, se mit, de
Macédoine, en marche contre eux, lui aussi en toute
hâte, abattant les bois près desquels il passait, pour
rendre le passage difficile à César, coupant les ponts
des rivières et incendiant toutes les provisions qu'il
trouvait, tout en accordant, lui aussi, la plus grande
importance — qu'elle avait effectivement — à la
surveillance de ses propres réserves. Si les uns ou les
autres apercevaient de loin poussière, feu ou fumée, à la
pensée que cela venait des adversaires, ils rivalisaient
comme à la course, sans accorder un moment ni aux
repas ni au sommeil. On se pressait, on s'activait, au
milieu des cris des guides, à la lueur des torches ; le
trouble et la peur croissaient à l'idée que les ennemis ne
cessaient de se rapprocher. Sous le coup de la fatigue,
certains jetaient leur chargement, ou, cachés dans des
ravines, restaient en arrière, échangeant leur peur des
ennemis contre un repos immédiat.
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