Texte grec :
[1,35] 35. Ἐπὶ δὲ ἐκείνοις καὶ Λίβιος Δροῦσος δημαρχῶν, ἀνὴρ ἐπιφανέστατος
ἐκ γένους, δεηθεῖσι τοῖς Ἰταλιώταις νόμον αὖθις ἐσενεγκεῖν περὶ τῆς
πολιτείας ὑπέσχετο· τούτου γὰρ δὴ μάλιστα ἐπεθύμουν ὡς ἑνὶ τῷδε
αὐτίκα ἡγεμόνες ἀντὶ ὑπηκόων ἐσόμενοι. Ὁ δὲ τὸν δῆμον ἐς τοῦτο
προθεραπεύων ὑπήγετο ἀποικίαις πολλαῖς ἔς τε τὴν Ἰταλίαν καὶ
Σικελίαν ἐψηφισμέναις μὲν ἐκ πολλοῦ, γεγονυίαις δὲ οὔπω. Τήν τε
βουλὴν καὶ τοὺς ἱππέας, οἳ μάλιστα δὴ τότε ἀλλήλοις διὰ τὰ δικαστήρια
διεφέροντο, ἐπὶ κοινῷ νόμῳ συναγαγεῖν ἐπειρᾶτο, σαφῶς μὲν οὐ
δυνάμενος ἐς τὴν βουλὴν ἐπανενεγκεῖν τὰ δικαστήρια, τεχνάζων δ' ἐς
ἑκατέρους ὧδε. Τῶν βουλευτῶν διὰ τὰς στάσεις τότε ὄντων μόλις ἀμφὶ
τοὺς τριακοσίους, ἑτέρους τοσούσδε αὐτοῖς ἀπὸ τῶν ἱππέων εἰσηγεῖτο
ἀριστίνδην προσκαταλεγῆναι καὶ ἐκ τῶνδε πάντων ἐς τὸ μέλλον εἶναι τὰ
δικαστήρια· εὐθύνας τε ἐπ' αὐτῶν γίγνεσθαι δωροδοκίας προσέγραφεν,
ἐγκλήματος ἴσα δὴ καὶ ἀγνοουμένου διὰ τὸ ἔθος τῆς δωροδοκίας
ἀνέδην ἐπιπολαζούσης.
Ὁ μὲν δὴ τάδε πρὸς ἑκατέρους ἐπενόει, περιῆλθε δὲ ἐς τὸ ἐναντίον
αὐτῷ. Ἥ τε γὰρ βουλὴ χαλεπῶς ἔφερεν ἀθρόως αὑτῇ τοσούσδε
προσκαταλεγῆναι καὶ ἐξ ἱππέων ἐς τὸ μέγιστον ἀξίωμα μεταβῆναι, οὐκ
ἀδόκητον ἡγουμένη καὶ βουλευτὰς γενομένους κατὰ σφᾶς ἔτι
δυνατώτερον τοῖς προτέροις βουλευταῖς στασιάσειν· οἵ τε ἱππεῖς
ὑπώπτευον, ὅτι τῇδε τῇ θεραπείᾳ πρὸς τὸ μέλλον ἐς τὴν βουλὴν μόνην
τὰ δικαστήρια ἀπὸ τῶν ἱππέων περιφέροιτο, γευσάμενοί τε κερδῶν
μεγάλων καὶ ἐξουσίας οὐκ ἀλύπως τὴν ὑπόνοιαν ἔφερον. Τό τε πλῆθος
αὐτῶν ἐν ἀπορίᾳ σφᾶς ἐποίει καὶ ὑποψίᾳ πρὸς ἀλλήλους, τίνες
ἀξιώτεροι δοκοῦσιν ἐς τοὺς τριακοσίους καταλεγῆναι· καὶ τοῖς λοιποῖς
φθόνος ἐς τοὺς κρείττονας ἐσῄει· ὑπὲρ ἅπαντα δ' ἠγανάκτουν
ἀναφυομένου τοῦ τῆς δωροδοκίας ἐγκλήματος, ὃ τέως ἡγοῦντο
καρτερῶς ὑπὲρ αὑτῶν πρόρριζον ἐσβέσθαι.
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Traduction française :
[1,35] 35. Après eux le tribun Livius Drusus, un homme de haute naissance,
promit, à la demande pressante des Italiens, de proposer une nouvelle
loi pour leur donner la citoyenneté. Ils le souhaitaient tout
particulièrement parce que de cette façon ils deviendraient des
dirigeants et non plus des sujets. Afin de faire accepter à la plèbe cette
mesure il installa plusieurs colonies hors de l'Italie et en Sicile : il y
avait déjà eu vote pour ces colonies mais elles n'avaient jamais été
installées. Il tenta d'obtenir l'accord du sénat et de l'ordre équestre qui
étaient alors absolument opposés entre eux pour la possession des
jurys. Comme il ne pouvait rétablir les jurys aux sénateurs, voici
l'artifice qu'il eut pour les réconcilier. Comme les sénateurs avaient été
réduits à 300 à peine lors des guerres civiles, il proposa une loi qui
stipulait qu'un nombre égal de chevaliers, choisis selon leur mérite, y
serait ajouté et que les jurys seraient composés de l'ensemble. Il
ajouta une clause à cette loi : elle devrait s'occuper des affaires de
corruption (cette d'accusation était presque inconnue auparavant
puisque la coutume du pot-de-vin était la règle).
C'était la plan qu'il avait imaginé pour les sénateurs et les chevaliers.
Mais le résultat ne fut pas celui qu'il escomptait : les sénateurs
s'indignèrent qu'on ajoute en une seule fois un si grand nombre de
nouveaux membres et que des chevaliers accèdent à un rang le plus
élevé. Ils considéraient qu'ils formeraient probablement leur propre
parti dans le Sénat et combattraient les anciens sénateurs avec plus
de violence que jamais. De leur côté les chevaliers soupçonnaient que,
par ce tour de passe-passe, les Tribunaux passent de leur ordre au
sénat exclusivement. Il avaient pris le goût aux grandes fortunes et à la
puissance des tribunaux : ce soupçon les troubla. Alors la plupart
d'entre eux commença à se méfier les uns des autres et à se disputer
pour savoir qui serait plus digne d'occuper une des 300 places; et la
jalousie contre les meilleurs emplit le coeur des autres. Les chevaliers
étaient surtout irrités qu'on reprenne l'accusation corruption qu'ils
considéraient, en ce qui les concernait, comme déjà entièrement supprimée.
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