Texte grec :
[1,25] 25. Ἤδη δὲ τοῦ δήμου συνειλεγμένου καὶ Φουλβίου τι περὶ τούτων
ἀρχομένου λέγειν, ὁ Γράκχος ἀνέβαινεν ἐς τὸ Καπιτώλιον ὑπὸ τῶν
συνθεμένων δορυφορούμενος. Ἐνοχλούμενος δ' ὑπὸ τοῦ συνειδότος
ὡς ἐπὶ ἀλλοκότοις βουλεύμασι τὴν μὲν σύνοδον τῆς ἐκκλησίας
ἀπέκλινεν, ἐς δὲ τὴν στοὰν παρελθὼν διεβάδιζεν, ἐφεδρεύων τοῖς
ἐσομένοις. Καὶ αὐτὸν οὕτως ἔχοντα θορύβου κατιδὼν δημότης ἀνὴρ
Ἀντύλλος ἐν τῇ στοᾷ θύων, ἐμβαλὼν τὴν χεῖρα, εἴτε τι πυθόμενος ἢ
ὑποπτεύων ἢ ἄλλως ἐς τὸν λόγον ὑπαχθείς, ἠξίου φείσασθαι τῆς
πατρίδος. Ὁ δὲ μᾶλλόν τε θορυβηθεὶς καὶ δείσας ὡς κατάφωρος
ἐνέβλεψεν αὐτῷ δριμύ· καί τις τῶν παρόντων, οὔτε σημείου τινὸς
ἐπαρθέντος οὔτε προστάγματός πω γεγονότος, ἐκ μόνης τῆς ἐς τὸν
Ἀντύλλον Γράκχου δριμύτητος εἰκάσας ἤδη τὸν καιρὸν ἥκειν καὶ
χαριεῖσθαί τι τῷ Γράκχῳ δόξας πρῶτος ἀρξάμενος ἔργου, τὸ ἐγχειρίδιον
ἐπισπάσας διαχρῆται τὸν Ἀντύλλον. Βοῆς δὲ γενομένης καὶ σώματος
ὀφθέντος ἐν μέσῳ νεκροῦ πάντες ἐκ τοῦ ἱεροῦ κατεπήδων σὺν ὁμοίου
κακοῦ φόβῳ.
Γράκχος δ' ἐς τὴν ἀγορὰν παρελθὼν ἐβούλετο μὲν αὐτοῖς ἐκλογίσασθαι
περὶ τοῦ γεγονότος· οὐδενὸς δ' αὐτὸν οὐδ' ὑφισταμένου, ἀλλ' ὡς ἐναγῆ
πάντων ἐκτρεπομένων, ὁ μὲν Γράκχος καὶ ὁ Φλάκκος ἀπορούμενοι καὶ
τὸν καιρὸν ὧν ἐβουλεύοντο διὰ τὸ φθάσαι τὴν ἐγχείρησιν
ἀπολωλεκότες ἐς τὰς οἰκίας διέτρεχον, καὶ οἱ συνθέμενοι αὐτοῖς
συνῄεσαν ἐς αὐτάς, τὸ δ' ἄλλο πλῆθος ἐκ μέσων νυκτῶν ὡς ἐπὶ δή τινι
κακῷ τὴν ἀγορὰν προκατελάμβανον. Καὶ ὃς ἐπεδήμει τῶν ὑπάτων,
Ὀπίμιος, διέτασσε μέν τινας ἐνόπλους ἐς τὸ Καπιτώλιον ἅμα ἕῳ
συνιέναι καὶ τὴν βουλὴν διὰ κηρύκων συνεκάλει, αὐτὸς δ' ἐν μέσῳ
πάντων ἐν τῷ νεῲ τῶν Διοσκούρων ἐφήδρευε τοῖς ἐσομένοις.
|
|
Traduction française :
[1,25] 25. Les plébéiens y étaient déjà réunis, et Fulvius commençait à leur
adresser la parole, lorsque Gracchus arriva au Capitole, accompagné
de ses partisans en armes. Un des siens l'ayant engagé à ne pas
entrer comme pour seconder d'autres vues, il n'entra pas en effet dans
le lieu de l'assemblée, et il se mit à se promener sous le portique, en
attendant les événements.
Cependant un homme du peuple, nommé Attilius, qui faisait un
sacrifice dans ce lieu-là, voyant Gracchus dans un état de trouble et
d'agitation, le saisit de sa main, et, soit qu'il fût instruit de quelque
chose, soit qu'il n'eût que des soupçons, ou que tout autre motif le
portait à lui adresser la parole, il le supplia d'épargner la patrie.
Gracchus, dont ce mot augmenta le trouble, et dont la terreur s'empara
comme s'il eût été découvert, jeta sur Attilius un coup-d'oeil terrible, et
sur-le-champ, un des plébéiens qui en fut témoin, sans que d'ailleurs
aucun signal eût été fait, sans que nul ordre eût été donné, jugeant au
seul regard que Gracchus avait lancé sur Attilius que c'était le moment
d'agir, et se flattant peut-être de faire la cour à Gracchus, s'il était le
premier à engager l'action, dégaina, et étendit Attilius raide mort. Une
grande clameur s'étant élevée, et le cadavre d'Attilius frappant tous les
yeux, chacun se sauva du Capitole, dans la crainte de périr ainsi.
Gracchus courut au Forum ; il voulait rendre compte de ce qui s'était
passé ; mais personne ne resta pour l'entendre. Tout le monde
s'éloigna de lui comme d'un assassin. Fulvius et lui, ne sachant alors
quel parti prendre, après avoir manqué l'occasion de faire réussir leurs
projets, se retirèrent chacun dans sa maison, où ils furent
accompagnés par leurs adhérents. Le reste des plébéiens, dans
l'appréhension de quelque événement sinistre, se hâta, dès le milieu
de la nuit, de s'emparer du Forum. Le consul Opimius, qui n'avait pas
bougé de Rome, ordonna à quelques troupes d'occuper le Capitole,
dès le point du jour, et il fit convoquer le sénat officiellement. Il se
plaça, lui, entre le Forum et le Capitole dans le temple de César et
Pollux, pour agir selon les occurrences.
|
|