Texte grec :
[1,21] 21. Τὴν δὲ διαίρεσιν τῆς γῆς οἱ κεκτημένοι καὶ ὣς ἐπὶ προφάσεσι
ποικίλαις διέφερον ἐπὶ πλεῖστον. Καί τινες εἰσηγοῦντο τοὺς συμμάχους
ἅπαντας, οἳ δὴ περὶ τῆς γῆς μάλιστα ἀντέλεγον, εἰς τὴν Ῥωμαίων
πολιτείαν ἀναγράψαι, ὡς μείζονι χάριτι περὶ τῆς γῆς οὐ διοισομένους.
Καὶ ἐδέχοντο ἄσμενοι τοῦθ' οἱ Ἰταλιῶται, προτιθέντες τῶν χωρίων τὴν
πολιτείαν. Συνέπρασσέ τε αὐτοῖς ἐς τοῦτο μάλιστα πάντων Φούλβιος
Φλάκκος, ὑπατεύων ἅμα καὶ τὴν γῆν διανέμων. Ἡ βουλὴ δ' ἐχαλέπαινε,
τοὺς ὑπηκόους σφῶν ἰσοπολίτας εἰ ποιήσονται.
Καὶ τόδε μὲν τὸ ἐγχείρημα οὕτω διελύθη, καὶ ὁ δῆμος ἐν ἐλπίδι τέως τῆς
γῆς γενόμενος ἠθύμει· ὧδε δὲ αὐτοῖς ἔχουσιν ἀσπάσιος ἐκ τῶν τὴν γῆν
διαιρούντων ἐς δημαρχίαν ἐπιφαίνεται Γάιος Γράκχος, ὁ Γράκχου τοῦ
νομοθέτου νεώτερος ἀδελφός, ἐς πολὺ μὲν ἡσυχάσας ἐπὶ τῇ τοῦ
ἀδελφοῦ συμφορᾷ· πολλῶν δ' αὐτοῦ καταφρονούντων ἐν τῷ
βουλευτηρίῳ, παρήγγειλεν ἐς δημαρχίαν. Καὶ περιφανέστατα αἱρεθεὶς
εὐθὺς ἐπεβούλευε τῇ βουλῇ, σιτηρέσιον ἔμμηνον ὁρίσας ἑκάστῳ τῶν
δημοτῶν ἀπὸ τῶν κοινῶν χρημάτων, οὐ πρότερον εἰωθὸς διαδίδοσθαι.
Καὶ ὁ μὲν ὀξέως οὕτως ἑνὶ πολιτεύματι τὸν δῆμον ὑπηγάγετο,
συμπράξαντος αὐτῷ Φουλβίου Φλάκκου. Καὶ εὐθὺς ἐπὶ τῷδε καὶ ἐς τὸ
μέλλον ᾕρητο δημαρχεῖν· καὶ γάρ τις ἤδη νόμος κεκύρωτο, εἰ δήμαρχος
ἐνδέοι ταῖς παραγγελίαις, τὸν δῆμον ἐκ πάντων ἐπιλέγεσθαι.
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Traduction française :
[1,21] 21. Au milieu de ces circonstances, les possesseurs des terres, à la
faveur de divers prétextes, traînaient le plus qu'ils pouvaient en
longueur l'exécution de la loi. Quelques-uns d'entre eux proposèrent
d'accorder le droit de cité à tous les alliés, qui étaient leurs
plus ardents antagonistes au sujet de la loi agraire ; et cela, dans la
vue d'opérer une diversion, par la perspective d'un avantage plus
considérable. Cette proposition plaisait en effet aux alliés, qui
préféraient la prérogative en question à de petites propriétés foncières.
Elle était même puissamment appuyée par Fulvius Flaccus, qui était
en même temps consul et triumvir pour l'exécution de la loi agraire ;
mais le sénat trouva très mauvais qu'on voulût élever à son niveau
ceux qu'il regardait comme ses sujets. Cette proposition n'eut donc
point de suite ; et le peuple, qui jusqu'alors avait compté sur le partage
des terres, commençait à perdre toute espérance.
Pendant que le peuple se décourageait, Caius Gracchus, le plus jeune
frère de l'auteur de la loi agraire, l'un des triumvirs chargés de son
exécution, après s'être longtemps tenu à l'écart depuis la catastrophe
de son frère Tiberius, se mit sur les rangs pour le tribunat ; et quoique
les sénateurs parussent mépriser ses prétentions, il fut élu de la
manière la plus brillante. Aussitôt il se mit à tendre des pièges au
sénat. Il fit décréter que chaque plébéien de la classe des pauvres
recevrait, par mois, aux frais du trésor public, une mesure de froment,
genre de libéralité jusqu'alors sans exemple ; et cet acte de son
administration, dans lequel il fut secondé par Fulvius Flaccus, échauffa
en sa faveur l'affection du peuple : en conséquence, il fut élu tribun une
seconde fois ; car on avait déjà fait une loi portant que si l'un des
tribuns avait besoin d'être réélu pour accomplir ce qu'il avait promis
d'exécuter, dans l'intérêt des plébéiens, le peuple pourrait lui donner la
préférence sur tous les autres concurrents.
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