Texte grec :
[1,24] 24. Ὁ δὲ τοῦ δημοκοπήματος ἐκπεσὼν ἐς Λιβύην ἅμα Φουλβίῳ
Φλάκκῳ, κἀκείνῳ μεθ' ὑπατείαν διὰ τάδε δημαρχεῖν ἑλομένῳ,
διέπλευσεν, ἐψηφισμένης κατὰ δόξαν εὐκαρπίας ἐς Λιβύην ἀποικίας καὶ
τῶνδε αὐτῶν οἰκιστῶν ἐπίτηδες ἡἡρημένων, ἵνα μικρὸν ἀποδημούντων
ἀναπαύσαιτο ἡ βουλὴ τῆς δημοκοπίας. Οἱ δὲ τῇ ἀποικίᾳ τὴν πόλιν
διέγραφον, ἔνθα ποτὲ ἦν ἡ Καρχηδονίων, οὐδὲν φροντίσαντες, ὅτι
Σκιπίων αὐτήν, ὅτε κατέσκαπτεν, ἐπηράσατο ἐς ἀεὶ μηλόβοτον εἶναι.
Διέγραφον δ' ἐς ἑξακισχιλίους ἀντὶ ἐλαττόνων τῶν ὄντων ἐν τῷ νόμῳ,
ὡς καὶ τῷδε τὸν δῆμον ὑπαξόμενοι. Ἐπανελθόντες τε ἐς Ῥώμην
συνεκάλουν ἐξ ὅλης Ἰταλίας τοὺς ἑξακισχιλίους. Ἐπιστειλάντων δὲ τῶν
ἐν Λιβύῃ τὴν πόλιν ἔτι διαγραφόντων, ὅτι λύκοι τοὺς ὅρους Γράκχου τε
καὶ Φουλβίου διέρριψαν ἀνασπάσαντες, καὶ τῶν μάντεων τὴν ἀποικίαν
ἡγουμένων ἀπαίσιον, ἡ μὲν βουλὴ προέγραφεν ἐκκλησίαν, ἐν ᾗ τὸν
νόμον ἔμελλε τὸν περὶ τῆσδε τῆς ἀποικίας λύσειν· ὁ δὲ Γράκχος καὶ ὁ
Φούλβιος, ἐπεὶ καὶ τοῦδε ἐξέπιπτον, μεμηνόσιν ἐοικότες ἐψεῦσθαι τὴν
βουλὴν ἔφασκον περὶ τῶν λύκων. Οἵ τε θρασύτατοι τῶν δημοτῶν
αὐτοῖς συνελάμβανον, ἐγχειρίδια φέροντες ἐς τὸ Καπιτώλιον, οὗ περὶ
τῆς ἀποικίας ἐκκλησιάσειν ἔμελλον.
|
|
Traduction française :
[1,24] 24. Caius déchu de sa popularité s'embarqua pour la Libye avec
Fulvius Flaccus, qui, après son consulat, lui avait été donné à cet effet
pour collègue. La réputation de fertilité de cette contrée lui avait fait
assigner une colonie ; et on les avait chargés l'un et l'autre d'aller
organiser cet établissement, tout exprès pour les éloigner de Rome
pendant quelque temps, et afin que leur absence, apaisant la
fermentation populaire, le sénat eût quelque relâche. Gracchus et
Fulvius tracèrent l'enceinte de la ville destinée à la colonie sur le même
terrain où était autrefois Carthage. Ils n'eurent aucun égard à ce que
Scipion, lorsqu'il avait ruiné cette dernière cité, avait condamné son sol
à ne plus servir que de pâturage. Ils la disposèrent pour six mille
colons, au lieu du nombre inférieur réglé par la loi, afin de se concilier
le peuple d'autant. De retour à Rome, ils composèrent leur six mille
hommes de citoyens romains de toutes les parties de l'Italie.
Cependant les commissaires qui avaient été chargés dans la Libye de
continuer la circonscription de la ville, ayant donné pour nouvelle que
des loups avaient arraché et dispersé les bornes plantées par
Gracchus et par Fulvius, les augures consultés répondirent qu'une
colonie ne pouvait être fondée dans cette contrée. En conséquence, le
sénat convoqua une assemblée du peuple, pour y proposer une loi
tendant à abroger celle qui avait déterminé l'établissement de cette
colonie. Gracchus et Fulvius, que cet événement faisait déchoir de
leurs fonctions, semblables à des énergumènes, répandirent que ce
que le sénat avait annoncé du ravage des loups n'était qu'un
mensonge. Les plus audacieux des plébéiens se mirent de leur parti ;
et, armés de petits glaives, ils se rendirent dans le Capitole, où l'on
devait s'assembler pour prononcer sur le sort de la colonie.
|
|