Texte grec :
[1,14] III. 14. Θέρος δ' ἦν ἤδη καὶ προγραφαὶ δημάρχων ἐς τὸ μέλλον· καὶ οἱ
πλούσιοι τῆς χειροτονίας πλησιαζούσης ἔνδηλοι σαφῶς ἦσαν
ἐσπουδακότες ἐς τὴν ἀρχὴν τοῖς μάλιστα Γράκχῳ πολεμίοις. Ὁ δ' ἐγγὺς
τοῦ κακοῦ γιγνομένου δείσας, εἰ μὴ καὶ ἐς τὸ μέλλον ἔσοιτο δήμαρχος,
συνεκάλει τοὺς ἐκ τῶν ἀγρῶν ἐπὶ τὴν χειροτονίαν. Ἀσχολουμένων δ'
ἐκείνων ὡς ἐν θέρει, συνελαυνόμενος ὑπὸ τῆς προθεσμίας ὀλίγης ἐς
τὴν χειροτονίαν ἔτι οὔσης ἐπὶ τὸν ἐν τῷ ἄστει δῆμον κατέφευγε, καὶ
περιιὼν κατὰ μέρος ἑκάστων ἐδεῖτο δήμαρχον αὑτὸν ἐς τὸ μέλλον
ἑλέσθαι, κινδυνεύοντα δι' ἐκείνους. Γιγνομένης δὲ τῆς χειροτονίας δύο
μὲν ἔφθασαν αἱ πρῶται φυλαὶ Γράκχον ἀποφῆναι, τῶν δὲ πλουσίων
ἐνισταμένων οὐκ ἔννομον εἶναι δὶς ἐφεξῆς τὸν αὐτὸν ἄρχειν καὶ
Ῥουβρίου δημάρχου τοῦ προεστάναι τῆς ἐκκλησίας ἐκείνης διειληχότος
ἐνδοιάζοντος ἐπὶ τῷδε, Μούμμιος αὐτόν, ὁ ἐπὶ τῷ Ὀκταουίῳ δημαρχεῖν
ᾑρημένος, ἐκέλευεν ἑαυτῷ τὴν ἐκκλησίαν ἐπιτρέψαι. Καὶ ὁ μὲν
ἐπέτρεψεν, οἱ δὲ λοιποὶ δήμαρχοι περὶ τῆς ἐπιστασίας ἠξίουν
ἀνακληροῦσθαι· Ῥουβρίου γὰρ τοῦ λαχόντος ἐκστάντος αὖθις ἐς
ἅπαντας τὴν διακλήρωσιν περιιέναι. Ἔριδος δὲ καὶ ἐπὶ τῷδε πολλῆς
γενομένης ὁ Γράκχος ἐλταττούμενος τὴν μὲν χειροτονίαν ἐς τὴν
ἐπιοῦσαν ἡμέραν ἀνέθετο, πάντα δ' ἀπογνοὺς ἐμελανειμόνει τε ἔτι ὢν
ἔναρχος καὶ τὸ λοιπὸν τῆς ἡμέρας ἐν ἀγορᾶ τὸν υἱὸν ἐπάγων ἑκάστοις
συνίστη καὶ παρετίθετο ὡς αὐτὸς ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν αὐτίκα
ἀπολούμενος.
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Traduction française :
[1,14] 14. On était déjà en été, et les élections pour le tribunat étaient
prochaines. A mesure que l'époque de ces élections s'avançait, les
citoyens riches parurent avoir manifestement agi pour que les
suffrages fussent donnés de préférence à ceux qui se montreraient les
plus ardents ennemis de Gracchus.
Celui-ci, de son côté, à l'aspect du danger qui s'approchait, craignant
pour lui s'il n'était pas réélu tribun, fit inviter tous les citoyens des
champs à se rendre à Rome pour donner leurs voix ; mais ils n'en
eurent pas le temps, à cause des travaux de la saison. Pressé par le
court intervalle qui devait s'écouler de là au jour des comices,
Gracchus eut recours aux plébéiens de la ville ; il s'adressa à chacun
d'eux tour à tour, les suppliant de le nommer tribun à la prochaine
élection, afin de le mettre à couvert des périls auxquels il s'était exposé
pour eux. Le jour des comices étant arrivé, les deux premières tribus
donnèrent leurs suffrages à Gracchus. Les riches réclamèrent ; ils
prétendirent que les lois ne permettaient pas que le même citoyen fût
élu tribun deux fois de suite.
Cependant le tribun Rubrius, à qui la présidence de ces comices était
échue par le sort, ne savait quel parti prendre sur cette question.
Mummius, celui qui avait été nommé tribun en remplacement
d'Octavius, invita son collègue Rubrius à lui céder la présidence, et il le
fit. Les autres tribuns prétendirent que la présidence devait être réglée
par le sort, et que, puisque Rubrius, à qui elle était d'abord échue, la
quittait, le sort devait être de nouveau tiré entre tous. Une très vive
altercation s'étant élevée à ce sujet, et Gracchus voyant qu'il avait le
dessous, il renvoya l'élection au lendemain ; et n'ayant plus aucune
espérance, il prit les vêtements noirs, quoique encore tribun. Il
employa tout le reste de la journée à promener son fils dans le Forum,
à le présenter et à le recommander à tous ceux qu'ils rencontrait, comme
étant près lui-même de périr victime du ressentiment de ses ennemis.
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