Texte grec :
[1,117] 117. Μετὰ δὲ τοῦτο Σπαρτάκῳ μὲν ἔτι μᾶλλον πολλοὶ συνέθεον, καὶ
ἑπτὰ μυριάδες ἦσαν ἤδη στρατοῦ, καὶ ὅπλα ἐχάλκευε καὶ παρασκευὴν
συνέλεγεν, οἱ δ' ἐν ἄστει τοὺς ὑπάτους ἐξέπεμπον μετὰ δύο τελῶν. Καὶ
τούτων ὑπὸ μὲν θατέρου Κρίξος, ἡγούμενος τρισμυρίων ἀνδρῶν, περὶ
τὸ Γάργανον ὄρος ἡττᾶτο, καὶ δύο μέρη τοῦ στρατοῦ καὶ αὐτὸς
συναπώλετο αὐτοῖς· Σπάρτακον δὲ διὰ τῶν Ἀπεννίνων ὀρῶν ἐπὶ τὰ
Ἄλπεια καὶ ἐς Κελτοὺς ἀπὸ τῶν Ἀλπείων ἐπειγόμενον ὁ ἕτερος ὕπατος
προλαβὼν ἐκώλυε τῆς φυγῆς, καὶ ὁ ἕτερος ἐδίωκεν. Ὁ δ' ἐφ' ἑκάτερον
αὐτῶν ἐπιστρεφόμενος παρὰ μέρος ἐνίκα. Καὶ οἱ μὲν σὺν θορύβῳ τὸ
ἀπὸ τοῦδε ὑπεχώρουν, ὁ δὲ Σπάρτακος τριακοσίους Ῥωμαίων
αἰχμαλώτους ἐναγίσας Κρίξῳ, δυώδεκα μυριάσι πεζῶν ἐς Ῥώμην
ἠπείγετο, τὰ ἄχρηστα τῶν σκευῶν κατακαύσας καὶ τοὺς αἰχμαλώτους
πάντας ἀνελὼν καὶ ἐπισφάξας τὰ ὑποζύγια, ἵνα κοῦφος εἴη· αὐτομόλων
τε πολλῶν αὐτῷ προσιόντων οὐδένα προσίετο. Καὶ τῶν ὑπάτων αὐτὸν
αὖθις περὶ τὴν Πικηνίτιδα γῆν ὑποστάντων, μέγας ἀγὼν ἕτερος ὅδε
γίγνεται καὶ μεγάλη καὶ τότε ἧσσα Ῥωμαίων.
Ὁ δὲ τῆς μὲν ἐς Ῥώμην ὁδοῦ μετέγνω, ὡς οὔπω γεγονὼς ἀξιόμαχος
οὐδὲ τὸν στρατὸν ὅλον ἔχων στρατιωτικῶς ὡπλισμένον (οὐ γάρ τις
αὐτοῖς συνέπραττε πόλις, ἀλλὰ θεράποντες ἦσαν καὶ αὐτόμολοι καὶ
σύγκλυδες), τὰ δ' ὄρη τὰ περὶ Θουρίους καὶ τὴν πόλιν αὐτὴν κατέλαβε,
καὶ χρυσὸν μὲν ἢ ἄργυρον τοὺς ἐμπόρους ἐσφέρειν ἐκώλυε καὶ
κεκτῆσθαι τοὺς ἑαυτοῦ, μόνον δὲ σίδηρον καὶ χαλκὸν ὠνοῦντο πολλοῦ
καὶ τοὺς ἐσφέροντας οὐκ ἠδίκουν. Ὅθεν ἀθρόας ὕλης εὐπορήσαντες εὖ
παρεσκευάσαντο καὶ θαμινὰ ἐπὶ λεηλασίας ἐξῄεσαν. Ῥωμαίοις τε πάλιν
συνενεχθέντες ἐς χεῖρας ἐκράτουν καὶ τότε καὶ λείας πολλῆς γέμοντες
ἐπανῄεσαν.
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Traduction française :
[1,117] 117. Rome, de son côté, fit marcher les consuls avec deux légions.
L'un d'eux battit Crixus qui commandait trente mille hommes dans le
voisinage du mont Garganus. Ce chef des gladiateurs périt dans cette
action avec les deux tiers de son armée. Cependant Spartacus filait le
long des Apennins, vers les Alpes et la Gaule, lorsqu'un des consuls
arriva pour lui barrer le chemin, tandis que l'autre le pressait sur ses
arrières. Spartacus les attaqua tour à tour, les vainquit l'un après
l'autre, et, après cela, ils furent obligés tous les deux de faire leur
retraite en désordre. Spartacus immola aux mânes de Crixus trois
cents prisonniers romains ; et, avec son armée de vingt mille hommes
d'infanterie, il prit en diligence le chemin de Rome, après avoir mis le
feu à tout le bagage qui ne lui était point nécessaire, après avoir fait
passer au fil de l'épée tous ses prisonniers, et assommer toutes ses
bêtes de charge, afin d'aller plus rapidement. Beaucoup de déserteurs
se déclarèrent en sa faveur, et vinrent grossir son armée ; mais il ne
voulut plus admettre personne. Les consuls retournèrent à la charge
contre lui dans le pays des Picènes. Une grande bataille y fut donnée ;
mais les consuls furent vaincus encore une fois. Malgré ce succès,
Spartacus renonça à son premier projet de marcher contre Rome,
parce qu'il sentit qu'il n'était pas encore assez habile dans le métier de
la guerre, et que toutes ses troupes n'étaient point convenablement
armées, car nulle cité ne les secondait. Toutes ses forces consistaient
en esclaves, en déserteurs ou en aventuriers. Il s'empara des
montagnes qui avoisinent Thurium ; il prit la ville elle-même. Il défendit
aux marchands d'y rien apporter à vendre en matière d'or ou d'argent,
et aux siens de rien acheter en ce genre. Ils n'achetaient en effet que
du fer ou de l'airain, qu'ils payaient cher, et ils faisaient bon accueil à
ceux qui leur en apportaient. De sorte que, ayant des matières
premières en abondance, ils s'équipèrent correctement et ils faisaient
de côté et d'autre des incursions chez les peuples du voisinage. Ils en
vinrent encore une fois aux mains avec les légions romaines, qu'ils
vainquirent, et aux dépens desquelles ils firent, encore une fois, un
riche butin.
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