Texte grec :
[1,106] 106. Ὡς δ' ἐπὶ τὸ ἄστυ ἠνέχθη, ἐσεφέρετο μετὰ πομπῆς ἐνταῦθα δὴ
μάλιστα ὑπερόγκου. Στέφανοί τε γὰρ δισχιλίων πλείους ἀπὸ χρυσοῦ
κατὰ σπουδὴν γενόμενοι παρεφέροντο, δῶρα τῶν πόλεων καὶ τῶν ὑπ'
αὐτῷ στρατευσαμένων τελῶν καὶ καθ' ἕνα τῶν φίλων, ἄλλη τε τῶν ἐς
τῆν ταφὴν πεμφθέντων οὐ δυνατὴ φράσαι πολυτέλεια. Καὶ τὸ σῶμα δέει
τοῦ συνδραμόντος στρατοῦ παρέπεμπον ἱερέες τε ἅμα πάντες καὶ
ἱέρειαι, κατὰ σφᾶς αὐτῶν ἑκάτεροι, καὶ ἡ βουλὴ πᾶσα καὶ αἱ ἀρχαί, τὰ
σφέτερα σημεῖα ἐπικείμενοι. Κόσμῳ δ' ἄλλῳ τὸ τῶν καλουμένων
ἱππέων πλῆθος εἵπετο καὶ ὁ στρατὸς ἐν μέρει πᾶς, ὅσος ὑπεστράτευτο
αὐτῷ· συνέδραμον γὰρ σπουδῇ, τὸ ἔργον ἅπαντες ἐπειγόμενοι
καταλαβεῖν, σημεῖά τε φέροντες ἐπίχρυσα καὶ ὅπλα ἐπὶ σφίσι
περιάργυρα, οἷς ἔτι νῦν ἐς τὰς πομπὰς εἰώθασι χρῆσθαι. Σαλπιγκτῶν τε
ἄπειρον ἦν πλῆθος, παρὰ μέρος ὑγρότατα καὶ πένθιμα μελῳδούντων.
Βοῇ δ' ἐπευφήμουν ἥ τε βουλὴ πρώτη καὶ οἱ ἱππέες ἐν μέρει, εἶθ' ὁ
στρατός, εἶθ' ὁ δῆμος, οἱ μὲν τῷ ὄντι τὸν Σύλλαν ἐπιποθοῦντες, οἱ δὲ
δειμαίνοντες αὐτοῦ καὶ τότε τὸν στρατὸν καὶ τὸν νέκυν οὐχ ἧττον ἢ
περιόντος· ἔς τε γὰρ τὴν ὄψιν τῶν γιγνομένων ἀποβλέποντες καὶ ἐς τὴν
μνήμην ὧν ἔδρασεν ὁ ἀνήρ, ἐξεπλήττοντο καὶ ὡμολόγουν τοῖς ἐναντίοις
εὐτυχέστατον αὐτὸν ἐκείνοις γενέσθαι καὶ σφίσι καὶ τεθνεῶτα
φοβερώτατον. Ὡς δ' ἐπὶ τοῦ βήματος, ἔνθα δημηγοροῦσιν ἐν ἀγορᾷ,
προυτέθη, τοὺς μὲν ἐπιταφίους λόγους εἶπεν ὁ κράτιστος εἰπεῖν τῶν
τότε, ἐπεὶ Φαῦστος ὁ παῖς ὁ τοῦ Σύλλα νεώτατος ἦν ἔτι, τὸ δὲ λέχος
ὑποδύντες ἀπὸ τῆς βουλῆς ἄνδρες εὔρωστοι διεκόμιζον ἐς τὸ πεδίον τὸ
Ἄρειον, ἔνθα βασιλέες θάπτονται μόνοι· καὶ τὸ πῦρ οἵ τε ἱππέες καὶ ἡ
στρατιὰ περιέδραμον.
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Traduction française :
[1,106] 106. En arrivant à Rome, le cortège fut introduit avec encore plus de
magnificence. On y offrit l'étalage de plus de deux mille couronnes d'or
qu'on avait faites à la hâte, offrandes des villes, des légions qui avaient
combattu sous ses ordres, et de chacun de ses amis particuliers. Il est
impossible de décrire le luxe des présents qui furent envoyés à ses
funérailles. Par précaution contre la concentration des troupes
présentes, le corps de Sylla fut entouré de tous les prêtres et de toutes
les prêtresses, rangés par collèges. Le sénat entier y assista, ainsi que
tous les autres corps de magistrature avec leurs décorations
respectives. L'ordre entier des chevaliers suivait en costume, et, après
les chevaliers, venait l'armée en totalité, à son tour, telle qu'elle avait
été réunie sous son commandement ; car les militaires s'étaient rendus
de toutes parts avec empressement pour assister à cette cérémonie,
portant des enseignes d'or et couverts eux-mêmes d'armures d'argent,
telles que celles dont on est dans l'usage de se servir aujourd'hui
encore dans de pareilles solennités. Le nombre des trompettes, qui,
tour à tour, faisaient entendre leurs sons lugubres et larmoyants, était
infini. Le sénat proférait le premier diverses acclamations, qui,
répétées immédiatement par les chevaliers, l'étaient ensuite par
l'armée, et ensuite par le peuple, les uns regrettant Sylla réellement,
les autres craignant encore son armée et ses reliques mortelles,
comme s'il était encore vivant. Car, soit en contemplant le spectacle
que l'on avait alors sous les yeux, soit en rappelant à sa mémoire ce
que Sylla avait fait, on était saisi d'étonnement ; et ses partisans, ainsi
que ses adversaires, s'accordaient à dire qu'autant il avait fait de son
vivant le bonheur de ses amis, autant il en imposait aux autres, même
après sa mort. Lorsqu'il fut exposé devant la tribune aux harangues,
dans le Forum, celui des Romains qui se trouvait alors avoir la plus
haute réputation d'éloquence fut chargé d'y monter et de prononcer
son oraison funèbre, car Faustus, son fils, était trop jeune encore pour
cette fonction. Après cela, les plus robustes d'entre les sénateurs
s'emparèrent du corps de Sylla ; ils le portèrent jusqu'au Champ de
Mars, où les empereurs seuls sont inhumés. L'ordre des chevaliers et
l'armée défilèrent devant le bûcher. Ce fut ainsi que finit Sylla.
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