Texte grec :
[1,104] 104. Τοσοῦτον ἦν ἐν τῷδε τῷ ἀνδρὶ τόλμης καὶ τύχης· ὅν γέ φασιν
ἐπειπεῖν ἐν ἀγορᾷ, τὴν ἀρχὴν ἀποτιθέμενον, ὅτι καὶ λόγον, εἴ τις αἰτοίη,
τῶν γεγονότων ὑφέξει, καὶ τὰς ῥάβδους καθελόντα καὶ τοὺς πελέκεας
τὴν φρουρὰν ἀπὸ τοῦ σώματος ἀπώσασθαι καὶ μόνον μετὰ τῶν φίλων
ἐς πολὺ ἐν μέσῳ βαδίσαι θεωμένου τοῦ πλήθους καὶ καταπεπληγότος
αὐτὸν καὶ τότε. Ἀναχωροῦντα δ' ἐπὶ τὴν οἰκίαν μόλις ποτὲ μειράκιον
ἐπεμέμφετο καὶ οὐδενὸς αὐτὸ ἀπερύκοντος ἐθάρρησε καὶ
λοιδορούμενον αὐτῷ μέχρι τῆς οἰκίας ἐλθεῖν. Ὁ δὲ κατὰ τῶν μεγίστων
ἀνδρῶν τε καὶ πόλεων ἄκρος ὀργὴν γενόμενος εὐσταθῶς τὸ μειράκιον
ἤνεγκε καὶ τοσοῦτον ἐσιὼν ἐς τὴν οἰκίαν, εἴτε ἀπὸ ξυνέσεως εἴτε καὶ
τύχῃ καταμαντευόμενος τῶν ἐσομένων, ἀπεκρίνατο, ὅτι κωλύσει τὸ
μειράκιον τόδε ἕτερον ἄνδρα ἀρχὴν τοιάνδε ἔχοντα ἀποθέσθαι.
Καὶ Ῥωμαίοις μὲν οὕτω γενέσθαι συνηνέχθη μετ' ὀλίγον, Γαΐου
Καίσαρος τὴν ἀρχὴν οὐκέτι μεθέντος· ὁ δὲ Σύλλας μοι δοκεῖ, ἐς πάντα
σφοδρὸς ὁμοῦ καὶ δυνατὸς γενόμενος, ἐπιθυμῆσαι τύραννος ἐξ ἰδιώτου
γενέσθαι καὶ ἰδιώτης ἐκ τυράννου καὶ μετὰ τοῦτ' ἐπ' ἐρημίας ἀγροίκου
διαγενέσθαι. Διῆλθε γὰρ ἐς χωρία ἴδια ἐς Κύμην τῆς Ἰταλίας καὶ ἐνταῦθα
ἐπ' ἐρημίας θαλάσσῃ τε καὶ κυνηγεσίοις ἐχρῆτο, οὐ φυλασσόμενος ἄρα
τὸν κατὰ ἄστυ ἰδιώτην βίον οὐδ' ἀσθενὴς ὢν αὖθις ἐς ὅ τι ὁρμήσειεν· ᾧ
δυνατὴ μὲν ἔτι ἡ ἡλικία καὶ τὸ σῶμα εὔρωστον, ἀμφὶ δὲ τὴν Ἰταλίαν
δυώδεκα μυριάδες ἀνδρῶν ἦσαν ἔναγχος ὑπεστρατευμένων καὶ
δωρεὰς μεγάλας καὶ γῆν πολλὴν παρ' αὐτοῦ λαβόντων, ἕτοιμοι δ' οἱ
κατὰ τὸ ἄστυ μύριοι Κορνήλιοι καὶ ὁ ἄλλος αὐτοῦ στασιώτης λεώς,
εὔνους αὐτῷ καὶ φοβερὸς ὢν ἔτι τοῖς ἑτέροις καὶ τὸ σφέτερον ἀδεές, ὧν
τῷ Σύλλᾳ συνεπεπράχεσαν, ἐν τῷ Σύλλαν περιεῖναι τιθέμενοι· ἀλλά μοι
δοκεῖ κόρον τε πολέμων καὶ κόρον ἀρχῆς καὶ κόρον ἄστεος λαβὼν ἐπὶ
τέλει καὶ ἀγροικίας ἐρασθῆναι.
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Traduction française :
[1,104] 104. C'est à ce point qu'il porta l'audace et le bonheur. On dit qu'il se
rendit au Forum quand il déposa le pouvoir, et qu'il déclara qu'il était
prêt à rendre compte de ce qu'il avait fait, si l'on avait à cet égard
quelque chose à lui demander. Il déposa les haches et les faisceaux, il
licencia sa garde ; et, seul, avec ses amis, on le vit, pendant une
longue période, se promener en public, en présence de tous les
citoyens, qui tremblaient encore devant lui. Il n'y eut qu'un jeune
homme qui osa l'insulter un jour, comme il se retirait chez lui, et qui eut
l'audace de le poursuivre, sans que personne le retînt, jusque dans sa
maison, en le chargeant d'invectives. Mais Sylla, qui s'était abandonné
toute son irascibilité à l'égard des plus grands personnages et des
plus imposantes cités, supporta les outrages de ce jeune homme sans
s'émouvoir ; et, en rentrant chez lui, pronostiquant l'avenir, soit
sagacité, soit hasard, il se prit à dire que l'insolence de ce jeune
homme serait cause que les dictateurs qui lui succéderaient
n'abdiqueraient point. Les Romains ne tardèrent pas en effet à
éprouver la vérité de cette prédiction ; car Caius César, une fois investi
de la dictature, ne l'abdiqua pas. Au surplus, il paraît que Sylla, d'un
caractère véhément et capable en toutes choses, désira de s'élever de
la condition d'homme privé au pouvoir suprême, de descendre ensuite
du pouvoir suprême à la condition d'homme privé, et, après cela, de
couler ses jours dans une solitude champêtre. Il se retira, en effet,
dans les terres qu'il avait en Italie, du côté de Cumes. Dans cette
retraite, il passa son temps à la pêche ou à la chasse, non pas en
réalité pour échapper à la vie d'homme privé à Rome, ou parce qu'il
aurait perdu les moyens d'entreprendre quoi que ce fût : il était encore
dans un âge robuste, et les forces physiques ne l'avaient pas
abandonné ; dans les diverses régions de l'Italie étaient disséminés
cent vingt mille hommes qui avaient récemment combattu sous ses
ordres, et qui avaient reçu de lui beaucoup de largesses et de grandes
possessions ; à Rome, il avait ses dix mille Cornelii, sans compter
ceux des autres plébéiens, ses partisans, dévoués à ses intérêts, qui
en imposaient encore, et pour lesquels l'impunité de ce qu'ils avaient
fait pour sa cause tenait à sa conservation personnelle. Mon avis est
que, fatigué de la guerre, fatigué du pouvoir, et fatigué de Rome, il finit
par désirer la vie champêtre.
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