Texte grec :
[1,98] 98. Ὁ δὲ ἔργῳ βασιλεὺς ὢν ἢ τύραννος, οὐχ αἱρετός, ἀλλὰ δυνάμει καὶ
βίᾳ, δεόμενος δ' ἄρα καὶ τοῦ προσποιήματος αἱρετὸς εἶναι δοκεῖν, ὧδε
καὶ τόδε ἐμηχανήσατο. Ῥωμαίοις πάλαι κατ' ἀρετὴν ἦσαν οἱ βασιλέες·
καὶ ὁπότε τις αὐτῶν ἀποθάνοι, βουλευτὴς ἕτερος παρ' ἕτερον ἐπὶ πέντε
ἡμέρας ἦρχεν, ἕως τινὰ ἄλλον ὁ δῆμος δοκιμάσειε βασιλεύειν. Καὶ τόνδε
τὸν πενθήμερον ἄρχοντα ἰντέρρηγα ἐκάλουν· εἴη δ' ἂν ἐν τοσῷδε
βασιλεύς. Ἀρχαιρέσια δ' ὑπάτων οἱ λήγοντες τῆς ἀρχῆς ἀεὶ
προυτίθεσαν· καὶ εἴ ποτε κατὰ συντυχίαν ὕπατος οὐκ εἴη, ὅδε ὁ ἐν
τοσῷδε βασιλεὺς καὶ τότε ἐγίγνετο ἐς τὴν τῶν ὑπάτων χειροτονίαν.
Τούτου δὴ τοῦ ἔθους ἐπιβαίνων ὁ Σύλλας, ὑπάτων οὐκ ὄντων, ἐπεὶ καὶ
Κάρβων ἐν Σικελίᾳ καὶ Μάριος κατὰ Πραινεστὸν ἐτεθνήκεσαν, αὐτὸς
μέν που τῆς πόλεως ὑπεξῆλθε, τῇ δὲ βουλῇ προσέταξεν ἑλέσθαι τὸν
καλούμενον μεταξὺ βασιλέα.
Ἡ μὲν δὴ Οὐαλέριον Φλάκκον εἵλετο, ἐλπίσασα ὑπάτων προτεθήσεσθαι
χειροτονίαν· ὁ δὲ Σύλλας ἐπέστελλε τῷ Φλάκκῳ γνώμην ἐς τὸν δῆμον
ἐσενεγκεῖν, ὅτι χρήσιμον ἡγοῖτο Σύλλας ἐν τῷ παρόντι ἔσεσθαι τῇ πόλει
τὴν ἀρχήν, οὓς ἐκάλουν δικτάτορας, παυσάμενον ἔθος ἐκ τετρακοσίων
ἐτῶν· ὃν δὲ ἕλοιντο, ἐκέλευεν ἄρχειν οὐκ ἐς χρόνον ῥητόν, ἀλλὰ μέχρι
τὴν πόλιν καὶ τὴν Ἰταλίαν καὶ τὴν ἀρχὴν ὅλην στάσεσι καὶ πολέμοις
σεσαλευμένην στηρίσειεν. Ὁ μὲν δὴ νοῦς τὴν γνώμην ἐς αὐτὸν ἔφερε
τὸν Σύλλαν, καὶ οὐδ' ἀμφίβολον ἦν· ὁ δὲ Σύλλας οὐ κατασχὼν αὑτοῦ
καὶ τοῦτ' ἐν τέλει τῆς ἐπιστολῆς ἀνεκάλυπτεν, ὅτι οἱ δοκοίη μάλιστ' ἂν
αὐτὸς τῇ πόλει καὶ ἐν τῷδε γενέσθαι χρήσιμος.
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Traduction française :
[1,98] 98. Cependant Sylla, effectivement roi ou tyran, non pas par élection,
mais par force et par violence, sentit qu'il avait besoin de mettre les
apparences électives de son côté ; et voici ce qu'il imagina. C'était la
vertu qui donnait anciennement des rois aux Romains ; et lorsque le roi
régnant venait à mourir, les rênes de l'État passaient successivement,
de cinq en cinq jours, entre les mains d'un des membres du sénat,
jusqu'à ce que le peuple eût donné un successeur au roi défunt ; et
celui qui portait ainsi le sceptre pendant cinq jours, ils l'appelaient
interroi, car il était roi pendant cet intervalle. Ensuite, c'étaient toujours
les consuls dont la magistrature expirait qui présidaient aux comices
pour l'élection des nouveaux consuls ; et lorsque, par événement, il n'y
avait pas de consul, on nommait alors aussi un interroi pour tenir les
comices consulaires. En conséquence de cet usage, et de la
circonstance présente qu'il n'y avait point de consuls, puisque Carbon
avait péri en Sicile, et Marius à Préneste, Sylla, étant allé quelque part
hors de Rome, envoya ordre au sénat d'élire un interroi. Le sénat élut
Valérius Flaccus, espérant qu'il présiderait en effet les comices
consulaires. Mais Sylla adressa un messager à Flaccus, pour le
charger de dire au peuple que Sylla était d'avis et croyait utile que,
dans les circonstances présentes, on conférât à l'un de ceux que l'on
appelait dictateurs le gouvernement de la république, chose qu'on
n'avait point vue depuis quatre cents ans. Il ajoutait que celui qu'on
choisirait devrait exercer le pouvoir non pour un temps déterminé, mais
jusqu'à ce que Rome, l'Italie et tout l'empire romain auraient cessé
d'être agités par les séditions et les guerres et auraient repris une
assiette fixe. On sentit bien que cette suggestion faisait allusion à Sylla
lui-même. Il n'y avait pas le moindre doute, car Sylla, se mettant à
découvert sans nulle dissimulation, avait marqué à Flaccus, à la fin de
sa lettre, qu'il pensait être lui-même le plus apte à rendre service à la
république dans cette situation.
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