Texte grec :
[1,96] 96. Πολλὴ δὲ καὶ τῶν Ἰταλιωτῶν ἀναίρεσίς τε καὶ ἐξέλασις καὶ δήμευσις
ἦν, ὅσοι τι Κάρβωνος ἢ Νωρβανοῦ ἢ Μαρίου ἢ τῶν ὑπ' ἐκείνοις
στρατηγούντων ὑπήκουσαν. Κρίσεις τε ἦσαν ἐπὶ τούτοις ἀνὰ τὴν
Ἰταλίαν ὅλην πικραὶ καὶ ἐγκλήματα ποικίλα, στρατηγίας ἢ στρατείας ἢ
ἐσφορᾶς χρημάτων ἢ ἄλλης ὑπηρεσίας ἢ βουλεύσεως ὅλως κατὰ
Σύλλα. Ἐγκλήματα δ' ἦν καὶ ξενία καὶ φιλία καὶ δάνεισμα, λαβόντος ἢ
δόντος, ἤδη δέ τις καὶ προθυμίας ἢ μόνης συνοδίας ἡλίσκετο. Καὶ ταῦτ'
ἤκμαζε μάλιστα κατὰ τῶν πλουσίων. Ὡς δ' ἐξέλιπε τὰ καθ' ἕνα ἄνδρα
ἐγκλήματα, ἐπὶ τὰς πόλεις ὁ Σύλλας μετῄει καὶ ἐκόλαζε καὶ τάσδε, τῶν
μὲν ἀκροπόλεις κατασκάπτων ἢ τείχη καθαιρῶν ἢ κοινὰς ζημίας
ἐπιτιθεὶς ἢ εἰσφοραῖς ἐκτρύχων βαρυτάταις· ταῖς δὲ πλείοσι τοὺς ἑαυτῷ
στρατευσαμένους ἐπῴκιζεν ὡς ἕξων φρούρια κατὰ τῆς Ἰταλίας τήν τε
γῆν αὐτῶν καὶ τὰ οἰκήματα ἐς τούσδε μεταφέρων διεμέριζεν· ὃ καὶ
μάλιστ' αὐτοὺς εὔνους αὐτῷ καὶ τελευτήσαντι ἐποίησεν· ὡς γὰρ οὐχ
ἕξοντες αὐτὰ βεβαίως, εἰ μὴ πάντ' εἴη τὰ Σύλλα βέβαια, ὑπερηγωνίζοντο
αὐτοῦ και μεταστάντος.
Καὶ τάδε μὲν ἦν ἀμφὶ τὴν Ἰταλίαν, Κάρβωνα δ' ἐκ Λιβύης ἐς Σικελίαν
μετὰ πολλῶν ἐπιφανῶν καὶ ἀπ' αὐτῆς ἐς Κοσσύραν νῆσον
ὑποφεύγοντα πέμψας τινὰς ὁ Πομπήιος συνέλαβε. Καὶ τοὺς μὲν ἄλλους
τοῖς ἄγουσιν ἐκέλευσεν οὐδ' ἐς ὄψιν οἱ προσαχθέντας ἀνελεῖν,
Κάρβωνα δὲ παραστησάμενος αὑτοῦ τοῖς ποσὶ δεσμώτην τρὶς ὕπατον
ἐπεδημηγόρησε καὶ κατέκανε καὶ τὴν κεφαλὴν ἐς Σύλλαν ἔπεμψεν.
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Traduction française :
[1,96] 96. Ces mesures furent étendues sur les villes de l'Italie. On y
égorgea, on y bannit, on y dépouilla de leurs biens tous ceux qui
avaient agi sous les ordres de Carbon, de Norbanus, de Marius, et des
chefs qui leur étaient subordonnés. On jugea rigoureusement, d'un
bout de l'Italie à l'autre, ceux à qui on imputa les diverses actions qui
furent traitées de crime, comme d'avoir commandé quelque opération,
porté les armes, fourni des contributions, rendu tout autre service, ou
même de s'être montrés, par leurs sentiments, contraires au parti de
Sylla. Avoir donné ou reçu l'hospitalité, avoir eu des liaisons d'amitié,
avoir prêté ou emprunté de l'argent, devinrent des titres d'accusation.
On pouvait désormais être arrêté pour avoir témoigné de l'affection, ou
simplement pour avoir été compagnon de voyage. C'était
principalement contre les riches que ces fureurs étaient dirigées.
Lorsqu'elles cessèrent de frapper les individus, elles furent dirigées
contre les cités. Sylla étendit sur elles le fléau de sa vengeance. Ici, il
fit démolir les citadelles ; là, il fit raser les murailles. Tantôt il imposa
des amendes publiques, tantôt il exigea de très onéreuses
contributions. Dans la plupart, il établit, en guise de colons, ceux qui
avaient combattu pour sa cause, comme pour se ménager des points
d'appui par toute l'Italie. Il leur distribua les propriétés foncières et les
maisons des proscrits ; aussi lui restèrent-ils attachés même après sa
mort. Ils sentirent que la perpétuité de leur possession dépendait du
maintien de tout ce qui était l'ouvrage de Sylla ; et ce fut pour cette
raison qu'ils lui conservèrent leur dévouement même au-delà du
tombeau. Pendant que les choses se passaient ainsi en Italie, Pompée
s'empara, par ses émissaires, de la personne de Carbon, qui s'était
sauvé d'Afrique en Sicile, et de la Sicile dans l'île de Cossyra , avec
plusieurs citoyens de marque. D'après l'ordre qu'il en avait donné, tous
les compagnons de Carbon furent égorgés, sans qu'on les lui amenât.
Quant à Carbon, il le fit traîner à ses pieds, chargé de chaînes,
quoiqu'il eût été trois fois consul ; il prononça une harangue à son
propos, le fit égorger, et envoya sa tête à Sylla.
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