Texte grec :
[1,94] 94. Πραινέστιοι δὲ καὶ τάδε θεώμενοι καὶ τὸν Κάρβωνος στρατὸν
ἀπολωλέναι πάντα πυνθανόμενοι αὐτόν τε Νωρβανὸν ἤδη φυγεῖν ἐξ
Ἰταλίας καὶ τὴν ἄλλην Ἰταλίαν καὶ Ῥώμην ἐπ' αὐτῇ Σύλλαν ἐκτενῶς
κεχειρῶσθαι, τὴν πόλιν τῷ Λουκρητίῳ παρέδοσαν, Μαρίου καταδύντος
ἐς τάφρους ὑπονόμους καὶ μετὰ βραχὺ καὶ ἀνελόντος ἑαυτόν.
Λουκρήτιος μὲν δὴ Μαρίου τὴν κεφαλὴν ἐκτεμὼν ἔπεμπεν ἐς Σύλλαν·
καὶ αὐτὴν ὁ Σύλλας ἐν ἀγορᾷ μέσῃ πρὸ τῶν ἐμβόλων θέμενος
ἐπιγελάσαι λέγεται τῇ νεότητι τοῦ ὑπάτου καὶ εἰπεῖν· ἐρέτην δεῖ πρῶτα
γενέσθαι, πρὶν πηδαλίοις ἐπιχειρεῖν." Λουκρήτιος δ' ἐπεὶ Πραινεστὸν
εἷλε, τῶν ἀπὸ τῆς βουλῆς ἐνταῦθα Μαρίῳ στρατηγούντων τοὺς μὲν
αὐτίκα ἀνῄρει, τοὺς δ' ἐς φυλακὴν ἐσέβαλλεν· οὓς ὁ Σύλλας ἐπελθὼν
ἀνεῖλε. Καὶ τοὺς ἐν Πραινεστῷ προσέταξε χωρὶς ὅπλων προελθεῖν
ἅπαντας ἐς τὸ πεδίον καὶ προελθόντων τοὺς μὲν ἑαυτῷ τι χρησίμους
γενομένους, ὀλίγους πάμπαν, ἐξείλετο, τοὺς δὲ λοιποὺς ἐκέλευσεν ἐς
τρία ἀπ' ἀλλήλων διαστῆναι, Ῥωμαίους τε καὶ Σαυνίτας καὶ
Πραινεστίους· ἐπεὶ δὲ διέστησαν, τοῖς μὲν Ῥωμαίοις ἐπεκήρυξεν, ὅτι καὶ
οἵδε ἄξια θανάτου δεδράκασι, καὶ συγγνώμην ἔδωκεν ὅμως, τοὺς δὲ
ἑτέρους κατηκόντισεν ἅπαντας· γύναια δ' αὐτῶν καὶ παιδία μεθῆκεν
ἀπαθεῖς ἀπιέναι. Καὶ τὴν πόλιν διήρπαζε, πολυχρήματον ἐν τοῖς
μάλιστα τότε οὖσαν.
Ὧδε μὲν δὴ καὶ Πραινεστὸς ἑάλω, Νῶρβα δ', ἑτέρα πόλις, ἀντεῖχεν ἔτι
ἐγκρατῶς, ἔστε Αἰμιλίου Λεπίδου νυκτὸς ἐς αὐτὴν ἐκ προδοσίας
ἐσελθόντος διαγανακτήσαντες οἱ ἔνδον ἐπὶ τῇ προδοσίᾳ, οἱ μὲν ἑαυτοὺς
ἀνῄρουν, οἱ δ' ἀλλήλους ἑκόντες, οἱ δὲ καὶ βρόχοις συνεπλέκοντο· καὶ
τὰς θύρας ἐνέφραττον ἕτεροι καὶ ἐνεπίμπρασαν... Ἄνεμός τε πολὺς
ἐμπεσὼν ἐς τοσοῦτον αὐτὴν ἐδαπάνησεν, ὡς μηδὲν ἐκ τῆς πόλεως
λάφυρον γενέσθαι.
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Traduction française :
[1,94] 94. Les habitants de cette ville, instruits par ce spectacle que l'armée
de Carbon était entièrement exterminée, sachant d'ailleurs que Carbon
et Norbanus s'étaient enfuis d'Italie, et que Sylla était maître enfin de
l'Italie entière et de Rome même, ouvrirent leurs portes à Lucrétius,
tandis que Marius s'alla cacher dans un souterrain, où bientôt il se
donna lui-même la mort. Lucrétius fit couper la tête de Marius et
l'envoya à Sylla, qui la fit accrocher aux rostres, au milieu du Forum.
On dit qu'il tourna en ridicule la jeunesse de ce consul, et qu'il dit, à ce
sujet, « qu'il fallait avoir mis la main à la rame, avant que de la porter
au gouvernail ». Lucrétius, dès qu'il fut entré dans Préneste, fit
immédiatement mettre à mort une partie des membres du sénat qui
servaient là sous Marius, et fit emprisonner les autres. Sylla fit égorger
ceux-ci à son arrivée dans cette ville. Il ordonna ensuite que tous les
hommes qui étaient dans la ville se rendraient sans armes en plein
champ. Après qu'ils y furent tous rassemblés, il fit mettre de côté le
petit nombre de ceux qui avaient fait quelque chose pour son service.
Les autres, il les partagea en trois pelotons, savoir, celui des Romains,
celui des Samnites, celui des Prénestins. Cela fait, il déclara aux
Romains que, quoique par leur conduite ils eussent mérité la mort, il
voulait bien néanmoins leur faire grâce. Tous les autres, il les fit passer
au fil de l'épée ; mais il laissa aller impunément les femmes et les
enfants, et livra ensuite au pillage cette ville, une des plus riches qui
existaient alors. Tel fut le sac de Préneste. La ville de Norbe, elle,
continua de résister avec intrépidité, jusqu'à ce qu'Emilius Lépidus
parvînt à s'y introduire de nuit, à la faveur d'une trahison. Dans leur
indignation contre le succès de cette perfidie, on vit les citoyens de
cette ville, les uns s'égorger eux-mêmes, les autres s'entr'égorger
spontanément, ceux-ci se pendre, ceux-là se barricader dans leurs
maisons et y mettre le feu. Un vent véhément qui survint donna à
l'incendie un si grand développement, qu'il fut impossible d'arracher
aux flammes aucun butin.
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