Texte grec :
[1,93] 93. Δείσας οὖν ὁ Σύλλας περὶ τῇ πόλει τοὺς μὲν ἱππέας προύπεμψε
κατὰ σπουδὴν ἐνοχλεῖν αὐτοῖς ὁδεύουσιν, αὐτὸς δ' ἐπειχθεὶς ἀθρόῳ τῷ
στρατῷ παρὰ ταῖς Κολλίναις πύλαις περὶ μεσημβρίαν
ἐστρατοπέδευσεν, ἀμφὶ τὸ τῆς Ἀφροδίτης ἱερόν, ἤδη καὶ τῶν πολεμίων
περὶ τὴν πόλιν στρατοπεδευόντων. Μάχης δ' εὐθὺς αὐτοῖς περὶ δείλην
ἑσπέραν γενομένης τῷ μὲν δεξιῷ Σύλλας ἐκράτει, τὸ δὲ λαιὸν
ἡττώμενον ἐπὶ τὰς πύλας κατέφυγεν. Οἱ δὲ γέροντες, ὄντες ἐπὶ τῶν
τειχῶν, ὡς εἶδον αὐτοῖς συνεστρέχοντας τοὺς πολεμίους, τὰς πύλας
καθῆκαν ἀπὸ μηχανῆς· αἱ δ' ἐμπίπτουσαι πολλοὺς μὲν ἀπὸ τοῦ
στρατοῦ διέφθειραν, πολλοὺς δ' ἀπὸ τῆς βουλῆς, οἱ λοιποὶ δ' ὑπὸ
δέους καὶ ἀνάγκης ἀνέστρεφον ἐς τοὺς πολεμίους. Καὶ νυκτὸς ὅλης
ἀγωνισάμενοι πολὺ πλῆθος ἔκτειναν· ἔκτειναν δὲ καὶ τῶν στρατηγῶν
Τελεσῖνόν τε καὶ Ἀλβῖνον καὶ τὰ στρατόπεδα αὐτῶν ἔλαβον. Λαμπώνιός
τε ὁ Λευκανὸς καὶ Μάρκιος καὶ Καρρίνας ὅσοι τε ἄλλοι στρατηγοὶ τῆς
Καρβωνείου στάσεως αὐτοῖς συνῆσαν, διέφυγον. Καὶ θάνατος ἐκ τοῦδε
τοῦ ἔργου πέντε μυριάδων ἐδόκει γενέσθαι παρ' ἀμφοτέρων· τά τε
αἰχμάλωτα ὀκτακισχιλίων πλείω γενόμενα Σύλλας, ὅτι Σαυνῖται τὸ πλέον
ἦν, κατηκόντισε. Μετὰ δὲ μίαν ἡμέραν αὐτῷ καὶ Μάρκιος καὶ Καρρινας
ἁλόντες προσήγοντο· καὶ οὐδὲ τῶνδε φειδόμενος οἷα Ῥωμαίων ἔκτεινεν
ἄμφω καὶ τὰς κεφαλὰς ἐς Πραινεστὸν Λουκρητίῳ περὶ τὰ τείχη
περιενεγκεῖν ἔπεμψεν.
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Traduction française :
[1,93] 93. Sylla, craignant pour Rome, envoya sa cavalerie en toute hâte,
pour les empêcher d'aller plus avant. Il accourut lui-même avec une
nombreuse armée du côté de la porte Colline, et, vers le milieu du jour,
il forma son camp du côté du temple de Vénus, pendant que l'ennemi
avait planté le sien aux alentours de la ville. On ne tarda pas à en venir
aux mains. L'action s'engagea sur le soir. Sylla fut le plus fort sur la
droite ; mais ses troupes plièrent sur la gauche, et se sauvèrent en
gagnant les portes de Rome. Quand les vétérans, qui étaient sur les
murailles, virent que les ennemis se mêlaient aux leurs, ils fermèrent la
porte en lâchant la herse, qui, en tombant, écrasa beaucoup de
soldats, et aussi beaucoup de sénateurs. Mais le restant, par crainte et
par nécessité, fit face de nouveau à l'ennemi. Ils se battirent toute la
nuit, et lui firent perdre beaucoup de monde. Ils lui tuèrent, entre
autres, deux de ses chefs, Télésinus et Albinus, et s'emparèrent de
leurs camps. Lamponius, le Lucanien, Marcius, Carrinas, et tous les
autres chefs du parti de Carbon qui étaient avec eux, prirent la fuite. Il
resta sur le champ de bataille environ cinquante mille morts pour
l'ensemble des deux camps, et les vainqueurs firent plus de huit mille
prisonniers. Parce qu'ils étaient presque tous Samnites, Sylla les fit
passer au fil de l'épée. Le lendemain, on lui amena Marcius et
Carrinas, qui avaient été arrêtés ; et, quoiqu'ils fussent romains, il ne
les épargna pas. Il les fit égorger l'un et l'autre, et il envoya leurs têtes
à Lucrétius, avec ordre de les faire promener autour des murailles de Préneste.
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