Texte grec :
[1,90] 90. Ἐν δὲ τῷ πωλητίῳ πεδίῳ Πομπήιος καὶ Κράσσος, ἄμφω Σύλλα
στρατηγοί, κτείνουσι τῶν Καρβωνείων εἰς τρισχιλίους καὶ Καρρίναν τὸν
ἀντιστρατηγοῦντα σφίσιν ἐπολιόρκουν, ἔστε Κάρβων μὲν ἕτερον τῷ
Καρρίνᾳ στρατὸν ἔπεμψεν· ὁ δὲ Σύλλας αἰσθόμενος καὶ ἐφεδρεύσας
ἔκτεινεν αὐτῶν παροδ υόντων ἐς δισχιλίους, καὶ Καρρίνας δὲ νυκτός,
ὕδατός τε ὄντος ἐξ οὐρανοῦ πολλοῦ καὶ σκότους, αἰσθομένων μέν τι
τῶν περικαθημένων, διὰ δὲ τὸν ὄμβρον ἀμελούντων, διέφυγε. Καὶ
Κάρβων ἐς Πραινεστὸν Μαρίῳ τῷ συνάρχῳ Μάρκιον ἔπεμπεν, ὀκτὼ
τέλη στρατιᾶς ἄγοντα, πυνθανόμενος αὐτὸν ὑπὸ λιμοῦ κακοπαθεῖν· οἷς
ὁ Πομπήιος ἐξ ἐνέδρας ἐν στενῷ προσπεσὼν τρέπεταί τε καὶ πολλοὺς
διαφθείρας ἐς λόφον συνέκλεισε τοὺς λοιπούς. Ἐξ οὗ Μάρκιος μὲν οὐ
σβέσας τὸ πῦρ ἀπεδίδρασκεν, ὁ δὲ στρατὸς αὐτῷ τὴν αἰτίαν τῆς
ἐνέδρας προστιθεὶς ἐστασίασε χαλεπῶς, καὶ τέλος μὲν ὑπὸ τοῖς
σημείοις ὅλον ἄνευ παραγγέλματος ἐπανῆλθεν ἐς Ἀρίμινον, οἱ λοιποὶ δ'
ἐς τὰς πατρίδας κατὰ μέρη διελύθησαν, ὡς ἑπτὰ σπείρας τῷ στρατηγῷ
μόνας παραμεῖναι.
Καὶ Μάρκιος μὲν ὧδε πράξας κακῶς ἐς Κάρβωνα ἐπανῄει, Μᾶρκον δὲ
Λαμπώνιον ἐκ Λευκανίας καὶ Πόντιον Τελεσῖνον ἐκ τῆς Σαυνίτιδος καὶ
τὸν Καπυαῖον Γοῦτταν, μεθ' ἑπτὰ μυριάδων ἐπειγομένους Μάριον
ἐξελέσθαι τῆς πολιορκίας, ὁ Σύλλας ἐν τοῖς στενοῖς, ᾗ μόνῃ διαβατὸν
ἦν, ἀπέκλειε τῆς παρόδου. Καὶ ὁ Μάριος, ἀπογινώσκων ἤδη τὰς
ἔξωθεν ἐπικουρίας, φρούριον ἐν τῷ μεταιχμίῳ μεγάλῳ ὄντι ἤγειρεν, ἐς ὃ
καὶ μηχανὰς καὶ στρατιὰν συναγαγὼν ἐπεχείρει βιάσασθαι τὸν
Λουκρήτιον. Πολυημέρου δ' αὐτῷ καὶ ποικίλης τῆς πείρας γενομένης,
οὐδὲν ἀνύων ἐς Πραινεστὸν αὖθις συνεκλείετο.
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Traduction française :
[1,90] 90. Dans la plaine de Spolète, Pompée et Crassus, tous deux
lieutenants de Sylla, tuèrent environ trois mille hommes à Carbon et
assiégèrent Carrinas qui commandait les troupes face à eux. Carbon fit
marcher un corps de troupes pour le dégager. Mais Sylla, instruit de ce
mouvement, vint se jeter sur ce corps à la faveur d'une embuscade, et
tua pendant leur marche environ deux mille hommes de ce renfort.
Carrinas fut réduit à saisir l'occasion d'une nuit profonde et d'une
abondante pluie pour échapper à l'ennemi, qui eut connaissance de
son projet mais à qui le mauvais temps ôta l'envie de le contrarier.
D'un autre côté, Carbon, instruit que Marius était pressé dans Préneste
par la famine, envoya Marcius à son secours, à la tête de huit légions.
Pompée, qui s'était mis en embuscade dans un défilé, tomba sur cette
armée, la battit, tua beaucoup de monde, et cerna le reste sur une
éminence. Mais Marcius s'échappa, en se retirant sans avoir éteint ses
feux. Son armée lui imputa les effets de l'embuscade, comme une
faute de sa part. La sédition se mit grièvement de la partie, et une
légion entière, avec ses enseignes, prit sans son ordre le chemin
d'Ariminum. Les autres soldats se retirèrent à la débandade, chacun
dans sa patrie ; de manière qu'il ne resta auprès de Marcius que sept
cohortes. Après ces mauvais succès, Marcius retourna vers Carbon.
Marcius Lamponius, de la Lucanie, Pontius Télésinus, du pays des
Samnites, Gutta, de Capoue, s'étaient mis en marche avec soixante et
dix mille hommes, pour aller débloquer Préneste, où Marius était
enfermé. Mais Sylla, s'étant emparé du seul défilé par où cette armée
pouvait s'avancer vers la place, leur coupa le passage. Marius,
n'espérant plus qu'il pût lui venir du secours de dehors, construisit une
espèce de redoute dans le large espace qui était entre la place et les
assiégeants ; il y rassembla ses machines et ses forces, employant
toutes ses ressources pour s'ouvrir un passage au travers des lignes
de Lucrétius. Mais, après plusieurs jours d'efforts inutiles, il rentra dans
la place.
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