Texte grec :
[1,85] X. 85. Πρώτη μὲν ἀμφὶ Κανύσιον τοῖς ἀνθυπάτοις πρὸς Νωρβανὸν
ἐγίγνετο μάχη· καὶ θνῄσκουσι Νωρβανοῦ μὲν ἑξακισχίλιοι, τῶν δ' ἀμφὶ
τὸν Σύλλαν ἑβδομήκοντα, τραυματίαι δ' ἐγένοντο πολλοί· καὶ Νωρβανὸς
ἐς Καπύην ἀνέζευξε. Σύλλᾳ δὲ καὶ Μετέλλῳ περὶ τὸ Τεανὸν οὖσι
Λεύκιος Σκιπίων ἐπῄει μεθ' ἑτέρου στρατοῦ, πάνυ ἀθύμως ἔχοντος καὶ
ποθοῦντος εἰρήνην γενέσθαι· αἰσθόμενοι δ' οἱ περὶ τὸν Σύλλαν πρὸς
τὸν Σκιπίωνα περὶ συμβάσεων ἐπρέσβευον, οὐχ οὕτως ἐλπίζοντες ἢ
χρῄζοντες, ὡς στασιάσειν προσδοκῶντες αὐτοῦ τὸν στρατὸν ἀθύμως
ἔχοντα. Ὃ καὶ συνηνέχθη γενέσθαι. Σκιπίων μὲν γὰρ ὅμηρα τῆς
συνόδου λαβὼν ἐς τὸ πεδίον κατῄει, καὶ συνῄεσαν τρεῖς ἑκατέρωθεν,
ὅθεν οὐδὲ γνῶναι τὰ λεχθέντα συνέβη· ἐδόκει δ' ἀναθέμενος ὁ Σκιπίων
ἐς Νωρβανὸν τὸν σύναρχον περὶ τῶν λελεγμένων πέμψαι Σερτώριον
ἀπαγγελοῦντα, καὶ ὁ στρατὸς ὁ ἑκατέρων ἡσύχαζε, τὰς ἀποκρίσεις
ἀναμένοντες. Σερτωρίου δ' ἐν παρόδῳ Σύεσσαν, ἣ τὰ Σύλλεια ᾕρητο,
καταλαβόντος ὁ μὲν Σύλλας ᾐτιᾶτο πέμπων ἐς τὸν Σκιπίωνα, ὁ δέ, εἴτε
τῷ γενομένῳ συνεγνωκὼς εἴτε ἀποκρίσεως ἀπορῶν ὡς ἐπὶ ἀλλοκότῳ
δὴ τῷ Σερτωρίου ἔργῳ, τὰ ὅμηρα ἀπέπεμπε τῷ Σύλλᾳ. Καὶ αὐτίκα ὁ
στρατὸς αὐτοῦ, τῇ τε τῆς Συέσσης ἐν σπονδαῖς ἀλόγῳ καταλήψει καὶ τῇ
τῶν ὁμήρων οὐκ ἀπαιτουμένων ἀποπέμψει τοὺς ὑπάτους ἔχοντες ἐν
αἰτίαις, κρύφα τῷ Σύλλᾳ συνετίθεντο μεταθήσεσθαι πρὸς αὐτόν, εἰ
πελάσειε. Καὶ προσιόντος αὐτίκα πάντες ἀθρόως μετέστησαν, ὡς τὸν
ὕπατον Σκιπίωνα καὶ τὸν υἱὸν αὐτοῦ Λεύκιον μόνους ἐκ τοῦ στρατοῦ
παντὸς ἐν τῇ σκηνῇ διηπορημένους Σύλλαν καταλαβεῖν. Καί μοι δοκεῖ
τόδε οὐ στρατηγοῦ παθεῖν ὁ Σκιπίων, ἀγνοήσας ὅλου στρατοῦ τοσήνδε
συνθήκην.
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Traduction française :
[1,85] 85. La première bataille fut donnée auprès de Canuse, entre les
proconsuls d'une part, et Norbanus de l'autre. Norbanus perdit six mille
hommes, et Sylla n'en perdit que soixante et dix ; mais le nombre de
ses blessés fut considérable. Norbanus fit sa retraite sur Capoue.
Lucius Scipion marcha avec une autre armée contre Sylla et Métellus,
qui étaient dans les environs de Téanum. L'armée qu'il commandait
était tout à fait découragée et désirait que l'on fît la paix. Instruit de
cette disposition, Sylla envoya des députés à Scipion pour avoir l'air de
négocier, non qu'il espérât ou qu'il désirât de se rapprocher ; mais il
comptait que cette démarche jetterait la sédition dans l'armée du
consul, qui était encouragée, ce qui arriva. Scipion, ayant reçu des
otages pour cette rencontre, se rendit dans un lieu en plate campagne,
où l'on s'aboucha trois d'un côté et trois de l'autre ; mais rien de ce qui
fut dit à cette occasion ne transpira. Il paraît que Scipion demanda le
délai nécessaire pour communiquer le plan de conciliation proposé à
Norbanus, son collègue, auquel Sertorius fut envoyé à cet effet. En
attendant la réponse de Norbanus, les deux armées restèrent dans
l'inaction. Mais Sertorius s'étant, chemin faisant, emparé de Suesse,
qui avait embrassé le parti de Sylla, celui-ci députa vers Scipion pour
se plaindre de ce procédé. Mais, soit que le consul ne fût point
étranger à ce que Sertorius avait fait, soit qu'il ne sût quoi répondre à
Sylla sur cet acte absurde de Sertorius, il lui renvoya ses otages.
Incontinent l'armée qu'il avait sous ses ordres fit un crime aux consuls
d'avoir agi d'une manière inconsidérée en s'emparant de Suesse
pendant la trêve, ainsi que d'avoir renvoyé les otages sans qu'on les
leur eût réclamés ; et elle s'engagea clandestinement avec Sylla à
passer de son côté, s'il approchait. Il s'approcha en effet, et toute
l'armée du consul passa en entier dans le camp de Sylla ; si bien que
Scipion et Lucius, son fils, demeurés seuls de toute l'armée dans leur
tente, sans savoir quel parti prendre, furent faits prisonniers par Sylla :
chose inconcevable pour le chef d'une armée, que Scipion ait ignoré
les projets de défection d'une armée entière.
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