Texte grec :
[1,82] 82. Γάιός τε Νωρβανὸς καὶ Λεύκιος Σκιπίων, τὼ τότε ὄντε ὑπάτω, καὶ
μετ' αὐτῶν Κάρβων, ὃς πέρυσιν ἦρχεν, ἔχθρᾳ μὲν ἐς τὸν Σύλλαν ὁμοία
χρώμενοι, δέει δὲ καὶ συνειδότι ὧν ἔπραξαν πολὺ τῶν ἄλλων χείρονι, ἔκ
τε τῆς πόλεως στρατόν, ὅσον εὐπόρουν, κατέλεγον καὶ τὸν ἐκ τῆς
Ἰταλίας προσλαβόντες ἐπὶ τὸν Σύλλαν κατὰ μέρος ἐχώρουν, σπείραις ἐκ
πεντακοσίων ἀνδρῶν διακοσίαις τότε πρῶτον· ὕστερον γὰρ καὶ πλέοσι
τούτων. Ἡ γὰρ εὔνοια τῶν ἀνδρῶν ἐς τοὺς ὑπάτους παρὰ πολὺ ἐποίει,
ὡς τὸ μὲν ἔργον τὸ Σύλλα, χωροῦντος ἐπὶ τὴν πατρίδα, δόξαν ἔχον
πολεμίου, τὸ δὲ τῶν ὑπάτων, εἰ καὶ περὶ σφῶν ἔπραττον, πρόσχημα τῆς
πατρίδος. Τῶν τε ἁμαρτηθέντων αὑτοῖς οἱ πολλοὶ συνεγνωκότες καὶ τοῦ
φόβου μετέχειν ἡγούμενοι συνέπρασσον, εὖ τὸν Σύλλαν εἰδότες οὐ
κόλασιν ἢ διόρθωσιν ἢ φόβον ἐπὶ σφίσιν, ἀλλὰ λύμας καὶ θανάτους καὶ
δημεύσεις καὶ ἀναίρεσιν ὅλως ἀθρόαν ἐπινοοῦντα. Ὧν οὐκ
ἐψεύσθησαν τῆς δόξης. Ὅ τε γὰρ πόλεμος ἔφθειρε πάντας, ὧν γε καὶ
μύριοι καὶ δισμύριοι πολλάκις ἐν μάχῃ μιᾷ καὶ ἀμφὶ τὸ ἄστυ πέντε
μυριάδες ἀμφοῖν ἀπέθανον· καὶ ἐς τοὺς ὑπολοίπους ὁ Σύλλας οὐδὲν
δεινὸν καὶ καθ' ἕνα καὶ κατὰ πόλεις ἐξέλιπε δρῶν, μέχρι καὶ μόναρχον
ἑαυτὸν ἀπέφηνε τῆς Ῥωμαίων ἀρχῆς ὅλης, ἐφ' ὅσον ἔχρῃζέ τε καὶ
ἐβούλετο.
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Traduction française :
[1,82] 82. Caius Norbanus et Lucius Scipion, alors consuls, et, avec eux,
Carbon, qui l'était l'année précédente, unis par leur commune haine
contre Sylla et par une peur beaucoup plus forte que celle des autres,
car ils étaient conscients d'avoir commis des actes pires, levèrent dans
Rome une armée aussi nombreuse qu'il leur fût possible ; et, après
l'avoir réunie à celle que fournirent les villes alliées de l'Italie, ils
marchèrent contre Sylla en détachements séparés, ayant d'abord sous
leurs ordres deux cents cohortes de cinq cents hommes. Ils ne
tardèrent pas à en avoir un plus grand nombre ; car la bienveillance
des citoyens envers les consuls y faisait beaucoup. Sylla, en effet,
avait l'air d'un ennemi qui venait attaquer la patrie, au lieu que les
consuls semblaient ne défendre que cette patrie tandis qu'ils ne
défendaient que leur propre cause.
Ils avaient d'ailleurs pour auxiliaires beaucoup de ceux qui, ayant
coopéré avec eux aux maux précédents, croyaient en devoir comme
eux redouter les suites. Ils connaissaient assez bien Sylla pour savoir
qu'il ne se contenterait pas d'infliger quelques châtiments, de remettre
les choses dans l'état où il les avait laissées, d'en imposer à ses
antagonistes, mais qu'il lui faudrait des ruines, des morts, des
confiscations, une extermination massive et totale ; et cette opinion ne
les trompait pas. Car après toutes les calamités d'une guerre où, dans
une seule action, de dix mille hommes à vingt mille hommes restèrent
sur le champ de bataille, sans compter les cinquante mille qui périrent,
tant d'un côté que de l'autre, autour des murailles de Rome, il n'y eut
point d'horreurs auxquelles Sylla ne se livrât contre les individus qui
survécurent, et contre les villes, jusqu'à ce que, s'étant exclusivement
emparé de l'autorité suprême de l'Empire romain, il la garda aussi
longtemps qu'il voulut.
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