Texte grec :
[1,74] 74. Ἐπὶ δὲ τούτοις, ἐς ὑπόκρισιν ἀρχῆς ἐννόμου μετὰ τοσούσδε φόνους
ἀκρίτους, ὑπεβλήθησαν κατήγοροι τῷ τε ἱερεῖ τοῦ Διὸς Μερόλᾳ, κατ'
ὀργὴν ἄρα τῆς ἀρχῆς, ἣν Κίνναν οὐδὲν ἀδικῶν διεδέδεκτο, καὶ
Λουτατίῳ Κάτλῳ, τῷ Μαρίου περὶ τὰ Κιμβρικὰ συνάρχῳ, περισωθέντι
μὲν ἐκ Μαρίου πάλαι, ἀχαρίστῳ δ' ἐς αὐτὸν καὶ πικροτάτῳ περὶ τὴν
ἐξέλασιν γενομένῳ. Οὗτοι μὲν δὴ φυλλασσόμενοί τε ἀφανῶς καὶ τῆς
κυρίας ἡμέρας ἐπελθούσης ἐς τὴν δίκην ἀνακαλούμενοι ιτετράκις δὲ
ἐχρῆν κηρυττομένους ἐν ὡρισμένοις ὡρῶν διαστήμασιν ἁλῶναἰ,
Μερόλας μὲν τὰς φλέβας ἐνέτεμεν ἑαυτοῦ, καὶ πινάκιον αὐτῷ
παρακείμενον ἐδήλου, ὅτι κόπτων τὰς φλέβας τὸν πῖλον ἀποθοῖτο οοὐ
γὰρ ἦν θεμιτὸν ἱερέα περικείμενον τελευτᾶνν, Κάτλος δ' ἐν οἰκήματι
νεοχρίστῳ τε καὶ ἔτι ὑγρῷ καίων ἄνθρακας ἑκὼν ἀπεπνίγη. Καὶ οὗτοι
μὲν οὕτως ἀπέθανον, θεράποντες δ' ὅσοι κατὰ τὸ κήρυγμα πρὸς Κίνναν
ἐκδραμόντες ἐλεύθεροι γεγένηντο καὶ αὐτῷ Κίννᾳ τότε ἐστρατεύοντο,
ταῖς οἰκίαις ἐπέτρεχον καὶ διήρπαζον, ἀναιροῦντες ἅμα οἷς περιτύχοιεν·
οἱ δὲ αὐτῶν καὶ τοῖς σφετέροις δεσπόταις μάλιστα ἐπεχείρουν. Κίννας δ'
ἐπεὶ πολλάκις αὐτοῖς ἀπαγορεύων οὐκ ἔπειθε, Γαλατῶν στρατιὰν αὐτοῖς
ἔτι νυκτὸς ἀναπαυομένοις περιστήσας διέφθειρε πάντας.
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Traduction française :
[1,74] 74. Après tous ces meurtres impunis, on voulut avoir l'air de laisser
reprendre aux lois leur empire. Des accusateurs furent apostés contre
Mérula, le grand prêtre de Jupiter, à qui on en voulait, parce qu'il avait
remplacé Cinna, quoiqu'on n'eût d'ailleurs aucun reproche à lui faire,
de même que contre Lutatius Catulus, ancien collègue de Marius dans
la guerre contre les Cimbres, à qui Marius avait précédemment sauvé
la vie, et qui, dans ces dernières circonstances, oubliant ce que Marius
avait fait pour lui, s'était montré un des plus ardents provocateurs de
son exil. On les fit garder de près, sans qu'ils s'en doutassent. Le jour
où ils devaient être jugés étant arrivé, et la sommation de comparaître
ayant été proclamée (car, après quatre sommations réitérées à des
heures dont les intervalles étaient réglés, on pouvait user de
mainmise), Mérula s'ouvrit lui-même les veines, et son testament de
mort apprit qu'avant que de le faire il avait quitté son chapeau ; car il
était défendu par la loi de mourir dans ce sacerdoce avec le chapeau
sur la tête. Catulus fit allumer du charbon dans une chambre
nouvellement crépie et encore humide, et se laissa étouffer. C'est ainsi
que périrent Catulus et Mérula. D'un autre côté, tous les esclaves qui,
pour avoir répondu à la proclamation que Cinna avait fait faire autour
des murs de Rome, étaient devenus libres, et qui marchaient alors
sous ses enseignes, se jetaient dans les maisons, les pillaient,
égorgeant tous les malheureux qui leur tombaient sous la main. C'était
de préférence contre leurs anciens maîtres que certains d'entre eux
exerçaient ces brigandages. Cinna leur ayant plusieurs fois défendu de
récidiver, sans rien obtenir, les fit cerner, une nuit, et les fit égorger
jusqu'au dernier par un corps de Gaulois. Tel fut le juste châtiment que
ces esclaves reçurent de leur infidélité répétée envers leurs maîtres.
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