Texte grec :
[1,71] 71. Οἱ μὲν δὴ δεχομένων αὐτοὺς σὺν δέει πάντων ἐσῄεσαν ἐς τὴν
πόλιν, καὶ τὰ τῶν ἀντιπρᾶξαι σφίσι δοκούντων ἀκωλύτως πάντα
διηρπάζετο· Ὀκταουίῳ δὲ Κίννας μὲν καὶ Μάριος ὅρκους ἐπεπόμφεσαν,
καὶ θύται καὶ μάντεις οὐδὲν πείσεσθαι προύλεγον, οἱ δὲ φίλοι φυγεῖν
παρῄνουν. Ὁ δ' εἰπὼν οὔποτε προλείψειν τὴν πόλιν ὕπατος ὢν ἐς τὸ
Ἰάνουκλον, ἐκστὰς τοῦ μέσου, διῆλθε μετὰ τῶν ἐπιφανεστάτων καί τινος
ἔτι καὶ στρατοῦ ἐπί τε τοῦ θρόνου προυκάθητο, τὴν τῆς ἀρχῆς ἐσθῆτα
ἐπικείμενος, ῥάβδων καὶ πελέκεων ὡς ὑπάτῳ περικειμένων.
Ἐπιθέοντος δ' αὐτῷ μετά τινων ἱππέων Κηνσωρίνου καὶ πάλιν τῶν
φίλων αὐτὸν καὶ τῆς παρεστώσης στρατιᾶς φυγεῖν παρακαλούντων καὶ
τὸν ἵππον αὐτῷ προσαγαγόντων, οὐκ ἀνασχόμενος οὐδὲ ὑπαναστῆναι
τὴν σφαγὴν περιέμενεν. Ὁ δὲ Κηνσωρῖνος αὐτοῦ τὴν κεφαλὴν ἐκτεμὼν
ἐκόμισεν ἐς Κίνναν, καὶ ἐκρεμάσθη πρὸ τῶν ἐμβόλων ἐν ἀγορᾷ πρώτου
τοῦδε ὑπάτου. Μετὰ δ' αὐτὸν καὶ τῶν ἄλλων ἀναιρουμένων ἐκρήμναντο
αἱ κεφαλαί, καὶ οὐ διέλιπεν ἔτι καὶ τόδε τὸ μύσος, ἀρξάμενόν τε ἀπὸ
Ὀκταουίου καὶ ἐς τοὺς ἔπειτα ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ἀναιρουμένους περιιόν.
Ζητηταὶ δ' ἐπὶ τοὺς ἐχθροὺς αὐτίκα ἐξέθεον τούς τε ἀπὸ τῆς βουλῆς καὶ
τῶν καλουμένων ἱππέων, καὶ τῶν μὲν ἱππέων ἀναιρουμένων λόγος
οὐδεὶς ἔτι μετὰ τὴν ἀναίρεσιν ἐγίγνετο, αἱ δὲ τῶν βουλευτῶν κεφαλαὶ
πᾶσαι προυτίθεντο πρὸ τῶν ἐμβόλων. Αἰδώς τε θεῶν ἢ νέμεσις ἀνδρῶν
ἢ φθόνου φόβος οὐδεὶς ἔτι τοῖς γιγνομένοις ἐπῆν, ἀλλὰ ἐς ἔργα
ἀνήμερα καὶ ἐπὶ τοῖς ἔργοις ἐς ὄψεις ἐτρέποντο ἀθεμίστους, κτιννύντες
τε ἀνηλεῶς καὶ περιτέμνοντες αὐχένας ἀνδρῶν ἤδη τεθνεώτων καὶ
προτιθέντες τὰς συμφορὰς ἐς φόβον ἢ κατάπληξιν ἢ θέαν ἀθέμιστον.
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Traduction française :
[1,71] 71. Cela fait, Marius et Cinna entrèrent dans Rome au milieu d'une
terreur universelle. Ils laissèrent piller impunément les maisons de
ceux qui s'étaient ouvertement déclarés leurs ennemis. Ils avaient l'un
et l'autre promis sûreté à Octavius sur la foi du serment. Les devins et
les haruspices avaient prédit qu'il ne lui arriverait aucun mal ; mais ses
amis lui conseillaient de prendre la fuite. Octavius leur répondit qu'il
n'abandonnerait jamais Rome pendant qu'il serait consul. Néanmoins,
afin de se mettre un peu de côté, il prit le chemin du Janicule,
accompagné des plus illustres patriciens, escorté de quelques troupes
qui lui restaient, porté sur son siège consulaire, revêtu du costume de
sa magistrature, précédé de ses licteurs armés de haches et de
faisceaux, attributs du consul. Là-dessus on vit courir après lui
Censorinus, suivi d'un peloton de cavalerie. Ses amis, les soldats
même qui l'entouraient, le pressèrent de nouveau de se sauver en
fuyant, et ils lui présentèrent à cet effet un cheval. Il ne daigna pas
même se lever ; il attendit le coup de la mort. Censorinus, lui ayant fait
trancher la tête, la porta à Cinna, qui la fit accrocher aux rostres, dans
le Forum, ce qui était sans exemple envers un consul. Après Octavius,
furent décapités beaucoup d'autres, dont les têtes subirent le même
sort que la sienne, genre d'horreur qui se perpétua et qui, commencé
avec Octavius, se réitéra dans les séditions subséquentes, de la part
des vainqueurs contre les vaincus. Marius et Cinna firent faire
immédiatement des perquisitions contre leurs ennemis, soit sénateurs,
soit chevaliers. On ne faisait aucune attention à ceux qui appartenaient
à l'ordre des chevaliers après qu'on les avait égorgés ; mais tous ceux
qui étaient membres du sénat, leurs têtes étaient exposées aux
rostres. On ne redoutait plus ni la vengeance des dieux, ni la justice
des hommes. On s'abandonnait au meurtre sans aucune crainte. On
se livrait aux plus atroces attentats ; et, de ces attentats, on passait à
des horreurs plus atroces encore. On égorgeait sans nulle pitié. On
coupait les têtes des cadavres mêmes, et l'on en formait un spectacle
horrible, pour inspirer la terreur et l'effroi, ou pour assouvir les regards
de la fureur.
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