Texte grec :
[1,70] 70. Κίννας δ' ἤδη καταφρονητικῶς τῷ τειχει ἐπλησίαζε καὶ ἀποσχὼν
ὅσον βέλους ὁρμὴν ἐστρατοπέδευεν, ἀπορούντων ἔτι καὶ δεδιότων καὶ
ὀκνούντων ἐπιχειρεῖν αὐτῷ τῶν ἀμφὶ τὸν Ὀκτάουιον διὰ τὰς αὐτομολίας
τε καὶ διαπρεσβεύσεις. Ἡ δὲ βουλὴ πάνυ μὲν ἀποροῦσα καὶ δεινὸν
ἡγουμένη Λεύκιον Μερόλαν, τὸν ἱερέα τοῦ Διός, ὑπατεύοντα ἀντὶ τοῦ
Κίννα καὶ οὐδὲν ἐς τὴν ἀρχὴν ἁμαρτόντα ἀφελέσθαι, ἄκουσα δ' ὅμως
ὑπὸ τῶν συμφορῶν αὖθις ἐς τὸν Κίνναν τοὺς πρέσβεις ἔπεμπεν ὡς
πρὸς ὕπατον. Οὐδέν τε χρηστὸν ἔτι προσδοκῶντες τοῦτο μόνον ᾖτουν,
ἐπομόσαι σφίσι τὸν Κίνναν φόνον οὐκ ἐργάσεσθαι. Ὁ δὲ ὀμόσαι μὲν
οὐκ ἠξίωσεν, ὑπέσχετο δὲ καὶ ὧδε ἑκὼν οὐδενὶ σφαγῆς αἴτιος ἔσεσθαι.
Ὀκτάουιον δ' ἤδη περιοδεύσαντα καὶ κατ' ἄλλας πύλας ἐς τὴν πόλιν
ἐσελθόντα ἐκέλευεν ἐκστῆναι τοῦ μέσου, μή τι καὶ ἄκοντος αὑτοῦ πάθοι.
Ὁ μὲν δὴ ταῦτ' ἐπὶ βήματος ὑψηλοῦ, καθάπερ ὕπατος, τοῖς πρέσβεσιν
ἄνωθεν ἀπεκρίνατο· Μάριος δ' αὐτῷ παρεστὼς παρὰ τὸν θρόνον
ἡσύχαζε μέν, ἐδήλου δὲ τῇ δριμύτητι τοῦ προσώπου, πόσον ἐργάσεται
φόνον. Δεξαμένης δὲ ταῦτα τῆς βουλῆς καὶ καλούσης ἐσελθεῖν Κίνναν
τε καὶ Μάριον νᾖσθοντο γὰρ δὴ Μαρίου μὲν εἶναι τὰ ἔργα τάδε πάντα,
Κίνναν δ' αὐτοῖς ἐπιγράφεσθαἰ, σὺν εἰρωνείᾳ σφόδρα ὁ Μάριος
ἐπιμειδιῶν εἶπεν οὐκ εἶναι φυγάσιν εἰσόδους. Καὶ εὐθὺς οἱ δήμαρχοι τὴν
φυγὴν αὐτῷ τε καὶ ὅσοι ἄλλοι κατὰ Σύλλαν ὕπατον ἐξελήλαντο,
ἐψηφίσαντο λελύσθαι.
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Traduction française :
[1,70] 70. Alors Cinna s'approcha des murailles d'un air de mépris, et lorsqu'il
n'en fut qu'à la distance d'un trait de flèche, il forma son camp, pendant
que les troupes qui étaient sous les ordres d'Octavius flottaient entre
l'incertitude, la crainte, et la répugnance de rien entreprendre, après
avoir vu la défection des transfuges et les échanges de délégations.
Cependant le sénat était dans un très grand embarras. Il trouvait très
dur de dépouiller du consulat Lucius Mérula, le grand prêtre de Jupiter,
qui avait remplacé Cinna pour le consulat, et qui n'avait encouru aucun
reproche durant sa magistrature. Mais, épouvanté d'ailleurs par les
maux qui le menaçaient, il envoya une nouvelle députation à Cinna,
chargée de reconnaître son titre de consul ; et, sans s'attendre à
aucune condition avantageuse, il se contenta d'exiger de Cinna le
serment qu'il n'y aurait point de sang répandu. Cinna refusa le serment
qu'on lui demandait ; mais il promit seulement qu'il ne serait
volontairement la cause de la mort de personne. Il envoya ordre en
même temps à Octavius, qui avait fait un détour pour entrer dans la
ville par d'autres portes, de s'éloigner, de peur que, contre son
intention, quelque malheur ne lui arrivât. Telle fut la réponse que fit
Cinna aux députés du sénat, du haut d'une tribune élevée, à la
manière d'un consul ; mais Marius, qui était auprès de son siège, et qui
gardait un profond silence, laissait lire dans la férocité de son visage
qu'il ferait répandre beaucoup de sang. Le sénat, satisfait de la parole
de Cinna, lui ouvrit les portes de Rome, ainsi qu'à Marius (car on
sentait bien que tout ce qui se passait était l'oeuvre de ce dernier, et
que Cinna ne faisait que prêter son nom). Mais Marius, souriant avec
une très remarquable ironie, observa qu'il n'était pas permis à des
bannis d'entrer dans la ville ; et sur-le-champ les tribuns du peuple
révoquèrent la condamnation à l'exil prononcée contre lui, et contre
tous ceux qui avaient subi le même sort sous le consulat de Sylla.
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