Texte grec :
[1,65] 65. Κίννας δὲ θαρρήσας μὲν τῷ πλήθει τῶν νεοπολιτῶν καὶ βιάσεσθαι
προσδοκήσας, παρὰ δόξαν δ' ὁρῶν τὸ τόλμημα τῶν ὀλιγωτέρων
ἐπικρατοῦν, ἀνὰ τὴν πόλιν ἔθει τοὺς θεράποντας ἐπ' ἐλευθερίᾳ
συγκαλῶν. Οὐδενὸς δ' αὐτῷ προσιόντος ἐξέδραμεν ἐς τὰς ἀγχοῦ
πόλεις τὰς οὐ πρὸ πολλοῦ πολίτιδας Ῥωμαίων γενομένας, Τίβυρτόν τε
καὶ Πραινεστὸν καὶ ὅσαι μέχρι Νώλης, ἐρεθίζων ἅπαντας ἐς ἀπόστασιν
καὶ χρήματα ἐς τὸν πόλεμον συλλέγων. Ταῦτα δ' ἐργαζομένῳ τε καὶ
ἐπινοοῦντι τῷ Κίννᾳ προσέφυγον ἀπὸ τῆς βουλῆς οἳ τὰ αὐτὰ ἐφρόνουν,
Γάιός τε Μιλώνιος καὶ Κόιντος Σερτώριος καὶ Γάιος Μάριος ἕτερος.
Ἡ μὲν δὴ βουλὴ τὸν Κίνναν, ὡς ἐν κινδύνῳ τε τὴν πόλιν καταλιπόντα
ὕπατον καὶ δούλοις ἐλευθερίαν κηρύξαντα, ἐψηφίσατο μήτε ὕπατον
μήτε πολίτην ἔτι εἶναι καὶ Λεύκιον Μερόλαν ἐχειροτόνησαν ἀντ' αὐτοῦ,
τὸν ἱερέα τοῦ Διός. Λέγεται δ' οὗτος ὁ ἱερεὺς φλαμέντας καὶ πιλοφορεῖ
μόνος αἰεί, τῶν ἄλλων ἱερέων ἐν μόναις πιλοφορούντων ταῖς
ἱερουργίαις. Κίννας δ' ἐς Καπύην τραπόμενος, ἔνθα Ῥωμαίων στρατὸς
ἄλλος ἦν, τούς τε ἄρχοντας αὐτοῦ καὶ ὅσοι ἀπὸ τῆς βουλῆς ἐπεδήμουν,
ἐθεράπευε καὶ παρελθὼν ὡς ὕπατος ἐς μέσους τάς τε ῥάβδους
καθεῖλεν οἷα ἰδιώτης καὶ δακρύσας ἔφη· « Παρὰ μὲν ὑμῶν, ὦ πολῖται,
τὴν ἀρχὴν τήνδε ἔλαβον· ὁ γὰρ δῆμος ἐχειροτόνησεν· ἡ βουλὴ δ'
ἀφείλετό με χωρὶς ὑμῶν. Καὶ τάδε παθὼν ἐν οἰκείοις κακοῖς ὑπὲρ ὑμῶν
ὅμως ἀγανακτῶ· τί γὰρ ἔτι τὰς φυλὰς ἐν ταῖς χειροτονίαις θεραπεύομεν,
τί δὲ ὑμῶν δεόμεθα, ποῦ δὲ ἔσεσθε τῶν ἐκκλησιῶν ἢ χειροτονιῶν ἢ τῶν
ὑπατειῶν ἔτι κύριοι, εἰ μὴ βεβαιώσετε μέν, ἃ δίδοτε, ἀφαιρήσεσθε δ',
ὅταν αὐτοὶ δοκιμάσητε. »
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Traduction française :
[1,65] 65. Cependant Cinna, fort du nombre des nouveaux citoyens et
espérant d'avoir le dessus, ayant vu que, contre toute attente, le plus
petit nombre l'avait emporté à force d'audace, se répandit dans la ville,
appelant à lui les esclaves par l'appât de la liberté. Mais personne ne
répondit à son appel. Alors il sortit de Rome et parcourut les villes qui
en étaient voisines, et qui avaient été récemment admises au droit de
suffrage, telles que Tibur, Préneste, et toutes celles qui se trouvèrent
sur son chemin, jusqu'à Nole, les provoquant toutes à l'insurrection, et
se faisant fournir de l'argent pour faire la guerre. Tandis qu'il agissait
ainsi, et qu'il faisait ses dispositions, ceux des membres du sénat qui
abondaient dans son sens accoururent auprès de lui, savoir, Caius
Milonius, Quintus Sertorius, et un autre Caius Marius. De son côté, le
sénat sévit contre Cinna ; et, sous prétexte qu'étant consul il avait
déserté la ville au milieu du danger, et que, d'ailleurs, il avait provoqué
les esclaves à la liberté, il lui enleva, par un décret, et l'autorité
consulaire et le titre de citoyen. On le fit remplacer par Lucius Mérula,
grand prêtre de Jupiter ; ce prêtre est nommé flamine et il a seul le
privilège d'être continuellement couvert de son chapeau, tandis que les
autres prêtres ne peuvent le porter que pendant la durée des
cérémonies. Cinna se rendit à Capoue, où était une autre armée des
Romains. Il s'en concilia les chefs, ainsi que les membres du sénat qui
s'y trouvaient. Il parut au milieu d'eux, d'abord avec l'appareil
consulaire ; mais, ayant fait briser ses faisceaux en leur présence,
comme s'il n'était plus qu'un homme privé, il leur dit, les larmes aux
yeux : « C'était de vous, citoyens, que j'avais reçu cette magistrature,
car je la tenais de l'élection du peuple ; et le sénat vient de me l'enlever
sans votre concours. Mais quel que soit le traitement personnel que
j'éprouve, c'est encore plus celui qui vous intéresse qui est l'objet de
mon indignation. Car, quel besoin a-t-on désormais de se concilier les
tribus pour les élections ? Qu'a-t-on à faire de vos suffrages ? Quelle
influence aurez-vous encore dans les assemblées publiques, dans la
confection des lois, dans les élections des consuls, si vous ne pouvez
point maintenir votre ouvrage, et si l'on peut vous enlever ainsi les
magistrats que vous vous êtes donnés vous-mêmes ? »
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