Texte grec :
[1,64] VIII. 64. Ἐξαγγελθέντος δ' ἐς τὴν πόλιν τοῦ Πομπηίου φόνου, αὐτίκα
μὲν ὁ Σύλλας περιδεὴς ἐφ' ἑαυτῷ γενόμενος τοὺς φίλους περιήγετο
πανταχοῦ καὶ νυκτὸς ἀμφ' αὑτὸν εἶχεν, οὐ πολὺ δ' ἐπιμείνας ἐς Καπύην
ἐπὶ τὸν στρατὸν κἀκεῖθεν ἐς τὴν Ἀσίαν ἐξήλασεν. Οἱ δὲ τῶν φυγάδων
φίλοι Κίννᾳ, τῷ μετὰ Σύλλαν ὑπατεύοντι, θαρροῦντες τοὺς νεοπολίτας
ἠρέθιζον ἐς τὸ ἐνθύμημα τοῦ Μαρίου, ταῖς φυλαῖς πάσαις ἀξιοῦν
ἀναμιχθῆναι, ἵνα μὴ τελευταῖοι ψηφιζόμενοι πάντων ὦσιν ἄκυροι. Τοῦτο
δὴ προοίμιον τῆς αὐτοῦ τε Μαρίου καὶ τῶν ἀμφὶ τὸν ἄνδρα καθόδου.
Ἀνθισταμένων δὲ τῶν ἀρχαίων κατὰ κράτος, Κίννας μὲν τοῖς
νεοπολίταις συνέπραττε, νομιζόμενος ἐπὶ τῷδε τριακόσια δωροδοκῆσαι
τάλαντα, τοῖς δ' ἀρχαίοις ὁ ἕτερος ὕπατος Ὀκτάουιος. Καὶ οἱ μὲν ἀμφὶ
τὸν Κίνναν προλαβόντες τὴν ἀγορὰν μετὰ κεκρυμμένων ξιφιδίων ἐβόων
ἐς τὰς φυλὰς πάσας ἀναμιγῆναι· τὸ δὲ καθαρώτερον πλῆθος ἐς τὸν
Ὀκτάουιον ἐχώρει, καὶ οἵδε μετὰ ξιφιδίων.
Ἔτι δ' αὐτῷ κατὰ τὴν οἰκίαν τὸ μέλλον περιορωμένῳ ἐξαγγέλλεται τοὺς
πλέονας δημάρχους κωλύειν τὰ γιγνόμενα, θόρυβον δὲ τῶν νεοπολιτῶν
εἶναι καὶ ἀπογύμνωσιν ἤδη τῶν ξιφιδίων περὶ ὁδὸν ἐς τοὺς ἀντιλέγοντας
δημάρχους ἀναπηδώντων ἐπὶ τὰ ἔμβολα. Ὧν Ὀκτάουιος πυθόμενος
κατέβαινε διὰ τῆς Ἱερᾶς ὁδοῦ μετὰ πυκνοῦ πάνυ πλήθους καὶ οἷα
χειμάρρους ἐς τὴν ἀγορὰν ἐμπεσὼν ὤσατο μὲν διὰ μέσων τῶν
συνεστώτων καὶ διέστησεν αὐτούς· ὡς δὲ κατέπληξεν, ἐς τὸ τῶν
Διοσκούρων ἱερὸν παρῆλθε, τὸν Κίνναν ἐκτρεπόμενος. Ὅσοι δ' αὐτῷ
συνῆσαν, χωρὶς ἐπαγγέλματος ἐμπεσόντες τοῖς νεοπολίταις ἔκτεινάν τε
πολλοὺς καὶ ἑτέρους φεύγοντας ἐπὶ τὰς πύλας ἐδίωκον.
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Traduction française :
[1,64] 64. Aussitôt que l'on sut à Rome la fin tragique de Pompée, Sylla,
commençant à craindre pour lui, ne se montra plus nulle part
qu'escorté par ses amis. Il se fit garder par eux pendant la nuit, et,
sans tarder longtemps, il partit pour Capoue, alla se mettre à la tête de
son armée, et s'embarqua de là pour l'Asie. Les amis des bannis
reprirent courage sous le consulat de Cinna, qui succédait à Sylla. Ils
réchauffèrent le zèle des nouveaux citoyens pour les projets de
Marius, qui consistaient à les distribuer également dans toutes les
tribus, pour éviter qu'en votant les derniers, leur droit de suffrage ne fût
réduit à n'être en effet qu'une chimère. Tel fut le prélude du retour de
Marius lui-même et de ses compagnons d'infortune. Les citoyens des
anciennes tribus s'y opposaient de toutes leurs forces ; et tandis que
Cinna, gagné, à ce qu'on croit, moyennant trois cents talents, servait la
cause des premiers, les intérêts des autres étaient soutenus par
Octavius, l'autre consul. Les partisans de Cinna s'emparèrent les
premiers du Forum, ayant des glaives cachés, demandant à grands
cris d'être également répartis dans toutes les tribus. Les plus sains
d'entre les plébéiens se rendirent auprès d'Octavius, armés de glaives
comme les autres. Pendant qu'Octavius attendait les événements sans
bouger de sa maison, on vint lui annoncer que la plupart des tribuns se
prononçaient contre ses adversaires ; que les nouveaux citoyens
faisaient un grand tumulte ; qu'ils avaient déjà dégainé leurs glaives en
pleine rue et qu'ils allaient attaquer aux rostres les tribuns qui parlaient
contre la loi. Octavius, informé de tous ces détails, se mit en
mouvement lui-même. Il prit par la Voie Sacrée, accompagné d'une
multitude de citoyens extrêmement pressés l'un contre l'autre ; et, se
précipitant comme un torrent dans le Forum, il se fit jour au milieu de
ceux qui l'occupaient, et les sépara les uns des autres. Après avoir
ainsi créé la stupeur, il poussa jusque vers le temple de Castor et
Pollux, pour en chasser Cinna. Alors les partisans d'Octavius firent
main basse, sans ordre préalable, sur les nouveaux citoyens, en
tuèrent plusieurs, et poursuivirent les fuyards jusqu'aux portes de Rome.
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