HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APOLLONIOS de Rhodes, Argonautica, chant I

μοῖραν



Texte grec :

[1,650] ὅς ῥα τόθ' Ὑψιπύλην μειλίξατο δέχθαι ἰόντας
ἤματος ἀνομένοιο διὰ κνέφας: οὐδὲ μὲν ἠοῖ
πείσματα νηὸς ἔλυσαν ἐπὶ πνοιῇ βορέαο.
Λημνιάδες δὲ γυναῖκες ἀνὰ πτόλιν ἷζον ἰοῦσαι
εἰς ἀγορήν: αὐτὴ γὰρ ἐπέφραδεν Ὑψιπύλεια.
655 καί ῥ' ὅτε δὴ μάλα πᾶσαι ὁμιλαδὸν ἠγερέθοντο,
αὐτίκ' ἄρ' ἥγ' ἐνὶ τῇσιν ἐποτρύνουσ' ἀγόρευεν:
"Ὠ φιλαι, εἰ δ' ἄγε δὴ μενοεικέα δῶρα πόρωμεν
ἀνδράσιν, οἷά τ' ἔοικεν ἄγειν ἐπὶ νηὸς ἔχοντας,
ἤια, καὶ μέθυ λαρόν, ἵν' ἔμπεδον ἔκτοθι πύργων
660 μίμνοιεν, μηδ' ἄμμε κατὰ χρειὼ μεθέποντες
ἀτρεκέως γνώωσι, κακὴ δ' ἐπὶ πολλὸν ἵκηται
βάξις: ἐπεὶ μέγα ἔργον ἐρέξαμεν, οὐδέ τι πάμπαν
θυμηδὲς καὶ τοῖσι τόγ' ἔσσεται, εἴ κε δαεῖεν.
ἡμετέρη μὲν νῦν τοίη παρενήνοθε μῆτις:
665 ὑμέων δ' εἴ τις ἄρειον ἔπος μητίσεται ἄλλη,
ἐγρέσθω: τοῦ γάρ τε καὶ εἵνεκα δεῦρ' ἐκάλεσσα."
Ὧς ἄρ' ἔφη, καὶ θῶκον ἐφίζανε πατρὸς ἑοῖο
λάινον: αὐτὰρ ἔπειτα φίλη τροφὸς ὦρτο Πολυξώ,
γήραι δὴ ῥικνοῖσιν ἐπισκάζουσα πόδεσσιν,
670 βάκτρῳ ἐρειδομένη, περὶ δὲ μενέαιν' ἀγορεῦσαι.
τῇ καὶ παρθενικαὶ πίσυρες σχεδὸν ἑδριόωντο
ἀδμῆτες λευκῇσιν ἐπιχνοαούσῃ ἐθείραις.
στῆ δ' ἄρ' ἐνὶ μέσσῃ ἀγορῇ, ἀνὰ δ' ἔσχεθε δειρὴν
ἦκα μόλις κυφοῖο μεταφρένου, ὧδέ τ' ἔειπεν:
675 "Δῶρα μέν, ὡς αὐτῇ περ ἐφανδάνει Ὑψιπυλείῃ,
πέμπωμεν ξείνοισιν, ἐπεὶ καὶ ἄρειον ὀπάσσαι.
ὔμμι γε μὴν τίς μῆτις ἐπαύρεσθαι βιότοιο,
αἴ κεν ἐπιβρίσῃ Θρήιξ στρατός, ἠέ τις ἄλλος
δυσμενέων, ἅ τε πολλὰ μετ' ἀνθρώποισι πέλονται;
680 ὡς καὶ νῦν ὅδ' ὅμιλος ἀνωίστως ἐφικάνει.
εἰ δὲ τὸ μὲν μακάρων τις ἀποτρέποι, ἄλλα δ' ὀπίσσω
μυρία δηιοτῆτος ὑπέρτερα πήματα μίμνει,
εὖτ' ἂν δὴ γεραραὶ μὲν ἀποφθινύθωσι γυναῖκες,
κουρότεραι δ' ἄγονοι στυγερὸν ποτὶ γῆρας ἵκησθε.
685 πῶς τῆμος βώσεσθε δυσάμμοροι; ἦε βαθείαις
αὐτόματοι βόες ὔμμιν ἐνιζευχθέντες ἀρούραις
γειοτόμον νειοῖο διειρύσσουσιν ἄροτρον,
καὶ πρόκα τελλομένου ἔτεος στάχυν ἀμήσονται;
ἦ μὲν ἐγών, εἰ καί με τὰ νῦν ἔτι πεφρίκασιν
690 Κῆρες, ἐπερχόμενόν που ὀίομαι εἰς ἔτος ἤδη
γαῖαν ἐφέσσεσθαι, κτερέων ἀπὸ μοῖραν ἑλοῦσαν
αὔτως, ἣ θέμις ἐστί, πάρος κακότητα πελάσσαι.
ὁπλοτέρῃσι δὲ πάγχυ τάδε φράζεσθαι ἄνωγα.
νῦν γὰρ δὴ παρὰ ποσσὶν ἐπήβολός ἐστ' ἀλεωρή,
695 εἴ κεν ἐπιτρέψητε δόμους καὶ ληίδα πᾶσαν
ὑμετέρην ξείνοισι καὶ ἀγλαὸν ἄστυ μέλεσθαι."
Ὧς ἔφατ': ἐν δ' ἀγορὴ πλῆτο θρόου. εὔαδε γάρ σφιν
μῦθος. ἀτὰρ μετὰ τήνγε παρασχεδὸν αὖτις ἀνῶρτο
Ὑψιπύλη, καὶ τοῖον ὑποβλήδην ἔπος ηὔδα:

Traduction française :

[1,650] Hypsipyle, persuadée par ses discours,
permit aux Argonautes de passer sur le rivage de l'île la nuit qui s'approchait.
Cependant le vent du nord qui s'éleva le lendemain les empêcha de continuer leur
route. Hypsipyle assembla aussitôt les femmes de Lemnos et leur tint ce discours :
"Chères compagnes, envoyons promptement à ces étrangers les provisions et le
vin dont ils peuvent avoir besoin, afin que n'ayant rien à venir chercher dans
cette ville, ils ne puissent découvrir ce qu'il serait dangereux que la renommée
publiât. Il faut l'avouer, notre vengeance fut un coup hardi qui pourrait
déplaire même à ces inconnus. Voilà mon avis ; si quelqu'une de vous connaît un
meilleur expédient, qu'elle se lève. C'est pour vous consulter que je vous ai
rassemblées ici."
En achevant ces mots, Hypsipyle s'assit sur la pierre qui servait autrefois de
trône à son père. La vieille Polixo, sa fidèle nourrice, empressée de parler, se
lève aussitôt. Un bâton soutenait son corps chancelant. Auprès d'elle étaient
quatre jeunes filles encore vierges dont les blonds cheveux flottaient sur les
épaules. Polixo s'avança jusqu'au milieu de l'assemblée, et dressant avec peine
la tête sur son dos recourbé, elle parla ainsi :
"Suivons le conseil que propose elle-même Hypsipyle, et envoyons des prèsents à
ces étrangers, j'y consens, mais, dites-moi, que gagnerez-vous à les éloigner de
ces murs, et comment défendrez-vous seules votre vie si les Thraces ou quelque
autre ennemi viennent un jour fondre sur vous ? De telles invasions ne sont que
trop communes. Ces étrangers eux-mêmes ne sont-ils pas arrivés ici au moment où
nous y pensions le moins ? Supposons cependant qu'une divinité favorable
détourne de vous ce danger, d'autres malheurs, plus terribles mille fois que la
guerre, vous attendent. Lorsque la mort aura moissonné les plus vieilles d'entre
vous, et que les jeunes seront parvenues sans postérité à une triste vieillesse,
comment ferez-vous alors, malheureuses ! pour soutenir les restes d'une
misérable vie ? Vos taureaux, subissant volontairement le joug, traîneront-ils
d'eux-mêmes la charrue et moissonneront--ils vos champs ? Pour moi, quoique les
Parques m'aient épargnée jusqu'ici, je descendrai bientôt dans le sein de la
terre, et je recevrai les derniers honneurs avant de voir arriver cette
calamité. C'est à celles qui sont plus jeunes à y penser sérieusement. Vous
pouvez éviter aujourd'hui ce cruel avenir. Saisissez l'occasion et remettez
votre ville et vos biens entre les mains de ces étrangers." Toute l'assemblée
applaudit à ce discours. Hypsipyle se leva aussitôt :





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Dernière mise à jour : 25/05/2005