Texte grec :
[1,950] Αἰνήτη. τοὺς δ' οὔ τι καὶ ἔκπαγλοί περ ἐόντες
Γηγενέες σίνοντο, Ποσειδάωνος ἀρωγῇ:
τοῦ γὰρ ἔσαν τὰ πρῶτα Δολίονες ἐκγεγαῶτες.
ἔνθ' Ἀργὼ προύτυψεν ἐπειγομένη ἀνέμοισιν
Θρηικίοις, Καλὸς δὲ λιμὴν ὑπέδεκτο θέουσαν.
955 κεῖσε καὶ εὐναίης ὀλίγον λίθον ἐκλύσαντες
Τίφυος ἐννεσίῃσιν ὑπὸ κρήνῃ ἐλίποντο,
κρήνῃ ὑπ' Ἀρτακίῃ: ἕτερον δ' ἔλον, ὅστις ἀρήρει,
βριθύν: ἀτὰρ κεῖνόν γε θεοπροπίαις Ἑκάτοιο
Νηλεΐδαι μετόπισθεν Ἰάονες ἱδρύσαντο
960 ἱερόν, ἣ θέμις ἦεν, Ἰησονίης ἐν Ἀθήνης.
Τοὺς δ' ἄμυδις φιλότητι Δολίονες ἠδὲ καὶ αὐτὸς
Κύζικος ἀντήσαντες ὅτε στόλον ἠδὲ γενέθλην
ἔκλυον, οἵτινες εἶεν, ἐυξείνως ἀρέσαντο,
καί σφεας εἰρεσίῃ πέπιθον προτέρωσε κιόντας
965 ἄστεος ἐν λιμένι πρυμνήσια νηὸς ἀνάψαι,
ἔνθ' οἵγ' Ἐκβασίῳ βωμὸν θέσαν Ἀπόλλωνι
εἱσάμενοι παρὰ θῖνα, θυηπολίης τ' ἐμελοντο.
δῶκεν δ' αὐτὸς ἄναξ λαρὸν μέθυ δευουένοισιν
μῆλά θ' ὁμοῦ: δὴ γάρ οἱ ἔην φάτις, εὖτ' ἂν ἵκωνται
970 ἀνδρῶν ἡρώων θεῖος στόλος, αὐτίκα τόνγε
μείλιχον ἀντιάαν, μηδὲ πτολέμοιο μέλεσθαι.
ἶσόν που κἀκείνῳ ἐπισταχύεσκον ἴουλοι,
οὐδέ νύ πω παίδεσσιν ἀγαλλόμενος μεμόρητο:
ἀλλ' ἔτι οἱ κατὰ δώματ' ἀκήρατος ἦεν ἄκοιτις
975 ὠδίνων, Μέροπος Περκωσίου ἐκγεγαυῖα,
Κλείτη ἐυπλόκαμος, τὴν μὲν νέον ἐξέτι πατρὸς
θεσπεσίοις ἕδνοισιν ἀνήγαγεν ἀντιπέρηθεν.
ἀλλὰ καὶ ὧς θάλαμόν τε λιπὼν καὶ δέμνια νύμφης
τοῖς μέτα δαῖτ' ἀλέγυνε, βάλεν δ' ἀπὸ δείματα θυμοῦ.
980 ἀλλήλους δ' ἐρέεινον ἀμοιβαδίς: ἤτοι ὁ μέν σφεων
πεύθετο ναυτιλίης ἄνυσιν, Πελίαό τ' ἐφετμάς:
οἱ δὲ περικτιόνων πόλιας καὶ κόλπον ἅπαντα
εὐρείης πεύθοντο Προποντίδος: οὐ μὲν ἐπιπρὸ
ἠείδει καταλέξαι ἐελδομένοισι δαῆναι.
985 ἠοῖ δ' εἰσανέβαν μέγα Δίνδυμον, ὄφρα καὶ αὐτοὶ
θηήσαιντο πόρους κείνης ἁλός: ἐκ δ' ἄρα τοίγε
νῆα Χυτοῦ λιμένος προτέρω ἐξήλασαν ὅρμον:
ἥδε δ' Ἰησονίη πέφαται ὁδός, ἥνπερ ἔβησαν.
Γηγενέες δ' ἑτέρωθεν ἀπ' οὔρεος ἀίξαντες
990 φράξαν ἀπειρεσίοιο Χυτοῦ στόμα νειόθι πέτρῃς
πόντιον, οἷά τε θῆρα λοχώμενοι ἔνδον ἐόντα.
ἀλλὰ γὰρ αὖθι λέλειπτο σὺν ἀνδράσιν ὁπλοτέροισιν
Ἡρακλέης, ὃς δή σφι παλίντονον αἶψα τανύσσας
τόξον ἐπασσυτέρους πέλασε χθονί: τοὶ δὲ καὶ αὐτοὶ
995 πέτρας ἀμφιρρῶγας ἀερτάζοντες ἔβαλλον.
δὴ γάρ που κἀκεῖνα θεὰ τρέφεν αἰνὰ πέλωρα
Ἥρη, Ζηνὸς ἄκοιτις, ἀέθλιον Ἡρακλῆι.
σὺν δὲ καὶ ὧλλοι δῆθεν ὑπότροποι ἀντιόωντες,
πρίν περ ἀνελθέμεναι σκοπιήν, ἥπτοντο φόνοιο
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Traduction française :
[1,950] Ce fut près de leur demeure que le navire Argo, poussé par les vents de
Thrace, aborda dans un port que la nature elle-même avait formé. Les
Argonautes y détachèrent, par l'avis de Tiphys, la pierre qui leur servait
d'ancre et la laissèrent près de la fontaine Artacie pour en prendre une autre
plus pesante. Dans la suite, les Ioniens compagnons de Nélée, dociles à
l'oracle d'Apollon, consacrèrent cette ancre abandonnée dans le temple de
Minerve, protectrice de Jason.
Instruits de l'arrivée des Argonautes et de leur origine, les Dolions et Cyzique
lui-même allèrent au-devant d'eux, les reçurent avec joie et les invitèrent à
quitter le port dans lequel ils étaient mouillés pour gagner à la rame celui de
la ville, où ils pourraient prendre terre et amarrer leur vaisseau. Les
Argonautes, ayant suivi ce conseil, élevèrent sur le rivage un autel à Apollon,
protecteur des débarquements, et se préparèrent à lui offrir un sacrifice.
Cyzique, averti par un oracle d'aller au-devant de tous leurs désirs, leur
fournit le vin et les victimes dont ils avaient besoin. Ce prince, comme la
plupart des compagnons de Jason, était dans la fleur de la jeunesse et ne
pouvait encore se glorifier d'être père. Clité, son épouse, qu'il venait
d'obtenir par de riches prèsents, était fille de Mérops, originaire de
Percote. Les plaisirs qui l'attendaient auprès de cette jeune beauté ne purent
l'empêcher de passer la nuit avec les Argonautes et de prendre part à un repas
où l'on se fit mutuellement mille questions. Cyzique s'informait du but de leur
voyage et des ordres qu'ils avaient reçus de Pélias. Les Argonautes
l'interrogeaient à leur tour sur les villes et les peuples du voisinage. Il leur
nomma tous ceux qui habitaient les bords de la Propontide. Ses connaissances ne
s'étendaient point au-delà et il ne put satisfaire davantage leur curiosité. Au
lever de l'aurore, ils résolurent de monter sur le mont Dindyme pour reconnaître
eux-mêmes et contempler la route qu'ils allaient parcourir.
Cependant le vaisseau était toujours dans le port de Chytus, où ils l'avaient
fait entrer après avoir quitté leur premier mouillage. Tandis qu'ils suivaient
en gravissant un chemin qui fut depuis appelé le chemin de Jason, les géants,
par une autre route, descendirent avec impétuosité de la montagne et
entreprirent de combler avec d'énormes pierres l'entrée du port, espérant d'y
prendre le vaisseau comme on prend dans une fosse un animal féroce. Mais
Hercule, qui était heureusement resté avec quelques-uns des plus jeunes, ayant
bandé son arc, en renversa d'abord plusieurs sur le sable. Les autres,
saisissant aussitôt des quartiers de rocher, les lancèrent contre lui et
commencèrent un combat que l'implacable Junon réservait depuis longtemps pour
être un des travaux d'Hercule. D'un autre côté, les héros qui n'étaient pas
encore arrivés au sommet de la montagne, voyant le dessein des géants,
descendirent avec précipitation,
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