HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APOLLONIOS de Rhodes, Argonautica, chant I

τῶν



Texte grec :

[1,800] δήμου ἀπορνύμενοι λαοὶ πέρθεσκον ἐπαύλους
ἐκ νηῶν, αὐτῇσι δ' ἀπείρονα ληίδα κούραις
δεῦρ' ἄγον: οὐλομένης δὲ θεᾶς πορσύνετο μῆνις
Κύπριδος, ἥ τέ σφιν θυμοφθόρον ἔμβαλεν ἄτην.
δὴ γὰρ κουριδίας μὲν ἀπέστυγον, ἐκ δὲ μελάθρων,
805 ᾗ ματίῃ εἴξαντες, ἀπεσσεύοντο γυναῖκας:
αὐτὰρ ληιάδεσσι δορικτήταις παρίαυον,
σχέτλιοι. ἦ μὲν δηρὸν ἐτέτλαμεν, εἴ κέ ποτ' αὖτις
ὀψὲ μεταστρέψωσι νόον: τὸ δὲ διπλόον αἰεὶ
πῆμα κακὸν προύβαινεν. ἀτιμάζοντο δὲ τέκνα
810 γνήσι' ἐνὶ μεγάροις, σκοτίη δ' ἀνέτελλε γενέθλη.
αὔτως δ' ἀδμῆτές τε κόραι, χῆραί τ' ἐπὶ τῇσιν
μητέρες ἂμ πτολίεθρον ἀτημελέες ἀλάληντο.
οὐδὲ πατὴρ ὀλίγον περ ἑῆς ἀλέγιζε θυγατρός,
εἰ καὶ ἐν ὀφθαλμοῖσι δαιζομένην ὁρόῳτο
815 μητρυιῆς ὑπὸ χερσὶν ἀτασθάλου: οὐδ' ἀπὸ μητρὸς
λώβην, ὡς τὸ πάροιθεν, ἀεικέα παῖδες ἄμυνον:
οὐδὲ κασιγνήτοισι κασιγνήτη μελε θυμῷ.
ἀλλ' οἶαι κοῦραι ληίτιδες ἔν τε δόμοισιν
ἔν τε χοροῖς ἀγορῇ τε καὶ εἰλαπίνῃσι μέλοντο:
820 εἰσόκε τις θεὸς ἄμμιν ὑπέρβιον ἔμβαλε θάρσος,
ἂψ ἀναερχομένους Θρῃκῶν ἄπο μηκέτι πύργοις
δέχθαι, ἵν' ἢ φρονέοιεν ἅπερ θέμις, ἠέ πῃ ἄλλῃ
αὐταῖς ληιάδεσσιν ἀφορμηθέντες ἵκοιντο.
οἱ δ' ἄρα θεσσάμενοι παίδων γένος, ὅσσον ἔλειπτο
825 ἄρσεν ἀνὰ πτολίεθρον, ἔβαν πάλιν, ἔνθ' ἔτι νῦν περ
Θρηικίης ἄροσιν χιονώδεα ναιετάουσιν.
τῶ ὑμεῖς στρωφᾶσθ' ἐπιδήμιοι: εἰ δέ κεν αὖθι
ναιετάειν ἐθέλοις, καί τοι ἅδοι, ἦ τ' ἂν ἔπειτα
πατρὸς ἐμεῖο Θόαντος ἔχοις γέρας: οὐδέ τί σ' οἴω
830 γαῖαν ὀνόσσεσθαι: περὶ γὰρ βαθυλήιος ἄλλων
νήσων, Αἰγαίῃ ὅσαι εἰν ἁλὶ ναιετάουσιν.
ἀλλ' ἄγε νῦν ἐπὶ νῆα κιὼν ἑτάροισιν ἐνίσπες
μύθους ἡμετέρους, μηδ' ἔκτοθι μίμνε πόληος."
Ἴσκεν, ἀμαλδύνουσα φόνου τέλος, οἷον ἐτύχθη
835 ἀνδράσιν: αὐτὰρ ὁ τήνγε παραβλήδην προσέειπεν
"Ὑψιπύλη, μάλα κεν θυμηδέος ἀντιάσαιμεν
χρησμοσύνης, ἣν ἄμμι σέθεν χατέουσιν ὀπάζεις.
εἶμι δ' ὑπότροπος αὖτις ἀνὰ πτόλιν, εὖτ' ἂν ἕκαστα
ἐξείπω κατὰ κόσμον. ἀνακτορίη δὲ μελέσθω
840 σοίγ' αὐτῇ καὶ νῆσος: ἔγωγε μὲν οὐκ ἀθερίζων
χάζομαι, ἀλλά με λυγροὶ ἐπισπέρχουσιν ἄεθλοι."
Ἦ καὶ δεξιτερῆς χειρὸς θίγεν: αἶψα δ' ὀπίσσω
βῆ ῥ' ἴμεν, ἀμφὶ δὲ τόνγε νεήνιδες ἄλλοθεν ἄλλαι
μυρίαι εἱλίσσοντο κεχαρμέναι, ὄφρα πυλάων
845 ἐξέμολεν. μετέπειτα δ' ἐυτροχάλοισιν ἀμάξαις
ἀκτὴν εἰσαπέβαν, ξεινήια πολλὰ φέρουσαι,
μῦθον ὅτ' ἤδη πάντα διηνεκέως ἀγόρευσεν,
τόν ῥα καλεσσαμένη διεπέφραδεν Ὑψιπύλεια:
καὶ δ' αὐτοὺς ξεινοῦσθαι ἐπὶ σφέα δώματ' ἄγεσκον

Traduction française :

[1,800] ils s'embarquèrent plus d'une fois pour aller ravager la partie de la Thrace
la plus voisine de cette île. Ils en revenaient toujours chargés de butin et ramenant
avec eux toutes les jeunes filles qu'ils pouvaient enlever. C'était un piège que
Vénus leur tendait pour accomplir ses funestes desseins. Bientôt cette perfide
déesse les plongea dans un tel aveuglement qu'ils abandonnèrent leurs femmes
légitimes et les chassèrent même de chez eux pour se jeter entre les bras de
leurs captives. Les perfides ! en vain nous attendîmes longtemps que la raison
reprit sur eux son empire. Le mal allait toujours en augmentant. Une race infâme
commençait à croître, les enfants légitimes étaient méprisés. Des filles sans
époux, des mères veuves erraient honteusement dans la ville. Le père voyait avec
indifférence sa fille déchirée sous ses yeux par la main d'une injuste marâtre.
Les enfants ne vengeaient plus comme autrefois l'injure de leurs mères, et le
frère était insensible au sort de sa soeur. D'indignes captives étaient seules
honorées dans les maisons, dans les assemblées, dans les fêtes et dans les
festins. Un dieu nous inspira enfin un courage au-dessus de notre sexe. Un jour
qu'ils étaient allés faire une nouvelle incursion dans la Thrace, nous leur
fermâmes au retour les portes de la ville, afin de les forcer de reprendre à
notre égard des sentiments plus justes ou de s'aller établir ailleurs avec leurs
captives. Ils choisirent ce dernier parti, et ayant redemandé tous les mâles qui
étaient encore dans la ville, ils reprirent le chemin de la Thrace, où ils
habitent aujourd'hui. Ne craignez donc plus, ô étranger ! de vous mêler parmi
nous. Je dirai plus, si vous voulez fixer ici votre demeure, le sceptre de Thoas
vous attend. Vous régnerez sur une contrée qui ne peut manquer de vous plaire,
puisque notre île est la plus fertile de toutes celles que baigne la mer Égée.
Allez donc trouver vos compagnons, faites-leur part de mes offres et ne restez
pas plus longtemps hors de cet ville." Ainsi parlait la reine de Lemnos,
dissimulant avec adresse le massacre des Lemniens.
Jason lui répondit en ces termes : "Hypsipyle, nous recevons avec reconnaissance
les secours que vous nous offrez si généreusement. Je vais rendre compte de tout
à mes compagnons, et dans peu je serai de retour auprès de vous. Quant au
sceptre que vous m'offrez, qu'il reste entre vos mains : quelque prix qu'il
puisse avoir à mes yeux, le Destin m'entraîne loin de ces bords, je vole aux
combats qu'il m'a préparés." En achevant ces mots, il toucha la main de la
reine et partit aussitôt. Des jeunes filles sans nombre l'accompagnèrent
jusqu'aux portes de la ville en faisant éclater leur joie. Quelque temps après,
elles montèrent sur des chars qui renfermaient des prèsents de toute espèce et
arrivèrent au rivage lorsqu'il finissait de raconter à ses compagnons le
discours d'Hypsipyle. Elles engagèrent elles-mêmes les Argonautes à les suivre,
et ceux-ci se laissèrent facilement entraîner,





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Dernière mise à jour : 25/05/2005