HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APOLLONIOS de Rhodes, Argonautica, chant I

πηδάλι



Texte grec :

[1,250] ἄλλη δ' εἰς ἑτέρην ὀλοφύρετο δακρυχέουσα:
"Δειλὴ Ἀλκιμέδη, καὶ σοὶ κακὸν ὀψέ περ ἔμπης
ἤλυθεν, οὐδ' ἐτέλεσσας ἐπ' ἀγλαΐῃ βιότοιο.
Αἴσων αὖ μέγα δή τι δυσάμμορος. ἦ τέ οἱ ἦεν
βέλτερον, εἰ τὸ πάροιθεν ἐνὶ κτερέεσσιν ἐλυσθεὶς
255 νειόθι γαίης κεῖτο, κακῶν ἔτι νῆις ἀέθλων.
ὡς ὄφελεν καὶ Φρίξον, ὅτ' ὤλετο παρθένος Ἕλλη,
κῦμα μέλαν κριῷ ἅμ' ἐπικλύσαι: ἀλλὰ καὶ αὐδὴν
ἀνδρομέην προέηκε κακὸν τέρας, ὥς κεν ἀνίας
Ἀλκιμέδῃ μετόπισθε καὶ ἄλγεα μυρία θείη."
260 Αἱ μὲν ἄρ' ὧς ἀγόρευον ἐπὶ προμολῇσι κιόντων.
ἤδη δὲ δμῶές τε πολεῖς δμωαί τ' ἀγέροντο:
μήτηρ δ' ἀμφ' αὐτὸν βεβολημένη. ὀξὺ δ' ἑκάστην
δῦνεν ἄχος: σὺν δέ σφι πατὴρ ὀλοῷ ὑπὸ γήραι
ἐντυπὰς ἐν λεχέεσσι καλυψάμενος γοάασκεν.
265 αὐτὰρ ὁ τῶν μὲν ἔπειτα κατεπρήυνεν ἀνίας
θαρσύνων, δμώεσσι δ' ἀρήια τεύχε' ἀείρειν
πέφραδεν: οἱ δέ τε σῖγα κατηφέες ἠείροντο.
μήτηρ δ' ὡς τὰ πρῶτ' ἐπεχεύατο πήχεε παιδί,
ὧς ἔχετο κλαίουσ' ἀδινώτερον, ἠύτε κούρη
270 οἰόθεν ἀσπασίως πολιὴν τροφὸν ἀμφιπεσοῦσα
μύρεται, ᾗ οὐκ εἰσὶν ἔτ' ἄλλοι κηδεμονῆες,
ἀλλ' ὑπὸ μητρυιῇ βίοτον βαρὺν ἡγηλάζει:
καί ἑ νέον πολέεσσιν ὀνείδεσιν ἐστυφέλιξεν,
τῇ δέ τ' ὀδυρομένῃ δέδεται κέαρ ἔνδοθεν ἄτῃ,
275 οὐδ' ἔχει ἐκφλύξαι τόσσον γόον, ὅσσον ὀρεχθεῖ:
ὧς ἀδινὸν κλαίεσκεν ἑὸν παῖδ' ἀγκὰς ἔχουσα
Ἀλκιμέδη, καὶ τοῖον ἔπος φάτο κηδοσύνῃσιν:
"Αἴθ' ὄφελον κεῖν' ἦμαρ, ὅτ' ἐξειπόντος ἄκουσα
δειλὴ ἐγὼ Πελίαο κακὴν βασιλῆος ἐφετμήν,
280 αὐτίκ' ἀπὸ ψυχὴν μεθέμεν, κηδέων τε λαθέσθαι,
ὄφρ' αὐτός με τεῇσι φίλαις ταρχύσαο χερσίν,
τέκνον ἐμόν: τὸ γὰρ οἶον ἔην ἔτι λοιπὸν ἐέλδωρ
ἐκ σέθεν, ἄλλα δὲ πάντα πάλαι θρεπτήρια πέσσω.
νῦν γε μὲν ἡ τὸ πάροιθεν Ἀχαιιάδεσσιν ἀγητὴ
285 δμωὶς ὅπως κενεοῖσι λελείψομαι ἐν μεγάροισιν,
σεῖο πόθῳ μινύθουσα δυσάμμορος, ᾧ ἔπι πολλὴν
ἀγλαΐην καὶ κῦδος ἔχον πάρος, ᾧ ἔπι μούνῳ
μίτρην πρῶτον ἔλυσα καὶ ὕστατον. ἔξοχα γάρ μοι
Εἰλείθυια θεὰ πολέος ἐμέγηρε τόκοιο.
290 ᾤ μοι ἐμῆς ἄτης: τὸ μὲν οὐδ' ὅσον, οὐδ' ἐν ὀνείρῳ
ὠισάμην, εἰ Φρίξος ἐμοὶ κακὸν ἔσσετ' ἀλύξας."
Ὧς ἥγε στενάχουσα κινύρετο: ταὶ δὲ γυναῖκες
ἀμφίπολοι γοάασκον ἐπισταδόν: αὐτὰρ ὁ τήνγε
μειλιχίοις ἐπέεσσι παρηγορέων προσέειπεν:
295 "Μή μοι λευγαλέας ἐνιβάλλεο, μῆτερ, ἀνίας
ὧδε λίην, ἐπεὶ οὐ μὲν ἐρητύσεις κακότητος
δάκρυσιν, ἀλλ' ἔτι κεν καὶ ἐπ' ἄλγεσιν ἄλγος ἄροιο.
πήματα γάρ τ' ἀίδηλα θεοὶ θνητοῖσι fέμουσιν,
τῶν μοῖραν κατὰ θυμὸν ἀνιάζουσά περ ἔμπης

Traduction française :

[1,250] et s'adressant l'une à l'autre, elles se lamentaient en versant des larmes :
"Mère infortunée, pauvre Alcimède, le sort, qui t'avait épargnée si longtemps,
te fait aujourd'hui sentir ses rigueurs et tu n'as pu goûter le bonheur
jusqu'à la fin de tes jours ! Et toi, malheureux Eson,
ne vaudrait-il pas mieux que tu fusses déjà descendu dans le tombeau ! Plût aux
dieux que le flot qui fit périr Hellé eût aussi précipité Phrixus et son bélier
dans la mer ! Mais non, par un prodige effroyable, l'animal fit entendre une
voix humaine pour être cause un jour du malheur d'Alcimède.
Cependant la mère de Jason, environnée d'une troupe d'esclaves et de femmes
éplorées, tenait son fils serré dans ses bras ; tandis que Éson, accablé sous le
poids des ans et retenu dans son lit, s'enveloppait le visage et étouffait ses
sanglots. Le héros, après avoir tâché de les consoler, demande enfin ses armes.
Des esclaves consternés les lui prèsentent en gardant un morne silence. Alcimède
sent alors redoubler sa douleur et, tenant toujours son fils embrassé, elle
verse des torrents de pleurs. Telle une jeune fille qu'un sort cruel, après lui
avoir enlevé tous ses parents, a réduite à vivre sous l'empire d'une marâtre qui
lui fait tous les jours essuyer de nouveaux outrages, lorsqu'elle se trouve
seule avec sa fidèle nourrice, se jette entre ses bras, laisse éclater sa
douleur et donne un libre cours à ses larmes : "Malheureuse que je suis,
s'écriait Alcimède, plût aux dieux que j'eusse rendu le dernier soupir le jour
même où j'ai entendu Pélias prononcer cet ordre fatal ! Tu m'aurais toi-même
ensevelie de tes mains, ô mon cher fils ! C'est le seul devoir que j'avais
encore à attendre de toi, puisque j'ai déjà reçu, dans tout le reste, la
récompense des soins que m'a coûtés ton enfance. Mais maintenant, abandonnée
comme une esclave, moi dont toutes les femmes thessaliennes enviaient autrefois
le bonheur, je sécherai de douleur dans un palais désert, privée d'un fils qui
faisait toute ma gloire, pour qui seul j'ai délié ma ceinture et imploré le
secours de Lucine. Car la déesse, pour me rendre cette faveur plus chère, ne
voulut pas qu'elle fût suivie d'aucune autre. Cruelle destinée ! l'aurais-je pu
jamais penser, que la fuite de Phrixus serait la source de mon malheur! "
Tandis qu'Alcimède se plaignait ainsi d'une voix entrecoupée de sanglots, ses
femmes attendries, gémissaient autour d'elle : "Ma mère, lui répondit tendrement
Jason, cessez de me déchirer par cet excès de douleur. Vos larmes, au lieu de
remédier à mes maux, ne font que les irriter. Les dieux dispensent à leur gré
les malheurs aux faibles mortels. Supportez avec courage ceux qu'ils vous
envoient, quelque cruels qu'ils soient.





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Dernière mise à jour : 25/05/2005