HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APOLLONIOS de Rhodes, Argonautica, chant I

μοῖρα



Texte grec :

[1,450] ἦμος δ' ἠέλιος σταθερὸν παραμείβεται ἦμαρ,
αἱ δὲ νέον σκοπέλοισιν ὑποσκιόωνται ἄρουραι,
δειελινὸν κλίνοντος ὑπὸ ζόφον ἠελίοιο,
τῆμος ἄρ' ἤδη πάντες ἐπὶ ψαμάθοισι βαθεῖαν
φυλλάδα χευάμενοι πολιοῦ πρόπαρ αἰγιαλοῖο
455 κέκλινθ' ἑξείης: παρὰ δέ σφισι μυρί' ἔκειτο
εἴδατα, καὶ μέθυ λαρόν, ἀφυσσαμένων προχόῃσιν
οἰνοχόων: μετέπειτα δ' ἀμοιβαδὶς ἀλλήλοισιν
μυθεῦνθ', οἷά τε πολλὰ νέοι παρὰ δαιτὶ καὶ οἴνῳ
τερπνῶς ἑψιόωνται, ὅτ' ἄατος ὕβρις ἀπείη.
460 ἔνθ' αὖτ' Αἰσονίδης μὲν ἀμήχανος εἰν ἑοῖ αὐτῷ
πορφύρεσκεν ἕκαστα κατηφιόωντι ἐοικώς.
τὸν δ' ἄρ' ὑποφρασθεὶς μεγάλῃ ὀπὶ νείκεσεν Ἴδας:
"Αἰσονίδη, τίνα τήνδε μετὰ φρεσὶ μῆτιν ἑλίσσεις;
αὔδα ἐνὶ μέσσοισι τεὸν νόον. ἦέ σε δαμνᾷ
465 τάρβος ἐπιπλόμενον, τό τ' ἀνάλκιδας ἄνδρας ἀτύζει;
ἴστω νῦν δόρυ θοῦρον, ὅτῳ περιώσιον ἄλλων
κῦδος ἐνὶ πτολέμοισιν ἀείρομαι, οὐδέ μ' ὀφέλλει
Ζεὺς τόσον, ὁσσάτιόν περ ἐμὸν δόρυ, μή νύ τι πῆμα
λοίγιον ἔσσεσθαι, μηδ' ἀκράαντον ἄεθλον
470 Ἴδεω ἑσπομένοιο, καὶ εἰ θεὸς ἀντιόῳτο.
τοῖόν μ' Ἀρήνηθεν ἀοσσητῆρα κομίζεις."
Ἠ, καὶ ἐπισχόμενος πλεῖον δέπας ἀμφοτέρῃσιν
πῖνε χαλίκρητον λαρὸν μέθυ: δεύετο δ' οἴνῳ
χείλεα, κυάνεαί τε γενειάδες: οἱ δ' ὁμάδησαν
475 πάντες ὁμῶς, Ἴδμων δὲ καὶ ἀμφαδίην ἀγόρευσεν:
"Δαιμόνιε, φρονέεις ὀλοφώια καὶ πάρος αὐτῷ.
ἦέ τοι εἰς ἄτην ζωρὸν μέθυ θαρσαλέον κῆρ
οἰδάνει ἐν στήθεσσι, θεοὺς δ' ἀνέηκεν ἀτίζειν;
ἄλλοι μῦθοι ἔασι παρήγοροι, οἷσί περ ἀνὴρ
480 θαρσύνοι ἕταρον: σὺ δ' ἀτάσθαλα πάμπαν ἔειπας,
τοῖα φάτις καὶ τοὺς πρὶν ἐπιφλύειν μακάρεσσιν
υἷας Ἀλωιάδας, οἷς οὐδ' ὅσον ἰσοφαρίζεις
ἠνορέην: ἔμπης δὲ θοοῖς ἐδάμησαν ὀιστοῖς
ἄμφω Λητοΐδαο, καὶ ἴφθιμοί περ ἐόντες."
485 Ὧς ἔφατ': ἐκ δ' ἐγέλασσεν ἄδήν Ἀφαρήιος Ἴδας
καί μιν ἐπιλλίζων ἠμείβετο κερτομίοισιν:
"Ἄγρει νυν τόδε σῇσι θεοπροπίῃσιν ἐνίσπες,
εἰ καὶ ἐμοὶ τοιόνδε θεοὶ τελέουσιν ὄλεθρον,
οἷον Ἀλωιάδῃσι πατὴρ τεὸς ἐγγυάλιξεν.
490 φράζεο δ' ὅππως χεῖρας ἐμὰς σόος ἐξαλέοιο,
χρειὼ θεσπίζων μεταμώνιον εἴ κεν ἁλῴης."
Χώετ' ἐνιπτάζων: προτέρω δέ κε νεῖκος ἐτύχθη,
εἰ μὴ δηριόωντας ὁμοκλήσαντες ἑταῖροι
αὐτός τ' Αἰσονίδης κατερήτυεν: ἂν δὲ καὶ Ὀρφεὺς
495 λαιῇ ἀνασχόμενος κίθαριν πείραζεν ἀοιδῆς.
Ἤειδεν δ' ὡς γαῖα καὶ οὐρανὸς ἠδὲ θάλασσα,
τὸ πρὶν ἐπ' ἀλλήλοισι μιῇ συναρηρότα μορφῇ,
νείκεος ἐξ ὀλοοῖο διέκριθεν ἀμφὶς ἕκαστα:
ἠδ' ὡς ἔμπεδον αἰὲν ἐν αἰθέρι τέκμαρ ἔχουσιν

Traduction française :

[1,450] Le soleil avait déjà parcouru plus de la moitié de sa carrière, et les ombres
des rochers s'étendaient dans la plaine, lorsque les compagnons de Jason, ayant
couvert le rivage d'épais feuillages, s'assirent tous ensemble pour prendre leur
repas. Des viandes abondantes sont servies devant eux, un vin délicieux coule
dans les coupes, des discours agréables se mêlent au festin. Une gaieté délicate
et qui ne connaît point l'injure outrageante, se répand parmi les convives.
Cependant Jason, occupé de soins plus importants, avait les yeux baissés et
réfléchissait profondément : "Fils d'Éson, s'écria le bouillant Idas avec
insolence, quel dessein roules-tu dans ton esprit ? Découvre-nous tes pensées.
La crainte, ce tyran des âmes faibles, s'emparerait-elle de toi ? J'en atteste
cette lance avec laquelle j'ai acquis dans les combats une gloire que rien
n'égale, cette lance qui vaut mieux pour moi que le secours de Jupiter ; non,
puisque Idas est avec toi, tu n'as rien à craindre et rien ne pourra te
résister, quand même un dieu combattrait contre toi. Tel est, puisqu'il faut me
faire connaître celui qui, pour te secourir a quitté le séjour d'Arène."
Il dit, et saisissant à deux mains une coupe remplie de vin, il avale d'un trait
la liqueur écumante qui se répand sur ses joues et sur sa poitrine. Un murmure
d'indignation s'élève aussitôt parmi les convives, et le devin Idmon adressa
ainsi la parole à Idas : "Téméraire, est-ce ton audace naturelle qui t'inspire
ces sentiments, ou bien est-ce le vin qui t'enfle le coeur et te fait courir à ta
perte en blasphémant les dieux. On peut consoler un ami et relever son courage
par d'autres discours. Les tiens sont aussi insensés que ceux des enfants
d'Aloée lorsqu'ils vomissaient des injures contre les dieux. Apollon les
fit expirer sous ses flèches rapides, et cependant leur force était beaucoup
au-dessus de la tienne."
A ce discours, Idas ne répondit d'abord que par des éclats de rire ; bientôt il
adressa d'un ton moqueur ces mots au devin : "Peut-être les dieux me
réservent-ils un sort pareil à celui que ton père fit éprouver aux enfants
d'Aloée. Tu peux nous faire part de leurs desseins, mais si ta prédiction est
vaine, songe à te soustraire à ma fureur." Idas en parlant ainsi, frémissait de
colère ; il allait se porter aux derniers excès, mais ses compagnons
l'arrêtèrent, et Jason apaisa la querelle.
Dans le même temps le divin Orphée prit en main sa lyre, et mêlant à ses accords
les doux accents de sa voix, il chanta comment la terre, le ciel et la mer,
autrefois confondus ensemble, avaient été tirés de cet état funeste de chaos et
de discorde,





Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle

 
UCL |FLTR |Itinera Electronica |Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Responsable académique : Alain Meurant
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 25/05/2005