HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APOLLONIOS de Rhodes, Argonautica, chant II

οὐδέ



Texte grec :

[2,150] θεσμοῖσιν ῥοπάλῳ μιν ἀγηνορίης λελαθέσθαι.
ναὶ μὲν ἀκήδεστον γαίῃ ἔνι τόνγε λιπόντες
πόντον ἐπέπλωμεν: μάλα δ' ἡμέων αὐτὸς ἕκαστος
εἴσεται οὐλομένην ἄτην, ἀπάνευθεν ἐόντος."
Ὧς ἄρ' ἔφη: τὰ δὲ πάντα Διὸς βουλῇς ἐτέτυκτο.
155 καὶ τότε μὲν μένον αὖθι διὰ κνέφας, ἕλκεά τ' ἀνδρῶν
οὐταμένων ἀκέοντο, καὶ ἀθανάτοισι θυηλὰς
ῥέξαντες μέγα δόρπον ἐφώπλισαν: οὐδέ τιν' ὕπνος
εἷλε παρὰ κρητῆρι καὶ αἰθομένοις ἱεροῖσιν.
ξανθὰ δ' ἐρεψάμενοι δάφνῃ καθύπερθε μέτωπα
160 ἀγχιάλῳ, τῇ, ἀκτῇ ἔπι, πρυμνήσι' ἀνῆπτο,
Ὀρφείῃ φόρμιγγι συνοίμιον ὕμνον ἄειδον
ἐμμελέως: περὶ δέ σφιν ἰαίνετο νήνεμος ἀκτὴ
μελπομένοις: κλεῖον δὲ Θεραπναῖον Διὸς υἷα.
Ἠμος δ' ἠέλιος δροσερὰς ἐπέλαμψε κολώνας
165 ἐκ περάτων ἀνιών, ἤγειρε δὲ μηλοβοτῆρας,
δὴ τότε λυσάμενοι νεάτης ἐκ πείσματα δάφνης,
ληίδα τ' εἰσβήσαντες ὅσην χρεὼ ἦεν ἄγεσθαι,
πνοιῇ δινήεντ' ἀνὰ Βόσπορον ἰθύνοντο.
ἔνθα μὲν ἠλιβάτῳ ἐναλίγκιον οὔρει κῦμα
170 ἀμφέρεται προπάροιθεν ἐπαΐσσοντι ἐοικός,
αἰὲν ὑπὲρ νεφέων ἠερμένον: οὐδέ κε φαίης
φεύξεσθαι κακὸν οἶτον, ἐπεὶ μάλα μεσσόθι νηὸς
λάβρον ἐπικρέμαται, καθάπερ νέφος. ἀλλὰ τόγ' ἔμπης
στόρνυται, εἴ κ' ἐσθλοῖο κυβερνητῆρος ἐπαύρῃ.
175 τῶ καὶ Τίφυος οἵδε δαημοσύνῃσι νέοντο,
ἀσκηθεῖς μέν, ἀτὰρ πεφοβημένοι. ἤματι δ' ἄλλῳ
ἀντιπέρην γαίῃ Βιθυνίδι πείσματ' ἀνῆψαν.
Ἔνθα δ' ἐπάκτιον οἶκον Ἀγηνορίδης ἔχε Φινεύς,
ὃς περὶ δὴ πάντων ὀλοώτατα πήματ' ἀνέτλη
180 εἵνεκα μαντοσύνης, τήν οἱ πάρος ἐγγυάλιξεν
Λητοΐδης: οὐδ' ὅσσον ὀπίζετο καὶ Διὸς αὐτοῦ
χρείων ἀτρεκέως ἱερὸν νόον ἀνθρώποισιν.
τῶ καί οἱ γῆρας μὲν ἐπὶ δηναιὸν ἴαλλεν,
ἐκ δ' ἕλετ' ὀφθαλμῶν γλυκερὸν φάος: οὐδὲ γάνυσθαι
185 εἴα ἀπειρεσίοισιν ὀνείασιν, ὅσσα οἱ αἰεὶ
θέσφατα πευθόμενοι περιναιέται οἴκαδ' ἄγειρον.
ἀλλὰ διὰ νεφέων ἄφνω πέλας ἀίσσουσαι
Ἅρπυιαι στόματος χειρῶν τ' ἀπὸ γαμφηλῇσιν
συνεχέως ἥρπαζον. ἐλείπετο δ' ἄλλοτε φορβῆς
190 οὐδ' ὅσον, ἄλλοτε τυτθόν, ἵνα ζώων ἀκάχοιτο.
καὶ δ' ἐπὶ μυδαλέην ὀδμὴν χέον: οὐδέ τις ἔτλη
μὴ καὶ λευκανίηνδε φορεύμενος, ἀλλ' ἀποτηλοῦ
ἑστηώς: τοῖόν οἱ ἀπέπνεε λείψανα δαιτός.
αὐτίκα δ' εἰσαΐων ἐνοπὴν καὶ δοῦπον ὁμίλου
195 τούσδ' αὐτοὺς παριόντας ἐπήισεν, ὧν οἱ ἰόντων
θέσφατον ἐκ Διὸς ἦεν ἑῆς ἀπόνασθαι ἐδωδῆς.
ὀρθωθεὶς δ' εὐνῆθεν, ἀκήριον ἠύτ' ὄνειρον,
βάκτρῳ σκηπτόμενος ῥικνοῖς ποσὶν ᾖε θύραζε,
τοίχους ἀμφαφόων: τρέμε δ' ἅψεα νισσομένοιο

Traduction française :

[2,150] la massue d'Hercule lui aurait fait oublier et ses lois et sa
fierté. Mais hélas ? nous l'avons abandonné par mégarde, nous
naviguons maintenant sans lui, et nous aurons plus d'une fois à
gémir de son absence."
Ainsi les Argonautes se reprochaient sans cesse une séparation
dont les décrets de Zeus étaient seuls la cause. Ils passèrent la
nuit sur le rivage, et s'occupèrent d'abord du soin des blessés. On
offrit ensuite un sacrifice aux Immortels et on prépara le repas,
après lequel, au lieu de se laisser aller au sommeil, chacun se
couronna des branches d'un laurier auquel le vaisseau était
attaché. Orphée prit en main sa lyre dorée, et tous mêlant leurs
voix à ses divins accords, chantèrent ensemble les louanges du
dieu qu'on révère à Thérapné. Les vents retenaient leur
haleine, le rivage était tranquille, la nature entière semblait
sourire à leurs chants.
Le soleil recommençant sa carrière, éclairait le sommet des
montagnes couvertes de rosée, et les bergers écartaient le doux
sommeil de leurs paupières. Les Argonautes, après avoir
embarqué les troupeaux qui leur étaient nécessaires, détachèrent
du pied du laurier le câble du vaisseau; et poussés par un vent
favorable, entrèrent dans le rapide détroit du Bosphore. Là des
flots semblables à des montagnes, s'élèvent jusqu'aux cieux, et
sont toujours prêts à fondre sur les navigateurs, qui semblent ne
pouvoir échapper à la mort suspendue comme un nuage sur leurs
têtes. Cependant l'habile pilote sait se frayer une route au milieu
du danger. Ainsi les Argonautes, par l'adresse de Tiphys,
avançant toujours sans accident, mais non sans frayeur,
abordèrent le lendemain vis-à-vis les côtes de la Bithynie.
Un fils d'Agénor, Phinée, faisait sa demeure sur ce rivage.
Apollon lui avait accordé depuis longtemps le don de prévoir
l'avenir; faveur dangereuse qui devint la source de tous ses
malheurs. Sans respect pour le maître des dieux, il découvrait
hardiment aux mortels ses décrets sacrés. Zeus irrité le
condamna à une éternelle vieillesse, priva ses yeux de la douce
lumière du jour, et voulut qu'il ne pût jamais se rassasier d'aucun
mets. En vain ceux qui venaient consulter ses oracles, lui en
apportaient sans cesse de nouveaux; les Harpies, fondant tout à
coup du haut des cieux, les lui arrachaient de la bouche et des
mains. Quelquefois pour prolonger ses tourments en soutenant
sa misérable vie, elles lui abandonnaient de légers restes, sur
lesquels elles répandaient une odeur si infecte que personne
n'aurait eu le courage non seulement de s'en nourrir, mais même
d'en supporter de loin la puanteur. Phinée n'eut pas plus tôt
entendu la voix des Argonautes et le bruit de leur débarquement
qu'il comprit aussitôt qu'ils étaient les étrangers dont l'arrivée,
suivant les décrets de Zeus, devait mettre fin au plus cruel de
ses maux. Semblable à un fantôme, il sort de son lit, et
s'appuyant sur un bâton, il traîne en tâtonnant le long des murs
ses pieds chancelants. Tous ses membres, épuisés par la faim et
la vieillesse, tremblent à chaque pas.





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Dernière mise à jour : 13/06/2005