HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Albinus (-os) de Smyrne, Épitomé de la philosophie de Platon

ὁμαλύνει



Texte grec :

[25] Τὴν δὲ ψυχὴν ἀθάνατον ἀποφαίνει τοῦτον ἐπιὼν τὸν τρόπον. Ἡ ψυχὴ ὅτῳ ἂν προσγένηται, ἐπιφέρει τούτῳ τὸ ζῆν ὡς σύμφυτον ὑπάρχον ἑαυτῇ· τὸ δὲ ἐπιφέρον τινὶ τὸ ζῆν ἀνεπίδεκτόν ἐστι θανάτου· τὸ δὲ τοιοῦτον ἀθάνατον. Εἰ δὲ ἀθάνατον ἡ ψυχή, καὶ ἀνώλεθρον ἂν εἴη· ἀσώματος γάρ ἐστιν οὐσία, ἀμετάβλητος κατὰ τὴν ὑπόστασιν καὶ νοητὴ καὶ ἀειδὴς καὶ μονοειδής· οὐκοῦν ἀσύνθετος, ἀδιάλυτος, ἀσκέδαστος· τὸ δὲ σῶμα πᾶν τοὐναντίον αἰσθητόν, ὁρατόν, σκεδαστόν, συντεθόν, πολυειδές. Καὶ γὰρ δὴ καὶ ἡ ψυχὴ διὰ μὲν τοῦ σώματος πρὸς τῷ αἰσθητῷ γινομένη ἰλιγγιᾷ τε καὶ ταράττεται καὶ οἷον μεθύει, πρὸς δὲ τῷ νοητῷ αὐτὴ καθ´ αὑτὴν γινομένη καθίσταται καὶ ἠρεμεῖ· πρὸς ᾧ δὴ γινομένη ταράττεται, τούτῳ οὐκ ἔοικεν· ὥστε μᾶλλον τῷ νοητῷ ἔοικε, τὸ δὲ νοητὸν ἀσκέδαστον τῇ φύσει καὶ ἀνώλεθρον. Καὶ μὴν ἡγεμονεύει ἡ ψυχὴ φύσει· τὸ δὲ τῇ φύσει ἡγεμονικὸν τῷ θείῳ ἔοικεν· ὥστε ψυχὴ τῷ θείῳ ἐοικυῖα ἀνώλεθρος ἂν εἴη καὶ ἄφθαρτος. Τά τε ἄμεσα ἐναντία καὶ μὴ καθ´ αὑτὰ ἀλλὰ κατὰ συμβεβηκὸς πέφυκεν ἐξ ἀλλήλων γίνεσθαι· ἐναντίον δὲ τοῦτο, ὃ καλοῦσιν οἱ ἄνθρωποι ζῆν, τῷ τεθνάναι· ὡς οὖν ὁ θάνατος διάκρισις ψυχῆς ἀπὸ σώματος, οὕτω καὶ ἡ ζωὴ σύνοδος ψυχῆς, οὔσης δηλονότι πρόσθεν, καὶ σώματος· εἰ δὲ καὶ ἔσται μετὰ θάνατον καὶ ἦν πρὸ τοῦ περιπεσεῖν σώματι, πιθανώτατον ἀίδιον αὐτὴν εἶναι, οὐ γὰρ οἷόν τέ τι τὸ φθεροῦν αὐτὴν νοῆσαι. Εἴ γε μὴν αἱ μαθήσεις ἀναμνήσεις εἰσίν, ἀθάνατος ἂν εἴη ψυχή· ὅτι δὲ αἱ μαθήσεις ἀναμνήσεις, τοῦτον ἂν ἐπαχθείημεν τὸν τρόπον· οὐ γὰρ ἂν ἄλλως μάθησις ὑποσταίη, ἢ κατὰ ἀνάμνησιν τῶν πάλαι γνωσθέντων. Εἰ γὰρ ἀπὸ τῶν κατὰ μέρος ἐνενοοῦμεν τὰς κοινότητας, πῶς ἂν τὰ κατὰ μέρος διωδεύσαμεν ἄπειρα ὑπάρχοντα, ἢ πῶς ἀπ´ ὀλίγων; διεψεύσθημεν γὰρ ἄν, οἷον φέρε κρίναντες τὸ ἀναπνοῇ χρώμενον μόνον ζῷον εἶναι· ἢ πῶς ἂν τὸ ἀρχικὸν εἶεν αἱ ἔννοιαι; ἀναμνηστικῶς οὖν νοοῦμεν ἀπὸ μικρῶν αἰθυγμάτων, ἀπό τινων κατὰ μέρος ὑποπεσόντων ἀναμιμνησκόμενοι τῶν πάλαι ἐγνωσμένων, ὧν λήθην ἐλάβομεν ἐνσωματωθέντες. Ἔτι τε ἡ ψυχὴ οὐ φθείρεται ὑπὸ τῆς ἰδίας κακίας, οὐδὲ ὑπὸ τῆς ἄλλου φθείροιτ´ ἄν, οὐδ´ ἁπλῶς ὑπ´ ἄλλου, οὕτω δὲ ἔχουσα ἄφθαρτον ἂν εἴη. Τό γε μὴν αὐτοκίνητον ἀρχικῶς ἀεικίνητον, τὸ δὲ τοιοῦτον ἀθάνατον· αὐτοκίνητον δὲ ἡ ψυχή, τὸ δὲ αὐτοκίνητον ἀρχὴ πάσης κινήσεως καὶ γενέσεως, ἀρχὴ δὲ ἀγένητον καὶ ἀνώλεθρον· ὥστε ἥ τε τῶν ὅλων ψυχὴ τοιαύτη ἂν εἴη καὶ ἡ ἀνθρωπίνη. τοῦ αὐτοῦ γε κράματος ἀμφότεραι μεταλαβοῦσαι. Αὐτοκίνητον δέ φησι τὴν ψυχήν, ὅτι σύμφυτον ἔχει τὴν ζωὴν ἀεὶ ἐνεργοῦσαν καθ´ αὑτήν. Ὅτι μὲν οὖν αἱ λογικαὶ ψυχαὶ ἀθάνατοι ὑπάρχουσι κατὰ τὸν ἄνδρα τοῦτον, βεβαιώσαιτ´ ἄν τις· εἰ δὲ καὶ αἱ ἄλογοι, τοῦτο τῶν ἀμφισβητουμένων ὑπάρχει. Πιθανὸν γὰρ τὰς ἀλόγους ψυχάς, ψιλῇ τε φαντασίᾳ ἐλαυνομένας καὶ οὔτε λογισμῷ οὔτε κρίσει χρωμένας, οὔτε θεωρήμασι καὶ τῇ τούτων συναγωγῇ οὔτε καθολικαῖς διαλήψεσι, παντελῶς δὲ ἀνεννοήτους οὔσας καὶ τῆς νοητῆς φύσεως, μήτε τῆς αὐτῆς οὐσίας εἶναι ταῖς λογικαῖς, θνητάς τε καὶ φθαρτὰς ὑπάρχειν. Τῷ δὲ ἀθανάτους εἶναι τὰς ψυχὰς λόγῳ ἠκολούθησε τὸ εἰσκρίνεσθαι αὐτὰς τοῖς σώμασι, παρεμφυομένας ταῖς τῶν ἐμβρύων διαπλαστικαῖς φύσεσι, καὶ διαμείβειν πολλὰ σώματα καὶ ἀνθρώπινα καὶ οὐκ ἀνθρώπινα, ἢ ἀριθμοὺς μενούσας ἢ βουλήσει θεῶν ἢ δι´ ἀκολασίαν ἢ διὰ φιλοσωματίαν· ἔχει δέ πως οἰκειότητα πρὸς ἄλληλα σῶμα καὶ ψυχή, ὡς πῦρ καὶ ἄσφαλτος. Καὶ ἡ θεῶν δὲ ψυχὴ κέκτηται καὶ αὐτὴ τό τε κριτικόν, ὃ καὶ γνωστικὸν ἂν καλοῖτο, καὶ μὴν τὸ ὁρμητικόν τε, ὃ καὶ παραστατικὸν ἄν τις ὀνομάσειε, καὶ τὸ οἰκειωτικόν· αἵτινες δυνάμεις οὖσαι καὶ ἐν ταῖς ἀνθρωπίναις ψυχαῖς μετὰ τὸ ἐνσωματωθῆναι οἷον μεταβολὴν λαμβάνουσιν, ἡ μὲν οἰκειωτικὴ εἰς τὸ ἐπιθυμητικόν, ἡ δὲ ὁρμητικὴ εἰς τὸ θυμοειδές.

Traduction française :

[25] CHAPITRE XXV. Voici quels sont les arguments à l'aide desquels Platon démontre que l’âme est immortelle. Dans quelque corps que l’âme pénètre elle lui porte la vie, ce qui est une de ses propriétés naturelles : ce qui donne la vie à quelque chose n'est pas susceptible de mourir; par conséquent il est immortel. Si l’âme est immortelle elle est impérissable: or c'est une substance incorporelle, immuable dans son essence, intelligible, invisible, et uniforme. Elle est donc simple, c'est-à-dire non composée, indissoluble, et indivisible : tout corps, au contraire, tombe sous les sens, est visible, divisible, composé, et multiforme. D'un autre côté, l’âme, soumise à l'empire des sens par l'entremise du corps, est agitée, tourmentée ; elle est dans une sorte d'ivresse : occupée de choses intelligibles, elle rentre dans elle-même, elle est posée, tranquille : elle ne peut pas être semblable à ce qui la tire de son assiette naturelle ; elle ressemble donc davantage aux choses intelligibles; or ce qui est intelligible est indivisible et impérissable de sa nature. De plus le commandement appartient naturellement à l’âme : ce qui commande de sa nature est semblable à la divinité ; l’âme étant donc semblable à la divinité, est donc incorruptible et impérissable (comme elle). Les choses qui sont immédiatement contraires, et qui ne le sont pas intrinsèquement, mais par accident, ont été destinées à exister l'une par l'autre ; or ce que les hommes appellent vivre est contraire à ce qu'ils appellent mourir. De même donc que la mort est la séparation de l’âme d'avec le corps, de même la vie est l'union de l'âme (existant toutefois ultérieurement) avec le corps. Si elle doit être après la mort, et si elle était avant que de tomber dans le corps, on doit être très persuadé qu'elle est éternelle ; car il n'est pas possible de concevoir· ce qui pourrait l'altérer. Si la science consiste dans des réminiscences (dans la mémoire), l’âme doit être immortelle ; or que la science consiste dans des réminiscences, nous pouvons le démontrer de cette manière. La science n'est autre chose que le souvenir de ce que nous avons antérieurement appris ; car si c'est par le particulier que nous avons l'idée de l'universel, comment parcourrions-nous les choses particulières puisque leur nombre est infini ; ou comment, par un petit nombre de principes particuliers, arriverions-nous à l'universel? Nous tomberions dans l'erreur, comme si nous disions qu'il n'y a d'êtres vivants que ceux qui respirent. Comment d'ailleurs les idées seraient-elles principes ? C'est par réminiscence et par le secours de quelques petits concepts que nous avons des idées. Quelques principes singuliers nous rapportent le souvenir de ceux que nous avons antérieurement connus et que nous avons oubliés lors de notre incorporation ou de notre entrée dans le corps. L’âme ne peut point être altérée par aucun germe corrupteur inhérent à son essence ; elle ne peut pas l'être non plus par aucun vice extérieur: elle ne le sera donc en aucune manière. Cela étant ainsi elle doit être immortelle. Ce qui a en soi le principe de son mouvement se meut essentiellement de toute éternité : un tel être est immortel ; or l’âme a en soi le principe de son mouvement. Ce qui a en soi le principe de son mouvement est le principe de tout mouvement et de toute génération : tout principe est incréé et impérissable. Telle est donc l’âme du monde ; telle est aussi l’âme de l'homme, car elles sont toutes les deux du même mélange (ou, pour mieux dire, de la même pâte). Platon regarde l’âme comme ayant en soi la cause de son mouvement, parce que la vie lui est innée et qu'elle agit toujours en elle : il est aisé, selon lui, d'établir que les âmes raisonnables sont immortelles ; mais il croit douteux que les âmes, dépourvues de raison, le soient aussi ; car il est probable que les âmes dépourvues de raison, mues par la seule fantaisie, n'usant ni de discernement, ni de jugement, ni de contemplation, ni de raisonnement, ne pouvant distinguer le mal, étant entièrement sans intelligence, n'ont rien de commun avec les êtres intelligents et doués de raison, et par conséquent elles sont corruptibles et mortelles. De ce que les âmes sont immortelles il s'ensuit qu'elles ont dû entrer dans les corps et s'attacher à l'embryon au moment où il est formé par la nature, et passer dans plusieurs corps, ou d'hommes ou d'animaux, soit en attendant leur tour réglé par le sort des nombres, soit par la volonté des dieux, soit par intempérance, soit par sensualité. Au reste il y a entre l’âme et le corps la même affinité qu'entre le feu et le bitume. Salluste le philosophe, que j'ai cité plus haut, présente sur cette question une solution que je laisse apprécier au lecteur. « Les métempsychoses », dit-il dans le vingtième chapitre de son traité, « les métempsychoses ou transmigrations d'âmes, quand elles ont lieu par le passage d'une âme d'un corps humain dans un autre, rendent cette âme l’âme propre du corps où elle entre; mais quand les âmes (humaines) passent dans des corps d'animaux, elles ne font que les suivre extérieurement, comme nous suivent nos démons familiers auxquels nous somme· tombés en partage ; car jamais une âme raisonnable ne saurait devenir celle d'un être privé de raison. » L’âme des dieux elle-même a une faculté discrétive c'est-à-dire une faculté capable de connaître et de juger: elle a aussi une faculté impulsive, c'est-à-dire susceptible d'exciter et d'être excitée; elle est également douée d'une certaine sociabilité. Ces mêmes qualités, qui se trouvent dans l’âme des hommes, éprouvent une espèce de changement par l'effet de leur entrée dans le corps humain. La disposition à la sociabilité devient appétit concupiscible, et la faculté impulsive devient appétit irascible. A ce compte donc les âmes qui animent intérieurement les brutes sont d'une nature différente des âmes humaines. Cette différence va donc jusqu'à soumettre, comme le pense Platon, ces âmes des brutes à la corruption et à la mort. Mais une âme mortelle n’offre-t-elle pas le rapprochement d'un sujet et d'un attribut exclusifs l'un de l'autre ? Que de questions dans la philosophie sur lesquelles les philosophes les plus transcendants ne feront que bégayer longtemps encore !





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Dernière mise à jour : 27/05/2010