HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon, Le Banquet

στόμα



Texte grec :

[5] ῾Ο δὲ Καλλίας ἔφη· Σὺ δὲ δή, ὦ Κριτόβουλε, εἰς τὸν περὶ τοῦ κάλλους ἀγῶνα πρὸς Σωκράτην οὐκ ἀνθίστασαι; Νὴ Δί᾿, ἔφη ὁ Σωκράτης, ἴσως γὰρ εὐδοκιμοῦντα τὸν μαστροπὸν παρὰ τοῖς κριταῖς ὁρᾷ. ᾿Αλλ᾿ ὅμως, ἔφη ὁ Κριτόβουλος, οὐκ ἀναδύομαι· ἀλλὰ δίδασκε, εἴ τι ἔχεις σοφόν, ὡς καλλίων εἶ ἐμοῦ. Μόνον, ἔφη, τὸν λαμπτῆρα ἐγγὺς προσενεγκάτω. Εἰς ἀνάκρισιν τοίνυν σε, ἔφη, πρῶτον τῆς δίκης καλοῦμαι· ἀλλ᾿ ἀποκρίνου. Σὺ δέ γε βερώτα. Πότερον οὖν ἐν ἀνθρώπῳ μόνον νομίζεις τὸ καλὸν εἶναι ἢ καὶ ἐν ἄλλῳ τινί; ᾿Εγὼ μὲν ναὶ μὰ Δί᾿, ἔφη, καὶ ἐν ἵππῳ καὶ βοὶ※ καὶ ἐν ἀψύχοις πολλοῖς. Οἶδα γοῦν οὖσαν καὶ ἀσπίδα καλὴν καὶ ξίφος καὶ δόρυ. Καὶ πῶς, ἔφη, οἷόν τε ταῦτα μηδὲν ὅμοια ὄντα ἀλλήλοις πάντα καλὰ εἶναι; ῍Αν νὴ Δί᾿, ἔφη, πρὸς τὰ ἔργα ὧν ἕνεκα ἕκαστα κτώμεθα εὖ εἰργασμένα ᾖ ἢ εὖ πεφυκότα πρὸς ἃ ἂν δεώμεθα, καὶ ταῦτ᾿, ἔφη ὁ Κριτόβουλος, καλά. Οἶσθα οὖν, ἔφη, ὀφθαλμῶν τίνος ἕνεκα δεόμεθα; Δῆλον, ἔφη, ὅτι τοῦ ὁρᾶν. Οὕτω μὲν τοίνυν ἤδη οἱ ἐμοὶ ὀφθαλμοὶ καλλίονες ἂν τῶν σῶν εἴησαν. Πῶς δή; ῞Οτι οἱ μὲν σοὶ τὸ κατ᾿ εὐθὺ μόνον ὁρῶσιν, οἱ δὲ ἐμοὶ καὶ τὸ ἐκ πλαγίου διὰ τὸ ἐπιπόλαιοι εἶναι. Λέγεις σύ, ἔφη, καρκίνον εὐοφθαλμότατον εἶναι τῶν ζῴων; Πάντως δήπου, ἔφη· ἐπεὶ καὶ πρὸς ἰσχὺν τοὺς ὀφθαλμοὺς ἄριστα πεφυκότας ἔχει. Εἶεν, ἔφη, τῶν δὲ ῥινῶν ποτέρα καλλίων, ἡ σὴ ἢ ἡ ἐμή; ᾿Εγὼ μέν, ἔφη, οἶμαι τὴν ἐμήν, εἴπερ γε τοῦ ὀσφραίνεσθαι ἕνεκεν ἐποίησαν ἡμῖν ῥῖνας οἱ θεοί. Οἱ μὲν γὰρ σοὶ μυκτῆρες εἰς γῆν ὁρῶσιν, οἱ δὲ ἐμοὶ ἀναπέπτανται, ὥστε τὰς πάντοθεν ὀσμὰς προσδέχεσθαι. Τὸ δὲ δὴ σιμὸν τῆς ῥινὸς πῶς τοῦ ὀρθοῦ κάλλιον; ῞Οτι, ἔφη, οὐκ ἀντιφράττει, ἀλλ᾿ ἐᾷ εὐθὺς τὰς ὄψεις ὁρᾶν ἃ ἂν βούλωνται· ἡ δὲ ὑψηλὴ ῥὶς ὥσπερ ἐπηρεάζουσα διατετείχικε τὰ ὄμματα. Τοῦ γε μὴν στόματος, ἔφη ὁ Κριτόβουλος, ὑφίεμαι. Εἰ γὰρ τοῦ ἀποδάκνειν ἕνεκα πεποίηται, πολὺ ἂν σὺ μεῖζον ἢ ἐγὼ ἀποδάκοις. Διὰ δὲ τὸ παχέα ἔχειν τὰ χείλη οὐκ οἴει καὶ μαλακώτερόν σου ἔχειν τὸ φίλημα; ῎Εοικα, ἔφη, ἐγὼ κατὰ τὸν σὸν λόγον καὶ τῶν ὄνων αἴσχιον τὸ στόμα ἔχειν. ᾿Εκεῖνο δὲ οὐδὲν τεκμήριον λογίζῃ, ὡς ἐγὼ σοῦ καλλίων εἰμί, ὅτι καὶ Ναΐδες θεοὶ οὖσαι τοὺς Σειληνοὺς ἐμοὶ ὁμοιοτέρους τίκτουσιν ἢ σοί; Καὶ ὁ Κριτόβουλος, Οὐκέτι, ἔφη, ἔχω πρὸς σὲ ἀντιλέγειν, ἀλλὰ διαφερόντων, ἔφη, τὰς ψήφους, ἵνα ὡς τάχιστα εἰδῶ ὅ τι με χρὴ παθεῖν ἢ ἀποτεῖσαι. Μόνον, ἔφη, κρυφῇ φερόντων· δέδοικα γὰρ τὸν σὸν καὶ ᾿Αντισθένους πλοῦτον μή με καταδυναστεύσῃ. ἡ μὲν δὴ παῖς καὶ ὁ παῖς κρύφα ἀνέφερον. ῾Ο δὲ Σωκράτης ἐν τούτῳ διέπραττε τόν τε λύχνον ἀντιπροσενεγκεῖν τῷ Κριτοβούλῳ, ὡς μὴ ἐξαπατηθείησαν οἱ κριταί, καὶ τῷ νικήσαντι μὴ ταινίας ἀλλὰ φιλήματα ἀναδήματα παρὰ τῶν κριτῶν γενέσθαι. ᾿Επεὶ δὲ ἐξέπεσον αἱ ψῆφοι καὶ ἐγένοντο πᾶσαι σὺν Κριτοβούλῳ, Παπαῖ, ἔφη ὁ Σωκράτης, οὐχ ὅμοιον ἔοικε τὸ σὸν ἀργύριον, ὦ Κριτόβουλε, τῷ Καλλίου εἶναι. Τὸ μὲν γὰρ τούτου δικαιοτέρους ποιεῖ, τὸ δὲ σὸν ὥσπερ τὸ πλεῖστον διαφθείρειν ἱκανόν ἐστι καὶ δικαστὰς καὶ κριτάς.

Traduction française :

[5] 1. Alors Callias prit la parole : « Et toi, Critobule, tu ne disputes pas à Socrate le prix de la beauté? - Il n'a garde, dit Socrate; l'entremetteur a trop de crédit près des juges : il le voit bien. 2. - Malgré tout, repartit Critobule, je ne me déroberai pas. Démontre, si tu as quelque subtil argument, que tu es plus beau que moi. Seulement, ajouta-t-il, qu'on approche la lampe. - Eh bien, instruisons d'abord le procès, je t'en prie, et réponds-moi. - Interroge, toi. 3. - Crois-tu que la beauté n'existe que dans l'homme ou qu'elle existe aussi dans d'autres objets? - Je crois, par Zeus, qu'elle existe aussi dans d'autres, par exemple dans le cheval, le boeuf et beaucoup d'objets inanimés. En tout cas je sais qu'il y a de beaux boucliers, de belles épées, de belles lances. 4. - Comment se peut-il, demanda Socrate, que des objets si dissemblables soient tous beaux? - Ils le sont, par Zeus, répliqua Critobule, s'ils ont été bien confectionnés pour les ouvrages en vue desquels nous nous les procurons ou si la nature les a bien adaptés à nos besoins; en ce cas, ils sont beaux, dit Critobule. - 5. Sais-tu pourquoi, demanda Socrate, nous avons besoin de nos yeux? - Pour voir, apparemment, répondit Critobule. - De ce fait, mes yeux seraient déjà plus beaux que les tiens. - Comment cela? - C'est que les tiens ne voient que devant eux, tandis que les miens voient encore de côté, étant à fleur de tête. - A ce compte, repartit Critobule, c'est l'écrevisse qui a les plus beaux yeux de tous les animaux? - Absolument, dit Socrate, d'autant plus que pour la force ce sont les mieux conditionnés. 6. - Soit, dit Critobule; mais pour le nez, lequel est le plus beau, le tien ou le mien? - Je pense que c'est le mien, répondit Socrate, s'il est vrai que les dieux nous aient fait le nez pour sentir; car tes narines à toi regardent vers la terre, tandis que les miennes sont retroussées pour recevoir les odeurs de tous les côtés. - Mais comment un nez camus peut-il être plus beau qu'un nez droit? - Parce que, dit Socrate, il ne forme pas barricade et qu'il permet tout de suite aux yeux de voir ce qu'ils veulent, au lieu qu'un nez haut les sépare comme un mur fait pour les gêner. 7. - Pour la bouche, dit Critobule, je te cède la palme; car si elle est faite pour mordre, la tienne emporterait de bien plus gros morceaux que la mienne. Ne crois-tu pas aussi qu'en raison de tes lèvres épaisses tes baisers sont plus tendres que les miens? - A t'entendre, dit Socrate, on croirait que ma bouche est plus hideuse que celle des ânes. Regardes-tu comme une faible preuve de ma beauté que les naïades, qui sont des déesses, enfantent des silènes qui me ressemblent plus qu'à toi? 8. - Je n'ai plus rien à te répliquer, dit Critobule. Qu'on distribue des cailloux, ajouta-t-il, pour que je sache tout de suite à quel châtiment ou à quelle amende je suis condamné. Seulement que le scrutin soit secret; car je crains que ta richesse et celle d'Antisthène ne me donnent le dessous. » 9. Le garçon et la jeune fille distribuèrent en secret les cailloux. Pendant ce temps, Socrate fit approcher la lampe de Critobule pour que les juges ne fussent point surpris et il stipula que le vainqueur, en guise de couronne, recevrait des juges, non pas des bandelettes, mais des baisers. 10. On retira les cailloux de l'urne; ils étaient tous pour Critobule. « Ah ! s'écria Socrate, ton argent, Critobule, ne ressemble pas à celui de Callias; le sien rend les hommes plus justes; le tien, comme il arrive généralement, est capable de corrompre juges et arbitres. »





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Dernière mise à jour : 11/04/2005