Texte grec :
[6] ᾿Εκ δὲ τούτου οἱ μὲν τὰ νικητήρια φιλήματα ἀπολαμβάνειν τὸν Κριτόβουλον ἐκέλευον,
οἱ δὲ τὸν κύριον πείθειν, οἱ δὲ καὶ ἄλλα ἔσκωπτον. ῾Ο δὲ ῾Ερμογένης κἀνταῦθα ἐσιώπα.
Καὶ ὁ Σωκράτης ὀνομάσας αὐτόν, ῎Εχοις ἄν, ἔφη, ὦ ῾Ερμόγενες, εἰπεῖν ἡμῖν τί
ἐστὶ παροινία; Καὶ ὃς ἀπεκρίνατο· Εἰ μὲν ὅ τι ἐστὶν ἐρωτᾷς, οὐκ οἶδα· τὸ μέντοι
μοι δοκοῦν εἴποιμ᾿ ἄν. ᾿Αλλ᾿, ὃ δοκεῖ, τοῦτ᾿, ἔφη. Τὸ τοίνυν παρ᾿ οἶνον λυπεῖν
τοὺς συνόντας, τοῦτ᾿ ἐγὼ κρίνω παροινίαν. Οἶσθ᾿ οὖν, ἔφη, ὅτι καὶ σὺ νῦν
ἡμᾶς λυπεῖς σιωπῶν; ᾿Η καὶ ὅταν λέγητ᾿; ἔφη. Οὐκ ἀλλ᾿ ὅταν διαλίπωμεν. ᾿Η
οὖν λέληθέ σε ὅτι μεταξὺ τοῦ ὑμᾶς λέγειν οὐδ᾿ ἂν τρίχα, μὴ ὅτι λόγον ἄν τις
παρείρειε; Καὶ ὁ Σωκράτης, ᾿Ω Καλλία, ἔχοις ἄν τι, ἔφη, ἀνδρὶ ἐλεγχομένῳ
βοηθῆσαι; ῎Εγωγ᾿, ἔφη. ὅταν γὰρ ὁ αὐλὸς φθέγγηται, παντάπασι σιωπῶμεν.
Καὶ ὁ ῾Ερμογένης, ᾿Η οὖν βούλεσθε, ἔφη, ὥσπερ Νικόστρατος ὁ ὑποκριτὴς
τετράμετρα πρὸς τὸν αὐλὸν κατέλεγεν, οὕτω καὶ ὑπὸ τοῦ αὐλοῦ ὑμῖν
διαλέγωμαι; Καὶ ὁ Σωκράτης, Πρὸς τῶν θεῶν, ἔφη, ῾Ερμόγενες, οὕτω ποίει.
Οἶμαι γάρ, ὥσπερ ἡ ᾠδὴ ἡδίων πρὸς τὸν αὐλόν, οὕτω καὶ τοὺς σοὺς λόγους
ἡδύνεσθαι ἄν τι ὑπὸ τῶν φθόγγων, ἄλλως τε καὶ εἰ μορφάζοις, ὥσπερ ἡ
αὐλητρίς, καὶ σὺ πρὸς τὰ λεγόμενα. Καὶ ὁ Καλλίας ἔφη· ῞Οταν οὖν ὁ
᾿Αντισθένης ὅδ᾿ ἐλέγχῃ τινὰ ἐν τῷ συμποσίῳ, τί ἔσται τὸ αὔλημα; Καὶ ὁ
᾿Αντισθένης εἶπε· Τῷ μὲν ἐλεγχομένῳ οἶμαι ἄν, ἔφη, πρέπειν συριγμόν.
Τοιούτων δὲ λόγων ὄντων ὡς ἑώρα ὁ Συρακόσιος τῶν μὲν αὑτοῦ ἐπιδειγμάτων
ἀμελοῦντας, ἀλλήλοις δὲ ἡδομέ νους, φθονῶν τῷ Σωκράτει εἶπεν· ᾿Αρα σύ, ὦ
Σώκρατες, ὁ φροντιστὴς ἐπικαλούμενος; Οὐκοῦν κάλλιον, ἔφη, ἢ εἰ
ἀφρόντιστος ἐκαλούμην. Εἰ μή γε ἐδόκεις τῶν μετεώρων φροντιστὴς εἶναι.
Οἶσθα οὖν, ἔφη ὁ Σωκράτης, μετεωρότερόν τι τῶν θεῶν; ᾿Αλλ᾿ οὐ μὰ Δί᾿, ἔφη,
οὐ τούτων σε λέγουσιν ἐπιμελεῖσθαι, ἀλλὰ τῶν ἀνωφελεστάτων. Οὐκοῦν καὶ
οὕτως ἄν, ἔφη, θεῶν ἐπιμελοίμην· ἄνωθεν μέν γε ὕοντες ὠφελοῦσιν, ἄνωθεν
δὲ φῶς παρέχουσιν. Εἰ δὲ ψυχρὰ λέγω, σὺ αἴτιος, ἔφη, πράγματά μοι παρέχων.
Ταῦτα μέν, ἔφη, ἔα· ἀλλ᾿ εἰπέ μοι πόσους ψύλλα πόδας ἐμοῦ ἀπέχει. Ταῦτα
γάρ σέ φασι γεωμετρεῖν. Καὶ ὁ ᾿Αντισθένης εἶπε· Σὺ μέντοι δεινὸς εἶ, ὦ
Φίλιππε, εἰκάζειν· οὐ δοκεῖ σοι ὁ ἀνὴρ οὗτος λοιδορεῖσθαι βουλομένῳ ἐοικέναι;
Ναὶ μὰ τὸν Δί᾿, ἔφη, καὶ ἄλλοις γε πολλοῖς. ᾿Αλλ᾿ ὅμως, ἔφη ὁ Σωκράτης, σὺ
αὐτὸν μὴ εἴκαζε, ἵνα μὴ καὶ σὺ λοιδορουμένῳ ἐοίκῃς. ᾿Αλλ᾿ εἴπερ γε τοῖς πᾶσι
καλοῖς καὶ τοῖς βελτίστοις εἰκάζω αὐτόν, ἐπαινοῦντι μᾶλλον ἢ λοιδορουμένῳ
δικαίως ἂν εἰκάζοι μέ τις. Καὶ νῦν σύγε λοιδορουμένῳ ἔοικας, εἰ πάντ᾿ αὐτοῦ
βελτίων φῂς εἶναι. ᾿Αλλὰ βούλει πονηροτέροις εἰκάζω αὐτόν; Μηδὲ
πονηροτέροις. ᾿Αλλὰ μηδενί; Μηδενὶ μηδὲ τούτων εἴκαζε. ᾿Αλλ᾿ οὐ μέντοι γε
σιωπῶν οἶδα ὅπως ἄξια τοῦ δείπνου ἐργάσομαι. Καὶ ῥᾳδίως γ᾿, ἂν ἃ μὴ δεῖ
λέγειν, ἔφη, σιωπᾷς. Αὕτη μὲν δὴ ἡ παροινία οὕτω κατεσβέσθη.
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Traduction française :
[6] 1. Ensuite les uns pressèrent Critobule de se faire donner
les baisers dus à sa victoire, les autres de gagner le consentement
du maître des jeunes artistes, d'autres plaisantaient,
chacun à sa manière. Même à ce moment Hermogène
ne dit mot. Socrate, l'apostrophant, lui dit :
« Pourrais-tu nous dire, Hermogène, ce qu'est la paroïnia?
- Si tu veux savoir ce que c'est, je l'ignore, mais je puis
dire ce qui m'en semble. - C'est cela, dis-le. - 2. Elle
consiste à mon avis à ennuyer ceux avec qui l'on boit. -
Sais-tu, dit Socrate, que toi aussi tu nous ennuies à force
d'être taciturne? - Est-ce lorsque vous parlez? demanda-t-il.
- Non, mais dans les intervalles de la conversation.
- Tu ne t'aperçois donc pas qu'on ne pourrait pas même
glisser un cheveu dans les interstices de votre conversation,
à plus forte raison un mot? 3. - Callias, dit Socrate,
pourrais-tu venir au secours d'un homme qui ne sait
plus que répondre? - Oui, répondit Callias; car lorsque
la flûte se fait entendre, nous gardons un silence absolu.
- Voulez-vous donc, dit Hermogène, qu'à l'exemple du
comédien Nicostrate qui récitait des tétramètres, accompagné
par un flûtiste, je dialogue avec vous au son de
la flûte? 4. -- Au nom des dieux, Hermogène, fais-le, dit
Socrate; car de même que le chant plaît davantage, si
la flûte le soutient, de même le charme de tes propos
serait doublé, j'en suis sûr, par les sons de l'instrument,
surtout si, comme la joueuse de flûte, tu joignais le geste
à la parole. » 5. Sur quoi Callias dit : « Quand donc Antisthène
mettra quelqu'un à quia pendant le banquet, quel
air faudra-t-il jouer? - Je crois, dit Antisthène, que
pour l'homme réduit à quia, c'est le sifflet qui convient. »
6. Tandis que ces propos s'échangeaient, le Syracusain,
voyant qu'on ne prêtait pas attention à ses exhibitions,
et que les convives s'amusaient entre eux, s'en prit à
Socrate et lui dit : « N'est-ce pas toi, Socrate, qu'on
appelle le Penseur? - Eh bien, ce surnom n'est-il pas
plus beau que celui de sans cervelle? 7. - Oui, mais on dit
que tu ne penses qu'à ce qui se passe au haut des airs. -
8. - Eh bien, dit Socrate, sais-tu quelque chose de plus
haut que les dieux? - Ce n'est point des dieux, par Zeus,
que tu t'occupes, à ce qu'on raconte, mais de choses
entièrement inutiles 172. - Même en admettant le mot,
je m'occuperais encore des dieux; car c'est d'en haut
qu'ils nous sont utiles en faisant pleuvoir, c'est d'en haut
qu'ils nous dispensent la lumière. Si mon jeu de mots
est froid, ajouta-t-il, n'en accuse que toi qui me cherches
chicane. 9. -- Laissons cela, dit le Syracusain, et dis-moi
à combien de pieds de puce tu es éloigné de moi; ce
sont, dit-on, des choses que tu mesures. » A ce moment
Antisthène s'adressant à Philippe, lui dit : « Toi qui
excelles à faire des comparaisons, ne trouves-tu pas que
ce gaillard-là ressemble à un insolent? - Si, par Zeus,
répliqua Philippe, et il ressemble encore à bien d'autres
sortes de gens. 10. - Cependant, dit Socrate, ne fais pas
de comparaison à son sujet, si tu ne veux pas qu'on te
compare, toi aussi, à un insolent. - Mais si je le compare
à ceux qui sont parfaitement honnêtes, à l'élite des
hommes, on me comparera moi-même à un flatteur plutôt
qu'à un insolent, et l'on aura raison. - Même à présent,
tu ressembles à un insolent, quand tu dis qu'il est en
tout point meilleur qu'il n'est réellement. 11. - Alors
veux-tu que je le compare aux gens pires que lui? - Pas
plus qu'aux premiers. - Alors à personne? - Ne le compare
à personne en aucune manière. - Mais en gardant
le silence, je ne vois pas comment je pourrai faire ce que
je dois faire dans un banquet. - Tu le feras facilement
dit Socrate; tu n'as qu'à faire ce qu'il ne faut pas dire. »
Ainsi s'éteignit la noise causée par le vin.
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