Texte grec :
[23] (1) Ἔτει δὲ πέμπτῳ τῆς Τατίου βασιλείας οἰκεῖοί τινες αὐτοῦ
καὶ συγγενεῖς πρέσβεσιν ἀπὸ Λαυρέντου βαδίζουσιν εἰς Ῥώμην ἐντυχόντες καθ´ ὁδόν,
ἐπεχείρουν ἀφαιρεῖσθαι τὰ χρήματα βίᾳ, καὶ μὴ προϊεμένους ἀλλ´ ἀμυνομένους
ἀνεῖλον. (2) ἔργου δὲ δεινοῦ τολμηθέντος, ὁ μὲν Ῥωμύλος εὐθὺς δεῖν ᾤετο κολάζεσθαι
τοὺς ἀδικήσαντας, ὁ δὲ Τάτιος ἐξέκρουε καὶ παρῆγε. καὶ τοῦτο μόνον αὐτοῖς
ὑπῆρξεν αἴτιον ἐμφανοῦς διαφορᾶς· τὰ δ´ ἄλλα κατακοσμοῦντες ἑαυτούς, ὡς ἔνι
μάλιστα κοινῶς ἐχρῶντο καὶ μεθ´ ὁμονοίας τοῖς πράγμασιν. (3) οἱ δὲ τῶν ἀνῃρημένων
οἰκεῖοι πάσης ἐξειργόμενοι δίκης νομίμου διὰ τὸν Τάτιον, ἀποκτιννύουσιν αὐτὸν ἐν
Λαβινίῳ θύοντα μετὰ Ῥωμύλου προσπεσόντες, τὸν δὲ Ῥωμύλον ὡς δίκαιον ἄνδρα
προὔπεμψαν εὐφημοῦντες. ὁ δὲ τὸ μὲν σῶμα τοῦ Τατίου κομίσας ἐντίμως ἔθαψε, καὶ
κεῖται περὶ τὸ καλούμενον Ἀρμιλούστριον ἐν Ἀουεντίνῳ, τῆς δὲ δίκης τοῦ φόνου
παντάπασιν ἠμέλησεν. (4) ἔνιοι δὲ τῶν συγγραφέων ἱστοροῦσι, τὴν μὲν πόλιν τῶν
Λαυρεντίων φοβηθεῖσαν ἐκδιδόναι τοὺς αὐτόχειρας Τατίου, τὸν δὲ Ῥωμύλον ἀφεῖναι,
φήσαντα φόνον φόνῳ λελύσθαι. (5) τοῦτο δὲ λόγον μέν τινα παρέσχε καὶ ὑποψίαν, ὡς
ἀσμένῳ γέγονεν αὐτῷ τὸ τοῦ συνάρχοντος ἀπαλλαγῆναι, τῶν δὲ πραγμάτων οὐδὲν
διετάραξεν, οὐδὲ διεστασίασε τοὺς Σαβίνους, ἀλλ´ οἱ μὲν εὐνοίᾳ τῇ πρὸς αὐτόν, οἱ
δὲ φόβῳ τῆς δυνάμεως, οἱ δ´ ὡς θεῶν χρώμενον εἰς πᾶν εὐνοίᾳ θαυμάζοντες
διετέλουν. (6) Ἐθαύμαζον δὲ πολλοὶ καὶ τῶν ἐκτὸς ἀνθρώπων τὸν Ῥωμύλον, οἱ δὲ
προγενέστεροι Λατῖνοι πέμψαντες αὐτῷ φιλίαν ἐποιήσαντο καὶ συμμαχίαν. Φιδήνας δ´
εἷλεν, ἀστυγείτονα τῆς Ῥώμης πόλιν, ὡς μὲν ἔνιοί φασιν, ἐξαίφνης τοὺς ἱππέας
πέμψας καὶ κελεύσας ὑποτεμεῖν τῶν πυλῶν τοὺς στρόφιγγας, εἶτ´ ἐπιφανεὶς αὐτὸς
ἀπροσδοκήτως· ἕτεροι δὲ λέγουσι προτέρους ἐκείνους ἐμβαλόντας ἐλάσασθαί τε λείαν
καὶ καθυβρίσαι πολλὰ τὴν χώραν καὶ τὸ προάστειον, ἐνέδρας δὲ τὸν Ῥωμύλον θέμενον
αὐτοῖς καὶ διαφθείραντα πολλοὺς λαβεῖν τὴν πόλιν. (7) οὐ μὴν ἀνεῖλεν οὐδὲ
κατέσκαψεν, ἀλλὰ Ῥωμαίων ἐποίησεν ἀποικίαν, δισχιλίους καὶ πεντακοσίους
ἀποστείλας οἰκήτορας εἰδοῖς Ἀπριλλίαις.
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Traduction française :
[23] (1) Il y avait cinq ans que Tatius régnait, lorsque quelques-uns de ses parents et de ses
amis, ayant rencontré des ambassadeurs qui allaient de Laurente à Rome, voulurent leur
enlever de force tout ce qu'ils avaient; et comme ceux-ci ne se laissaient pas faire mais se
défendirent, ils furent massacrés. (2) Romulus voulait qu'un crime si atroce fût puni sur-le-
champ; mais Tatius traîna l'affaire en longueur, cherchant à gagner du temps. C'est la seule
occasion où on les vit publiquement en désaccord; jusque-là ils s'étaient conduits avec la plus
grande modération, et avaient agi de concert dans toutes les affaires. (3) Les parents de ceux
qui avaient été tués, désespérant d'obtenir justice à cause de l'intérêt que Tatius avait à ce
meurtre, se jetèrent sur lui un jour qu'il faisait avec Romulus un sacrifice à Lavinium, et le
tuèrent mais rendant hommage à l'équité de Romulus, ils le reconduisirent honorablement en
le comblant de louanges. Romulus rapporta le corps de Tatius, lui fit des obsèques convenant
à son rang, et l'enterra sur le mont Aventin, près du lieu appelé Armilustrium; mais il ne pensa
point à venger sa mort. (4) Quelques historiens racontent que la ville de Laurente, craignant sa
vengeance, lui livra les meurtriers, et qu'il les renvoya en disant que le meurtre avait été
justement puni par le meurtre. (5) Cette conduite fit soupçonner et dire qu'il était bien aise
d'être délivré d'un collègue. Mais elle n'excita aucun trouble ni aucun mouvement séditieux
parmi les Sabins. Les uns par l'amour qu'ils avaient pour lui; les autres par la crainte de sa
puissance; d'autres enfin, parce qu'ils le regardaient comme un dieu, persévérèrent dans les
sentiments de respect et d'admiration qu'ils avaient toujours eus pour lui. (6) Plusieurs peuples
étrangers lui payaient également ce tribut d'hommage. Les anciens Latins lui envoyèrent des
ambassadeurs pour faire avec lui un traité d'alliance et d'amitié. Il s'empara de Fidènes, ville
voisine de Rome. Les uns disent que ce fut par surprise; qu'il envoya d'abord un corps de
cavalerie pour en rompre les portes, et qu'il parut ensuite lui-même avec le reste de son armée.
D'autres prétendent que les Fidénates avaient lancé les premiers des attaques sur le territoire
de Rome, emmené du butin et fait beaucoup de dégât dans la campagne et la banlieue de la
ville. Romulus, qui leur avait dressé une embuscade, tomba sur eux à leur retour, et prit leur
ville, (7) qu'il ne fit cependant pas détruire. Il y établit une colonie romaine, et y envoya, le
jour des ides d'avril, deux mille cinq cents citoyens pour l'habiter.
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