Texte grec :
[14] (1) Τετάρτῳ δὲ μηνὶ μετὰ τὴν κτίσιν, ὡς Φάβιος ἱστορεῖ, τὸ περὶ
τὴν ἁρπαγὴν ἐτολμήθη τῶν γυναικῶν. καὶ λέγουσι μὲν ἔνιοι τὸν Ῥωμύλον αὐτὸν τῇ
φύσει φιλοπόλεμον ὄντα, καὶ πεπεισμένον ἔκ τινων ἄρα λογίων ὅτι τὴν Ῥώμην
πέπρωται πολέμοις τρεφομένην καὶ αὐξομένην γενέσθαι μεγίστην, βίας ὑπάρξαι πρὸς
τοὺς Σαβίνους· οὐδὲ γὰρ πολλάς, ἀλλὰ τριάκοντα μόνας παρθένους λαβεῖν αὐτόν, ἅτε
δὴ πολέμου μᾶλλον ἢ γάμων δεόμενον. (2) τοῦτο δ´ οὐκ εἰκός· ἀλλὰ τὴν μὲν πόλιν ὁρῶν
ἐποίκων εὐθὺς ἐμπιπλαμένην, ὧν ὀλίγοι γυναῖκας εἶχον, οἱ δὲ πολλοὶ μιγάδες ἐξ
ἀπόρων καὶ ἀφανῶν ὄντες ὑπερεωρῶντο καὶ προσεδοκῶντο μὴ συμμενεῖν βεβαίως,
ἐλπίζων δὲ πρὸς τοὺς Σαβίνους τρόπον τινὰ συγκράσεως καὶ κοινωνίας ἀρχὴν αὐτοῖς
τὸ ἀδίκημα ποιήσειν ὁμηρευσαμένοις τὰς γυναῖκας, ἐπεχείρησε τῷ ἔργῳ τόνδε τὸν
τρόπον. (3) διεδόθη λόγος ὑπ´ αὐτοῦ πρῶτον, ὡς θεοῦ τινος ἀνευρήκοι βωμὸν ὑπὸ γῆς
κεκρυμμένον. ὠνόμαζον δὲ τὸν θεὸν Κῶνσον, εἴτε βουλαῖον ὄντα (κωνσίλιον γὰρ ἔτι
νῦν τὸ συμβούλιον καλοῦσι καὶ τοὺς ὑπάτους κώνσουλας οἷον προβούλους), εἴθ´
ἵππιον Ποσειδῶ. (4) καὶ γὰρ ὁ βωμὸς ἐν τῷ μείζονι τῶν ἱπποδρόμων ἐστίν, ἀφανὴς τὸν
ἄλλον χρόνον, ἐν δὲ τοῖς ἱππικοῖς ἀγῶσιν ἀνακαλυπτόμενος. οἱ δὲ καὶ ὅλως φασί,
τοῦ βουλεύματος ἀπορρήτου καὶ ἀφανοῦς ὄντος, ὑπόγειον οὐκ ἀλόγως τῷ θεῷ βωμὸν
γενέσθαι καὶ κεκρυμμένον. (5) ὡς δ´ ἀνεφάνη, θυσίαν τε λαμπρὰν ἐπ´ αὐτῷ καὶ ἀγῶνα
καὶ θέαν ἐκ καταγγελίας ἐπετέλει πανηγυρικήν. καὶ πολλοὶ μὲν ἄνθρωποι συνῆλθον,
αὐτὸς δὲ προὐκάθητο μετὰ τῶν ἀρίστων, ἁλουργίδι κεκοσμημένος. ἦν δὲ τοῦ καιροῦ
τῆς ἐπιχειρήσεως σύμβολον, ἐξαναστάντα τὴν ἁλουργίδα διαπτύξαι καὶ
περιβαλέσθαι πάλιν. (6) ἔχοντες οὖν ξίφη πολλοὶ προσεῖχον αὐτῷ, καὶ τοῦ σημείου
γενομένου, σπασάμενοι τὰ ξίφη καὶ μετὰ βοῆς ὁρμήσαντες, ἥρπαζον τὰς θυγατέρας
τῶν Σαβίνων, αὐτοὺς δὲ φεύγοντας εἴων καὶ παρίεσαν. (7) ἁρπασθῆναι δέ φασιν οἱ μὲν
τριάκοντα μόνας, ἀφ´ ὧν καὶ τὰς φρατρίας ὀνομασθῆναι· Οὐαλέριος δ´ Ἀντίας ἑπτὰ
καὶ εἴκοσι καὶ πεντακοσίας, Ἰόβας δὲ τρεῖς καὶ ὀγδοήκοντα καὶ ἑξακοσίας,
παρθένους. ὃ μέγιστον ἦν ἀπολόγημα τῷ Ῥωμύλῳ· γυναῖκα γὰρ οὐ λαβεῖν ἀλλ´ ἢ μίαν
Ἑρσιλίαν, διαλαθοῦσαν αὐτούς, ἅτε δὴ μὴ μεθ´ ὕβρεως μηδ´ ἀδικίας ἐλθόντας ἐπὶ
τὴν ἁρπαγήν, ἀλλὰ συμμεῖξαι καὶ συναγαγεῖν εἰς ταὐτὸ τὰ γένη ταῖς μεγίσταις
ἀνάγκαις διανοηθέντας. (8) τὴν δ´ Ἑρσιλίαν οἱ μὲν Ὁστίλιον γῆμαι λέγουσιν, ἄνδρα
Ῥωμαίων ἐπιφανέστατον, οἱ δ´ αὐτὸν Ῥωμύλον, καὶ γενέσθαι καὶ παῖδας αὐτῷ, μίαν
μὲν θυγατέρα Πρίμαν, τῇ τάξει τῆς γενέσεως οὕτω προσαγορευθεῖσαν, ἕνα δ´ υἱὸν
μόνον, ὃν Ἀόλλιον μὲν ἐκεῖνος ἀπὸ τῆς γενομένης ἀθροίσεως ὑπ´ αὐτοῦ τῶν πολιτῶν
ὠνόμασεν, οἱ δ´ ὕστερον Ἀβίλλιον. ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἱστορῶν Ζηνόδοτος ὁ Τροιζήνιος
πολλοὺς ἔχει τοὺς ἀντιλέγοντας.
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Traduction française :
[14] (1) Ce fut dans le quatrième mois après la fondation de Rome, selon Fabius Pictor, que
Romulus exécuta l'entreprise hardie de l'enlèvement des Sabines. Certains auteurs croient que,
porté naturellement à la guerre, persuadé d'ailleurs, sur la foi de certains oracles, que les
destins promettaient à Rome la plus grande puissance si elle était nourrie et élevée dans les
armes, ce prince prit l'initiative de cette violence contre les Sabins en n'enlevant qu'un petit
nombre de femmes, trente seulement, parce qu'il avait plus besoin de guerre que de mariages.
(2) Mais il est plus vraisemblable que, voyant sa ville remplie d'étrangers, dont très peu
avaient des femmes, et dont le reste n'était qu'un mélange confus de gens pauvres et obscurs
qui, méprisés par les autres, ne paraissaient pas devoir lui être longtemps attachés, il espéra
que cette violence pourrait être pour eux un commencement d'alliance avec des Sabins,
lorsqu'ils seraient parvenus à apaiser leurs femmes. Voici comment il exécuta ce projet. (3) Il
fit d'abord répandre le bruit qu'il avait découvert, caché sous la terre, l'autel d'un dieu. Son
nom était Consus, c'est-à-dire le dieu du conseil car les Romains donnent le nom de conseil à
leurs assemblées publiques et à leurs premiers magistrats celui de consuls, c'est-à-dire
conseillers. D'autres veulent que ce dieu soit Neptune Équestre. (4) Cet autel en effet, placé
dans le grand cirque, reste toujours couvert, sauf pendant les courses de chevaux, où on le
découvre. D'autres affirment que les conseils devant être toujours secrets, c'est avec raison
qu'ils tiennent couvert l'autel du dieu qui les donne. (5) Lorsque cette découverte fut connue,
Romulus fit publier qu'à certain jour il ferait un sacrifice solennel, suivi de spectacles et de
jeux. On s'y rendit en foule de toutes parts. Romulus, vêtu de pourpre et entouré des
principaux citoyens, était assis dans le lieu le plus élevé. Il avait donné pour signal le geste,
qu'il ferait en se levant, de prendre les pans de sa robe et de s'en envelopper. (6) Un grand
nombre de soldats armés tenaient les yeux fixés sur lui. Le signal est à peine donné, que, tirant
leurs épées, ils s'élancent au milieu de la foule en jetant de grands cris, enlèvent les filles des
Sabins, et laissent ceux-ci s'enfuir sans les poursuivre. (7) Parmi les historiens, les uns
prétendent que trente jeunes filles seulement furent enlevées; et que les curies ont pris leurs
noms. Valérius Antias porte le chiffre à cinq cent vingt-sept, et Juba, à six cent quatre-vingt-
trois. La meilleure justification de la conduite de Romulus, c'est qu'on ne prît qu'une femme
mariée, Hersilie; encore est-ce par inadvertance; car ni la passion, ni le désir de nuire
n'inspiraient cet enlèvement aux Romains; ils voulaient simplement mêler et fondre les deux
nations par les alliances les plus intimes. (8) Hersilie, d'après les uns, épousa Hostilius,
l'homme le plus en vue de Rome; d'après les autres, Romulus lui-même, à qui elle donna des
enfants, une fille, qui fut appelée Prima, parce qu'elle naquit la première, et un seul fils, que le
roi nomma, en raison de l'affluence des citoyens à son appel, Aollius, dont la postérité a fait
Avillius. Mais ces détails, dus à l'historien, Zénodote de Trézène, sont contredits par
beaucoup d'auteurs.
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