HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Cicéron

σωτηρίας



Texte grec :

[22] Ἐχώρει δὲ μετὰ τῆς βουλῆς ἐπὶ τοὺς ἄνδρας. οὐκ ἐν ταὐτῷ δὲ πάντες ἦσαν, ἄλλος δ´ ἄλλον ἐφύλαττε τῶν στρατηγῶν. καὶ πρῶτον ἐκ Παλατίου παραλαβὼν τὸν Λέντλον ἦγε διὰ τῆς ἱερᾶς ὁδοῦ καὶ τῆς ἀγορᾶς μέσης, τῶν μὲν ἡγεμονικωτάτων ἀνδρῶν κύκλῳ περιεσπειραμένων καὶ δορυφορούντων, τοῦ δὲ δήμου φρίττοντος τὰ δρώμενα καὶ παριέντος σιωπῇ, μάλιστα δὲ τῶν νέων, ὥσπερ ἱεροῖς τισι πατρίοις ἀριστοκρατικῆς τινος ἐξουσίας τελεῖσθαι μετὰ φόβου καὶ θάμβους δοκούντων. διελθὼν δὲ τὴν ἀγορὰν καὶ γενόμενος πρὸς τῷ δεσμωτηρίῳ, παρέδωκε τὸν Λέντλον τῷ δημίῳ καὶ προσέταξεν ἀνελεῖν, εἶθ´ ἑξῆς τὸν Κέθηγον, καὶ οὕτω τῶν ἄλλων ἕκαστον καταγαγὼν ἀπέκτεινεν. ὁρῶν δὲ πολλοὺς ἔτι τῶν ἀπὸ τῆς συνωμοσίας ἐν ἀγορᾷ συνεστῶτας ἀθρόους, καὶ τὴν μὲν πρᾶξιν ἀγνοοῦντας, τὴν δὲ νύκτα προσμένοντας, ὡς ἔτι ζώντων τῶν ἀνδρῶν καὶ δυναμένων ἐξαρπαγῆναι, φθεγξάμενος μέγα πρὸς αὐτοὺς „ἔζησαν“ εἶπεν? οὕτω δὲ Ῥωμαίων οἱ δυσφημεῖν μὴ βουλόμενοι τὸ τεθνάναι σημαίνουσιν. ἤδη δ´ ἦν ἑσπέρα, καὶ δι´ ἀγορὰς ἀνέβαινεν εἰς τὴν οἰκίαν, οὐκέτι σιωπῇ τῶν πολιτῶν οὐδὲ τάξει προπεμπόντων αὐτόν, ἀλλὰ φωναῖς καὶ κρότοις δεχομένων καθ´ οὓς γένοιτο, σωτῆρα καὶ κτίστην ἀνακαλούντων τῆς πατρίδος. τὰ δὲ φῶτα πολλὰ κατέλαμπε τοὺς στενωπούς, λαμπάδια καὶ δᾷδας ἱστάντων ἐπὶ ταῖς θύραις. αἱ δὲ γυναῖκες ἐκ τῶν τεγῶν προὔφαινον ἐπὶ τιμῇ καὶ θέᾳ τοῦ ἀνδρός, ὑπὸ πομπῇ τῶν ἀρίστων μάλα σεμνῶς ἀνιόντος? ὧν οἱ πλεῖστοι πολέμους τε κατειργασμένοι μεγάλους καὶ διὰ θριάμβων εἰσεληλακότες καὶ προσεκτημένοι γῆν καὶ θάλατταν οὐκ ὀλίγην, ἐβάδιζον ἀνομολογούμενοι πρὸς ἀλλήλους, πολλοῖς μὲν τῶν τόθ´ ἡγεμόνων καὶ στρατηγῶν πλούτου καὶ λαφύρων καὶ δυνάμεως χάριν ὀφείλειν τὸν Ῥωμαίων δῆμον, ἀσφαλείας δὲ καὶ σωτηρίας ἑνὶ μόνῳ Κικέρωνι, τηλικοῦτον ἀφελόντι καὶ τοσοῦτον αὐτοῦ κίνδυνον. οὐ γὰρ τὸ κωλῦσαι τὰ πραττόμενα καὶ κολάσαι τοὺς πράττοντας ἐδόκει θαυμαστόν, ἀλλ´ ὅτι μέγιστον τῶν πώποτε νεωτερισμῶν οὗτος ἐλαχίστοις κακοῖς ἄνευ στάσεως καὶ ταραχῆς κατέσβεσε. καὶ γὰρ τὸν Κατιλίναν οἱ πλεῖστοι τῶν συνερρυηκότων πρὸς αὐτὸν ἅμα τῷ πυθέσθαι τὰ περὶ Λέντλον καὶ Κέθηγον ἐγκαταλιπόντες ᾤχοντο, καὶ μετὰ τῶν συμμεμενηκότων αὐτῷ διαγωνισάμενος πρὸς Ἀντώνιον αὐτός τε διεφθάρη καὶ τὸ στρατόπεδον.

Traduction française :

[22] XXII. Il se rendit alors, à la tête du sénat, aux lieux où étaient les complices; car on ne les avait pas tous mis dans la même maison; chaque préteur en avait un sous sa garde. Il alla d'abord au mont Palatin prendre Lentulus, qu'il conduisit par la rue Sacrée, et à travers la place; il était escorté des principaux de la ville qui lui servaient de gardes, et d'une foule immense de peuple qui, le suivant en silence, frissonnait d'horreur sur l'exécution qu'on allait faire. Les jeunes gens surtout assistaient, avec un étonnement mêlé de frayeur, à cette espèce de mystère politique que la noblesse faisait célébrer pour le salut de la patrie. Lorsqu'il eut traversé la place et qu'il fut arrivé à la prison, il livra Lentulus à l'exécuteur, et lui ordonna de le mettre à mort; il y amena ensuite Céthégus et les autres conjurés, qui subirent tous le dernier supplice. Cicéron, en repassant sur la place, vit plusieurs complices de la conjuration qui s'y étaient rassemblés, et qui, ignorant la punition des conjurés, attendaient la nuit pour enlever les prisonniers, qu'ils croyaient encore en vie. Cicéron leur cria à haute voix : Ils ont vécu; manière de parler dont se servent les Romains, pour éviter des paroles funestes, et ne pas dire : Ils sont morts. La nuit approchait, et Cicéron traversait la place pour retourner chez lui, non au milieu d'un peuple en silence et marchant dans le plus grand ordre , mais entouré de la multitude des citoyens, qui, confondus ensemble, le couvraient d'acclamations et d'applaudissements, et l'appelaient le sauveur, le nouveau fondateur de Rome. Toutes les rues étaient garnies de lampes et de flambeaux que chacun allumait devant sa maison ; les femmes éclairaient aussi du haut des toits pour lui faire honneur et pour le contempler, conduit en triomphe, avec une sorte de vénération, par les principaux personnages de Rome, qui tous avaient ou terminé des guerres importantes, ou donné à la ville le spectacle des plus magnifiques triomphes, ou conquis à l'empire romain une vaste étendue de terres et de mers. Ils marchaient à la suite de Cicéron se faisant mutuellement l'aveu que le peuple romain devait aux victoires d'une foule de généraux et de capitaines de l'or et de l'argent, de riches dépouilles, et une grande puissance, mais que Cicéron était le seul qui eût assuré son salut et sa tranquillité, en éloignant de sa patrie un si affreux danger. Ce qu'on trouvait de plus admirable, ce n'était pas d'avoir prévenu l'exécution d'un horrible complot, et d'avoir fait punir les coupables ; mais d'avoir su, par les moyens les moins violents, étouffer la plus vaste conjuration qui eût jamais été formée, et de l'avoir éteinte sans sédition et sans trouble. Car le plus grand nombre de ceux que Catilina avait rassemblés autour de lui n'eurent pas plutôt appris le supplice de Lentulus et de Céthégus, qu'ils abandonnèrent leur chef; et lui-même ayant combattu contre Antoine avec ceux qui lui étaient restés fidèles, fut défait et périt avec toute son armée.





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Dernière mise à jour : 9/03/2005