Texte grec :
[16] Ἐπεὶ δὲ ταύτην λαβὼν τὴν ἐξουσίαν ὁ Κικέρων τὰ
μὲν ἔξω πράγματα Κοΐντῳ Μετέλλῳ διεπίστευσε, τὴν δὲ
πόλιν εἶχε διὰ χειρὸς καὶ καθ´ ἡμέραν προῄει δορυφορούμενος
ὑπ´ ἀνδρῶν τοσούτων τὸ πλῆθος, ὥστε τῆς ἀγορᾶς
πολὺ μέρος κατέχειν ἐμβάλλοντος αὐτοῦ τοὺς παραπέμποντας,
οὐκέτι καρτερῶν τὴν μέλλησιν ὁ Κατιλίνας, αὐτὸς
μὲν ἐκπηδᾶν ἔγνω πρὸς τὸν Μάλλιον ἐπὶ τὸ στράτευμα, καὶ
Μάρκιον δὲ καὶ Κέθηγον ἐκέλευσε ξίφη λαβόντας ἐλθεῖν
ἐπὶ τὰς θύρας ἕωθεν ὡς ἀσπασομένους τὸν Κικέρωνα καὶ
διαχρήσασθαι προσπεσόντας. τοῦτο Φουλβία, γυνὴ τῶν
ἐπιφανῶν, ἐξήγγειλε τῷ Κικέρωνι, νυκτὸς ἐλθοῦσα καὶ
διακελευσαμένη φυλάττεσθαι τοὺς περὶ τὸν Κέθηγον. οἱ
δ´ ἧκον ἅμ´ ἡμέρᾳ, καὶ κωλυθέντες εἰσελθεῖν ἠγανάκτουν
καὶ κατεβόων ἐπὶ ταῖς θύραις, ὥσθ´ ὑποπτότεροι γενέσθαι.
προελθὼν δ´ ὁ Κικέρων ἐκάλει τὴν σύγκλητον εἰς τὸ
τοῦ Στησίου Διὸς ἱερόν, ὃν Στάτορα Ῥωμαῖοι καλοῦσιν,
ἱδρυμένον ἐν ἀρχῇ τῆς ἱερᾶς ὁδοῦ πρὸς τὸ Παλάτιον ἀνιόντων.
ἐνταῦθα καὶ τοῦ Κατιλίνα μετὰ τῶν ἄλλων ἐλθόντος
ὡς ἀπολογησομένου, συγκαθίσαι μὲν οὐδεὶς ὑπέμεινε τῶν
συγκλητικῶν, ἀλλὰ πάντες ἀπὸ τοῦ βάθρου μετῆλθον.
ἀρξάμενος δὲ λέγειν ἐθορυβεῖτο, καὶ τέλος ἀναστὰς ὁ
Κικέρων προσέταξεν αὐτῷ τῆς πόλεως ἀπαλλάττεσθαι?
δεῖν γὰρ αὐτοῦ μὲν ἐν λόγοις, ἐκείνου δ´ ἐν ὅπλοις πολιτευομένου,
μέσον εἶναι τὸ τεῖχος. ὁ μὲν οὖν Κατιλίνας
εὐθὺς ἐξελθὼν μετὰ τριακοσίων ὁπλοφόρων, καὶ περιστησάμενος
αὑτῷ ῥαβδουχίας ὡς ἄρχοντι καὶ πελέκεις
καὶ σημαίας ἐπαράμενος, πρὸς τὸν Μάλλιον ἐχώρει, καὶ
δισμυρίων ὁμοῦ τι συνηθροισμένων ἐπῄει τὰς πόλεις
ἀφιστὰς καὶ ἀναπείθων, ὥστε τοῦ πολέμου φανεροῦ γεγονότος
τὸν Ἀντώνιον ἀποσταλῆναι διαμαχούμενον.
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Traduction française :
[16] XVI. Cicéron, investi de ce pouvoir absolu, confia à Quintus Métellus
les affaires du dehors, et se chargea lui-même de celles de la ville :
depuis, il ne marcha plus dans Rome qu'escorté d'un si grand nombre
de citoyens, que lorsqu'il se rendait sur la place, elle était presque remplie
de la foule qui le suivait.
Catilina, qui ne pouvait plus différer, résolut de se rendre promptement
au camp de Mallius; mais, avant que de quitter Rome, il chargea
Marcius et Céthégus d'aller, dès le matin, avec des poignards, à la porte
de Cicéron comme pour le saluer, de se jeter sur lui et de le tuer. Une
femme de grande naissance, nommée Fulvie, alla la nuit chez Cicéron
pour lui faire part de ce complot, et l'exhorta à se tenir en garde contre
Céthégus. Les deux conjurés se rendirent en effet, dès la pointe du jour,
à la porte de Cicéron; et comme on leur en refusa l'entrée, ils s'en plaignirent
hautement, et firent beaucoup de bruit à la porte; ce qui augmenta encore
les soupçons qu'on avait contre eux. Cicéron étant sorti, assembla le sénat
dans le temple de Jupiter Stator, qu'on trouve à l'entrée de la rue Sacrée,
en allant au mont Palatin.
Catilina s'y rendit, dans l'intention de se justifier ; mais aucun des sénateurs
ne voulut rester auprès de lui; ils quittèrent tous le banc sur lequel il
s'était assis. Il commença néanmoins à parler; mais il fut tellement interrompu,
qu'il ne put se faire entendre. Cicéron alors se lève, et lui ordonne
de sortir de la ville. «Puisque je n'emploie, lui dit-il, dans le gouvernement
que la force de la parole, et que vous faites usage de celle des armes,
il faut qu'il y ait entre nous des murailles qui nous séparent.»
Catilina sortit sur-le-champ de Rome, à la tête de trois cents hommes armés,
précédé de licteurs avec leurs faisceaux; on portait devant lui les enseignes
romaines, comme s'il eût été revêtu du commandement militaire et il se
rendit en cet état au camp de Mallius. Là, après avoir assemblé une armée
de vingt mille hommes, il parcourut les villes voisines, pour les porter à
la révolte. Cette démarche étant une déclaration formelle de guerre, le consul
Antoine fut envoyé pour le combattre.
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