[19] Ἅμα δ´ ἡμέρᾳ βουλὴν ἀθροίσας εἰς τὸ τῆς Ὁμονοίας
ἱερόν, ἐξανέγνω τὰ γράμματα καὶ τῶν μηνυτῶν διήκουσεν.
ἔφη δὲ καὶ Σιλανὸς Ἰούνιος ἀκηκοέναι τινὰς Κεθήγου
λέγοντος, ὡς ὕπατοί τε τρεῖς καὶ στρατηγοὶ τέτταρες ἀναιρεῖσθαι
μέλλουσι. τοιαῦτα δ´ ἕτερα καὶ Πείσων, ἀνὴρ
ὑπατικός, εἰσήγγειλε. Γάιος δὲ Σουλπίκιος, εἷς τῶν στρατηγῶν,
ἐπὶ τὴν οἰκίαν πεμφθεὶς τοῦ. Κεθήγου, πολλὰ μὲν
ἐν αὐτῇ βέλη καὶ ὅπλα, πλεῖστα δὲ ξίφη καὶ μαχαίρας εὗρε,
νεοθήκτους ἁπάσας. τέλος δὲ τῷ Κροτωνιάτῃ ψηφισαμένης
ἄδειαν ἐπὶ μηνύσει τῆς βουλῆς, ἐξελεγχθεὶς ὁ Λέντλος
ἀπωμόσατο τὴν ἀρχήν—στρατηγῶν γὰρ ἐτύγχανε—, καὶ
τὴν περιπόρφυρον ἐν τῇ βουλῇ καταθέμενος, διήλλαξεν
ἐσθῆτα τῇ συμφορᾷ πρέπουσαν. οὗτος μὲν οὖν καὶ οἱ σὺν
αὐτῷ παρεδόθησαν εἰς ἄδεσμον φυλακὴν τοῖς στρατηγοῖς.
ἤδη δ´ ἑσπέρας οὔσης καὶ τοῦ δήμου παραμένοντος ἀθρόως,
προελθὼν ὁ Κικέρων καὶ φράσας τὸ πρᾶγμα τοῖς πολίταις
καὶ προπεμφθείς, παρῆλθεν εἰς οἰκίαν φίλου γειτνιῶντος,
ἐπεὶ τὴν ἐκείνου γυναῖκες κατεῖχον ἱεροῖς ἀπορρήτοις
ὀργιάζουσαι θεόν, ἣν Ῥωμαῖοι μὲν Ἀγαθήν, Ἕλληνες
δὲ Γυναικείαν ὀνομάζουσι. θύεται δ´ αὐτῇ κατ´ ἐνιαυτὸν
ἐν τῇ οἰκίᾳ τοῦ ὑπάτου διὰ γυναικὸς ἢ μητρὸς αὐτοῦ,
τῶν Ἑστιάδων παρθένων παρουσῶν. εἰσελθὼν οὖν ὁ
Κικέρων καὶ γενόμενος καθ´ αὑτόν, ὀλίγων παντάπασιν
αὐτῷ παρόντων, ἐφρόντιζεν ὅπως χρήσαιτο τοῖς ἀνδράσι.
τήν τε γὰρ ἄκραν καὶ προσήκουσαν ἀδικήμασι τηλικούτοις
τιμωρίαν ἐξηυλαβεῖτο καὶ κατώκνει δι´ ἐπιείκειαν ἤθους
ἅμα καὶ ὡς μὴ δοκοίη τῆς ἐξουσίας ἄγαν ἐμφορεῖσθαι καὶ
πικρῶς ἐπεμβαίνειν ἀνδράσι γένει τε πρώτοις καὶ φίλους
δυνατοὺς ἐν τῇ πόλει κεκτημένοις, μαλακώτερον δὲ χρησάμενος
ὠρρώδει τὸν ἀπ´ αὐτῶν κίνδυνον. οὐ γὰρ ἀγαπήσειν
μετριώτερόν τι θανάτου παθόντας, ἀλλ´ εἰς ἅπαν
ἀναρραγήσεσθαι τόλμης, τῇ παλαιᾷ κακίᾳ νέαν ὀργὴν προσλαβόντας,
αὐτός τε δόξειν ἄνανδρος καὶ μαλακός, οὐδ´
ἄλλως δοκῶν εὐτολμότατος εἶναι τοῖς πολλοῖς.
| [19] XIX. Orto primum sole in templum Concordiae senatum
conuocauit, ibique et literas recitauit, et indicia deferentibus
audientiam fecit. Retulit etiam Iunius Silanus, esse
qui audierint Cethegum dicentem, tres consules et quattuor
praetores interfectum iri; et his germana Piso uir consularis.
C- autem Sulpicius praetor in domum Cethegi missus,
multa ibi iacula et arma, plurimos gladios sicasque recens
acutas reperit. Tandem Crotoniata accepta publica fide
in senatu omnem rem exposuit. lta conuictus Lentulus
praeturam eiurauit, depositaque in senatu praetexta, uestem
fortunae suae conuenientem sumpsit, isque et socii eius in
liberam custodiam praetoribus traditi sunt. Quum iam
aduesperasset populusque frequens exspectaret, progressus
Cicero ciuibus rem narrauit, ab iisque in domum amici
cuiusdam uicini deductus est; suam enim mulieres obtinebant,
arcana Bonae Deae, quam Graeci dicunt g-Gunaikeian (i- e-
Muliebrem), sacra celebrantes. Fit hoc quotannis in domo
consulis et sacrificium praesentibus Vestalibus a matre uel
uxore consulis peragitur. Ingressus eam in domum Cicero,
paucis admodum praesentibus, secum quomodo
agendum cum deprehensis esset deliberabat. Nam et ab
extremo et tali facinore digno supplicio abhorrebat, quum
ob innatam humanitatem, tum quod uerebatur ne potestate
sua luxuriare insolentiusque insultare uideretur uiria
nobilissimis et amicos potentes in urbe habentibus; et si
clementius eos tractasset, imminens ab iis periculum reformidabat.
Videbat enim non quieturos eos leuiore gnam
capitali affectos poena, sed accedente ad ueterem nequitiam
noua ira quiduis ausuros; tum se, qui alioquin parum animosus
haberetur, mollem timidumque uulgo iudicatum iri.
| [19] XIX. Cicéron, dès le matin, assembla le sénat dans le temple de la
Concorde, fit la lecture des lettres qu'on avait saisies, et entendit les
dépositions. Julius Silanus déclara que plusieurs personnes avaient entendu
dire à Céthégus qu'il y aurait trois consuls et quatre préteurs d'égorgés.
Pison, homme consulaire, fit une déposition à peu près semblable;
et Caïus Sulpicius, l'un des préteurs, qui fut envoyé dans la maison de
Céthégus, y trouva une grande quantité d'armes et de traits, surtout
d'épées et de poignards, fraîchement aiguisés. Le Crotoniate, sur la
promesse de l'impunité que lui fit le sénat s'il voulait tout avouer,
convainquit si bien Lentulus, qu'il se démit sur-le-champ de la préture,
quitta, dans le sénat même, sa robe de pourpre, en prit une plus conforme
à sa situation présente, et fut remis avec ses complices à la garde des préteurs,
dont les maisons leur servirent de prison. Comme il était déjà tard,
et que le peuple attendait en foule à la porte du sénat, Cicéron sortit du temple,
et fit part à tous les citoyens de ce qui s'était passé. Le peuple le reconduisit
jusqu'à la maison voisine d'un de ses amis, parce qu'il avait laissé la sienne
aux femmes romaines, pour y célébrer les mystères secrets de la déesse
qu'on appelle à Rome la Bonne-Déesse, et à qui les Grecs donnent le nom
de Gynécée; car tous les ans la femme ou la mère du consul font à
cette divinité, dans la maison du premier magistrat, un sacrifice solennel,
en présence des vestales.
Cicéron étant entré dans la maison de son ami, et n'ayant avec lui que
très peu de personnes, réfléchit sur la conduite qu'il devait tenir
envers les conjurés. La douceur de son caractère, la crainte qu'on ne l'accusât
d'avoir abusé de son pouvoir, en punissant, avec la dernière rigueur,
des hommes d'une naissance si illustre, et qui avaient dans Rome des amis
puissants, le faisaient balancer à leur infliger la peine que méritait l'énormité
de leurs crimes : d'un autre côté, en les traitant avec douceur, il frémissait
du danger auquel la ville serait exposée; les conjurés, comptant
pour peu d'avoir évité la mort, s'irriteraient de la peine plus légère qu'on leur
ferait subir; et ajoutant à leur ancienne méchanceté ce nouveau ressentiment,
ils se porteraient aux derniers excès de l'audace : il passerait lui-même
pour un lâche dans l'esprit du peuple, qui déjà n'avait pas une grande
idée de sa hardiesse.
|