[17] Τοὺς δ´ ὑπολειφθέντας ἐν τῇ πόλει τῶν διεφθαρμένων
ὑπὸ τοῦ Κατιλίνα συνῆγε καὶ παρεθάρρυνε Κορνήλιος
Λέντλος Σούρας ἐπίκλησιν, ἀνὴρ γένους μὲν ἐνδόξου,
βεβιωκὼς δὲ φαύλως καὶ δι´ ἀσέλγειαν ἐξεληλαμένος τῆς
βουλῆς πρότερον, τότε δὲ στρατηγῶν τὸ δεύτερον, ὡς
ἔθος ἐστὶ τοῖς ἐξ ὑπαρχῆς ἀνακτωμένοις τὸ βουλευτικὸν
ἀξίωμα. λέγεται δὲ καὶ τὴν ἐπίκλησιν αὐτῷ γενέσθαι τὸν
Σούραν ἐξ αἰτίας τοιαύτης. ἐν τοῖς κατὰ Σύλλαν χρόνοις
ταμιεύων, συχνὰ τῶν δημοσίων χρημάτων ἀπώλεσε καὶ
διέφθειρεν. ἀγανακτοῦντος δὲ τοῦ Σύλλα καὶ λόγον ἀπαιτοῦντος
ἐν τῇ συγκλήτῳ, προελθὼν ὀλιγώρως πάνυ
καὶ καταφρονητικῶς, λόγον μὲν οὐκ ἔφη διδόναι, παρεῖχε
δὲ τὴν κνήμην, ὥσπερ εἰώθασιν οἱ παῖδες ὅταν ἐν τῷ σφαιρίζειν
διαμάρτωσιν. ἐκ τούτου Σούρας παρωνομάσθη? σούραν
γὰρ Ῥωμαῖοι τὴν κνήμην λέγουσι. πάλιν δὲ δίκην
ἔχων καὶ διαφθείρας ἐνίους τῶν δικαστῶν, ἐπεὶ δυσὶ μόναις
ἀπέφυγε ψήφοις, ἔφη παρανάλωμα γεγονέναι τὸ θατέρῳ
κριτῇ δοθέν? ἀρκεῖν γὰρ εἰ καὶ μιᾷ ψήφῳ μόνον ἀπελύθη.
τοῦτον ὄντα τῇ φύσει τοιοῦτον καὶ κεκινημένον ὑπὸ τοῦ
Κατιλίνα προσδιέφθειραν ἐλπίσι κεναῖς ψευδομάντεις
τινὲς καὶ γόητες, ἔπη πεπλασμένα καὶ χρησμοὺς ᾄδοντες
ὡς ἐκ τῶν Σιβυλλείων, προδηλοῦντας εἱμαρμένους εἶναι
τῇ Ῥώμῃ Κορνηλίους τρεῖς μονάρχους, ὧν δύο μὲν ἤδη
πεπληρωκέναι τὸ χρεών, Κίνναν τε καὶ Σύλλαν, τρίτῳ δὲ
λοιπῷ Κορνηλίων ἐκείνῳ φέροντα τὴν μοναρχίαν ἥκειν
τὸν δαίμονα, καὶ δεῖν πάντως δέχεσθαι καὶ μὴ διαφθείρειν
μέλλοντα τοὺς καιροὺς ὥσπερ Κατιλίναν.
| [17] XVlI. Qui in urbe relicti erant ciues a Catilina corrupti,
eos continebat atque confirmabat Cornelius Lentulus, Sura
cognomento, illustri natus familia, sed uitae inhoneste actae,
et qui ob libidines senatu ante eiectus, tunc (qui mos est
recuperantibus senatoriam dignitatem) iterum praeturam
gerebat. Fertur cognomentum Surae hoc modo adeptus.
Quum sub Sulla quaestor multum publicae pecuniae interuertisset,
idque Sulla indigne ferret inque senatu rationem ab
eo exigeret : progressus contemptim atque incuriose plane,
rationem se redditurum negauit, suram autem praebiturum,
id quod pueri solent quum in lusione pilae errauerunt. Inde
Sura dictus est. Alio tempore quum reus esset, ac corruptis
pecunia quibusdam iudicibus, suffragiis duobus absolueretur :
inutiles se sumptus in altero iudicum corrumpendo
fecisse dixit, satisque fuisse, si una sententia absolueretur.
Hunc tali ingenio praditum et a Catilina
excitatum, insuper uana spe et confictis uaticinationibus
impostores quidam et praestigiatores perdebant, oracula
ementita pro Sibyllinis uersibus cantantes, quibus indicaretur
in fatis esse, uti tres Cornelii Romae omnium domini
essent, ex his duos Cinnam et Sullam expleuisse iam fatum,
tertio illi, qui superesset, Cornelio diuinitus dominationem
offerri; modo acciperet, neque cunctando, ut Catilina, occasiones
perderet.
| [17] XVII. Ceux qui, corrompus par Catilina, étaient restés à Rome, furent
assemblés par Cornélius Lentulus, surnommé Sura, afin de les encourager
à suivre leur entreprise. C'était un homme de la plus haute naissance, mais
que l'infamie de sa conduite et ses débauches avaient fait chasser
du sénat; il était alors préteur pour la seconde fois, comme il est d'usage
pour ceux qui veulent être rétablis dans leur dignité de sénateur.
Quant à l'originalité du surnom de Sura, on raconte que pendant qu'il était
questeur de Sylla, ayant consumé en folles dépenses une grande partie
des deniers publics, Sylla, irrité de ce péculat, lui demanda compte, en plein
sénat, de son administration. Lentulus, s'avançant d'un air d'indifférence
et de dédain, dit qu'il n'avait pas de compte à rendre, mais qu'il présentait
sa jambe : ce que font les enfants, quand ils ont commis quelque faute
en jouant à la paume. Cette réponse lui fit donner surnom de Sura, qui, en latin,
veut dire jambe. Cité un jour en justice, il corrompit quelques-uns de ses juges,
et ne fut absous qu'à la pluralité de deux voix : «J'ai perdu, dit-il, l'argent
que j'ai donné à l'un des juges qui m'ont absous, car il me suffisait de l'être
à la majorité d'une voix.»
Avec un tel caractère, Lentulus fut bientôt ébranlé par Catilina; et des charlatans,
de faux devins, achevèrent de le corrompre par les fausses espérances dont ils
le berçaient. Ils lui débitaient des prédictions des livres sibyllins, et de prétendus
oracles qu'ils avaient forgés eux-mêmes, et qui annonçaient qu'il était
dans les destinées de Rome d'avoir trois Cornélius pour maîtres : «Deux, lui
disaient-ils, ont déjà rempli leur destinée, Cinna et Sylla; vous êtes le troisième
que la fortune appelle à la monarchie; recevez-la sans balancer, et ne laissez pas
échapper, comme Catilina, l'occasion favorable qui se présente.»
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