| [15] Οὐ πολλῷ δ´ ὕστερον τούτων ἤδη τῷ Κατιλίνᾳ
 τῶν ἐν Τυρρηνίᾳ στρατευμάτων συνερχομένων καὶ καταλοχιζομένων,
 καὶ τῆς ὡρισμένης πρὸς τὴν ἐπίθεσιν ἡμέρας
 ἐγγὺς οὔσης, ἧκον ἐπὶ τὴν Κικέρωνος οἰκίαν περὶ μέσας
 νύκτας ἄνδρες οἱ πρῶτοι καὶ δυνατώτατοι Ῥωμαίων,
 Μᾶρκος τε Κράσσος καὶ Μᾶρκος Μάρκελλος καὶ Σκιπίων
 Μέτελλος, κόψαντες δὲ τὰς θύρας καὶ καλέσαντες τὸν θυρωρόν,
 ἐκέλευον ἐπεγεῖραι καὶ φράσαι Κικέρωνι τὴν παρουσίαν
 αὐτῶν. ἦν δὲ τοιόνδε? τῷ Κράσσῳ μετὰ δεῖπνον
 ἐπιστολὰς ἀποδίδωσιν ὁ θυρωρός, ὑπὸ δή τινος ἀνθρώπου
 κομισθείσας ἀγνῶτος, ἄλλας ἄλλοις ἐπιγεγραμμένας, αὐτῷ
 δὲ Κράσσῳ μίαν ἀδέσποτον. ἣν μόνην ἀναγνοὺς ὁ Κράσσος,
 ὡς ἔφραζε τὰ γράμματα φόνον γενησόμενον πολὺν διὰ
 Κατιλίνα καὶ παρῄνει τῆς πόλεως ὑπεξελθεῖν, τὰς ἄλλας
 οὐκ ἔλυσεν, ἀλλ´ ἧκεν εὐθὺς πρὸς τὸν Κικέρωνα, πληγεὶς
 ὑπὸ τοῦ δεινοῦ καί τι καὶ τῆς αἰτίας ἀπολυόμενος, ἣν
 ἔσχε διὰ φιλίαν τοῦ Κατιλίνα. βουλευσάμενος οὖν ὁ Κικέρων
 ἅμ´ ἡμέρᾳ βουλὴν συνήγαγε, καὶ τὰς ἐπιστολὰς κομίσας
 ἀπέδωκεν οἷς ἦσαν ἐπεσταλμέναι, κελεύσας φανερῶς
 ἀναγνῶναι. πᾶσαι δ´ ὁμοίως τὴν ἐπιβουλὴν ἔφραζον.
 ἐπεὶ δὲ καὶ Κόιντος Ἄρριος, ἀνὴρ στρατηγικός, εἰσήγγελλε
 τοὺς ἐν Τυρρηνίᾳ καταλοχισμούς, καὶ Μάλλιος
 ἀπηγγέλλετο σὺν χειρὶ μεγάλῃ περὶ τὰς πόλεις ἐκείνας
 αἰωρούμενος ἀεί τι προσδοκᾶν καινὸν ἀπὸ τῆς Ῥώμης,
 γίνεται δόγμα τῆς βουλῆς παρακαταθέσθαι τοῖς ὑπάτοις τὰ
 πράγματα, δεξαμένους δ´ ἐκείνους ὡς ἐπίστανται διοικεῖν
 καὶ σῴζειν τὴν πόλιν. τοῦτο δ´ οὐ πολλάκις, ἀλλ´ ὅταν
 τι μέγα δείσῃ, ποιεῖν εἴωθεν ἡ σύγκλητος.
 | [15] XV. Haud multo post quum iam Catilinarii milites in Etruria 
 
conuenissent et centuriati essent, diesque facinori destinata 
 
appropinquaret, media nocte ad domum Ciceronis 
 
ueniunt primi potentissimique Romanorum, M- Crassus,
 
M- Marcellus et Scipio Metellus; hi quum ostium pulsassent, 
 
euocato ianitore, ut excitaret Ciceronem seque adesse indicaret, 
 
iubent. Res ea erat. Crasso secundum coenam 
 
litteras reddiderat ianitor ab ignoto quodam homine allatas, 
 
alias aliis inscriptas, unas uero ipsi Crasso incerto auctore, 
 
quas unas quum legisset Crassus, eaeque ostenderent a Catilina 
 
magnas in urbe caedes editum iri, iuberentque urbe
 
ipsum excedere, reliquas non soluit, sed statim ad Ciceronem 
 
contulit, quum periculi atrocitate perculsus, tum ut 
 
suspicionem de se ob amicitiam Catilinae conceptam purgaret. 
 
Cicero, re deliberata, prima luce senatum conuocauit, 
 
allatisque eo epistolis singulis ut erant inscriptae distribuit, 
 
iussitque palam recitare. Omnes idem indicabant,
 
nempe insidias. Ad hac Q- Arrius, praetorius uir, milites in 
 
Etruria occulte cogi indicauit. Relatum etiam est, Manlium 
 
cum magna manu circum illas urbes haerere et semper nouum 
 
aliquid ex urbe operiri. Itaque fit senatusconsultum, 
 
ut respublica committeretur consulibus iique, hac potestate 
 
accepta, pro arbitrio administrarent et seruarent rempublicam. 
 
Fieri hoc non frequenter, sed in magno periculi 
 
metu a senatu solebat.
 
 | [15] XV. Peu de temps après, les soldats de l'Étrurie s'étant rassemblés 
pour se trouver prêts au premier ordre de Catilina, et le jour fixé pour 
l'exécution de leur complot étant déjà proche, trois des premiers et des 
plus puissants personnages de Rome, Marcus Crassus, Marcus Marcellus et 
Scipion Métellus, allèrent, au milieu de la nuit, à la maison de Cicéron, 
frappèrent à la porte, et ayant appelé le portier, ils lui dirent de réveiller 
son maître, et de lui annoncer qu'ils étaient là. Ils venaient lui dire 
que le portier de Crassus avait remis à son maître, comme il sortait de
table, des lettres qu'un inconnu avait apportées, et qui étaient adressées 
à différentes personnes; celle qui était pour Crassus n'avait point de nom. 
Il n'avait lu que celle qui portait son adresse; et comme on lui donnait avis 
que Catilina devait faire bientôt un grand carnage dans Rome, qu'on 
l'engageait même à sortir de la ville, il ne voulut pas ouvrir les autres ; 
et soit qu'il craignît le danger dont Rome était menacée, soit qu'il cherchât 
à se laver des soupçons que ses liaisons avec Catilina avaient pu donner 
contre lui, il alla sur-le-champ trouver Cicéron, avec Scipion et Marcellus. 
Le consul, après en avoir délibéré avec eux, assembla le sénat dès le point 
du jour, remit les lettres à ceux à qui elles étaient adressées, et leur ordonna 
d'en faire tout haut la lecture. Elles donnaient toutes les mêmes avis 
de la conjuration; mais après que Quintus Arrius, ancien préteur, 
eut dénoncé les attroupements qui se faisaient dans l'Étrurie; qu'on eut su, 
par d'autres avis, que Mallius, à la tête d'une armée considérable, 
se tenait autour des villes de cette province pour y attendre les nouvelles 
de ce qui se passerait à Rome, le sénat fit un décret par lequel il déposait 
les intérêts de la république entre les mains des consuls et leur ordonnait 
de prendre toutes les mesures qu'ils jugeraient convenables pour sauver 
la patrie. Ces sortes de décrets sont rares; le sénat ne les donne 
que lorsqu'il craint quelque grand danger. 
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