| Texte grec :
 
 
  
  
   | [189] (189a) Ἐκδεξάμενον οὖν 
 ἔφη εἰπεῖν τὸν Ἀριστοφάνη ὅτι· Καὶ μάλ᾽ ἐπαύσατο, οὐ μέντοι πρίν γε τὸν 
 πταρμὸν προσενεχθῆναι αὐτῇ, ὥστε με θαυμάζειν εἰ τὸ κόσμιον τοῦ σώματος 
 ἐπιθυμεῖ τοιούτων ψόφων καὶ γαργαλισμῶν, οἷον καὶ ὁ πταρμός ἐστι· πάνυ γὰρ 
 εὐθὺς ἐπαύσατο, ἐπειδὴ αὐτῷ τὸν πταρμὸν προσήνεγκα. καὶ τὸν Ἐρυξίμαχον· 
 ὠγαθέ, φάναι, Ἀριστόφανες, ὅρα τί ποιεῖς. γελωτοποιεῖς μέλλων λέγειν, καὶ 
 φύλακά με τοῦ (189b) λόγου ἀναγκάζεις γίγνεσθαι τοῦ σεαυτοῦ, ἐάν τοι γελοῖον 
 εἴπῃς, ἐξόν σοι ἐν εἰρήνῃ λέγειν. καὶ τὸν Ἀριστοφάνη γελάσαντα εἰπεῖν· Εὖ 
 λέγεις, ὦ Ἐρυξίμαχε, καί μοι ἔστω ἄρρητα τὰ εἰρημένα. ἀλλὰ μή με φύλαττε, ὡς 
 ἐγὼ φοβοῦμαι περὶ τῶν μελλόντων ῥηθήσεσθαι, οὔ τι μὴ γελοῖα εἴπω (τοῦτο μὲν 
 γὰρ ἂν κέρδος εἴη καὶ τῆς ἡμετέρας μούσης ἐπιχώριον) ἀλλὰ μὴ καταγέλαστα. 
 Βαλών γε, φάναι, ὦ Ἀριστόφανες, οἴει ἐκφεύξεσθαι· ἀλλὰ πρόσεχε τὸν νοῦν καὶ 
 οὕτως λέγε ὡς δώσων λόγον· (189c) ἴσως μέντοι, ἂν δόξῃ μοι, ἀφήσω σε. 
 XIV. Καὶ μήν, ὦ Ἐρυξίμαχε, εἰπεῖν τὸν Ἀριστοφάνη, ἄλλῃ γέ πῃ ἐν νῷ ἔχω λέγειν 
 ἢ ᾗ σύ τε καὶ Παυσανίας εἰπέτην. ἐμοὶ γὰρ δοκοῦσιν ἅνθρωποι παντάπασι τὴν 
 τοῦ ἔρωτος δύναμιν οὐκ ᾐσθῆσθαι, ἐπεὶ αἰσθανόμενοί γε μέγιστ᾽ ἂν αὐτοῦ ἱερὰ 
 κατασκευάσαι καὶ βωμούς, καὶ θυσίας ἂν ποιεῖν μεγίστας, οὐχ ὥσπερ νῦν 
 τούτων οὐδὲν γίγνεται περὶ αὐτόν, δέον πάντων μάλιστα γίγνεσθαι. ἔστι γὰρ 
 θεῶν φιλανθρωπότατος, (189d) ἐπίκουρός τε ὢν τῶν ἀνθρώπων καὶ ἰατρὸς 
 τούτων ὧν ἰαθέντων μεγίστη εὐδαιμονία ἂν τῷ ἀνθρωπείῳ γένει εἴη. ἐγὼ οὖν 
 πειράσομαι ὑμῖν εἰσηγήσασθαι τὴν δύναμιν αὐτοῦ, ὑμεῖς δὲ τῶν ἄλλων 
 διδάσκαλοι ἔσεσθε. δεῖ δὲ πρῶτον ὑμᾶς μαθεῖν τὴν ἀνθρωπίνην φύσιν καὶ τὰ 
 παθήματα αὐτῆς. ἡ γὰρ πάλαι ἡμῶν φύσις οὐχ αὑτὴ ἦν ἥπερ νῦν, ἀλλ᾽ ἀλλοία. 
 πρῶτον μὲν γὰρ τρία ἦν τὰ γένη τὰ τῶν ἀνθρώπων, οὐχ ὥσπερ νῦν δύο, ἄρρεν 
 καὶ θῆλυ, (189e) ἀλλὰ καὶ τρίτον προσῆν κοινὸν ὂν ἀμφοτέρων τούτων, οὗ νῦν 
 ὄνομα λοιπόν, αὐτὸ δὲ ἠφάνισται· ἀνδρόγυνον γὰρ ἓν τότε μὲν ἦν καὶ εἶδος καὶ 
 ὄνομα ἐξ ἀμφοτέρων κοινὸν τοῦ τε ἄρρενος καὶ θήλεος, νῦν δὲ οὐκ ἔστιν ἀλλ᾽ ἢ 
 ἐν ὀνείδει ὄνομα κείμενον. ἔπειτα ὅλον ἦν ἑκάστου τοῦ ἀνθρώπου τὸ εἶδος 
 στρογγύλον, νῶτον καὶ πλευρὰς κύκλῳ ἔχον· χεῖρας δὲ τέτταρας εἶχε, καὶ σκέλη 
 τὰ ἴσα ταῖς χερσίν, καὶ πρόσωπα |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [189] C'est alors que, suivant Aristodème, Aristophane 
prit la parole à son tour et dit : «Sans doute il a cessé,
mais pas avant de lui avoir appliqué le remède de 
l'éternuement; aussi j'admire que le bon état du corps 
réclame des bruits et des chatouillements tels que l'éternuement; 
aussitôt que je lui ai appliqué l'éternuement, le hoquet a cessé.
- Mon brave Aristophane, dit Éryximaque, prends 
garde à ce que tu fais. Tu fais rire à mes dépens, au 
moment de prendre la parole : c'est me forcer à surveiller 
ton discours, pour voir si tu ne diras rien qui prête à 
rire, quand tu pourrais parler en toute sécurité.»
Aristophane se mit à rire et dit : «Tu as raison, 
Éryximaque; fais comme si je n'avais rien dit; ne me 
surveille pas, car je crains, dans le discours que j'ai à 
faire, non pas de faire rire : ce serait une bonne fortune 
pour nous et c'est le propre de ma muse, mais de dire 
des choses ridicules.
- Tu m'as décoché ton trait, et tu penses m'échapper, 
Aristophane? Fais attention et parle comme un 
homme qui rendra raison. Je ne veux pas dire pourtant 
que, s'il me convient, je ne te fasse grâce.
- Oui, Eryximaque, dit Aristophane, j'ai 
l'intention de parler autrement que vous ne l'avez fait, 
toi et Pausanias. Il me semble en effet que les hommes 
ne se sont nullement rendu compte de la puissance 
d'Eros; s'ils s'en rendaient compte, ils lui consacreraient 
les temples et les autels les plus magnifiques et lui 
offriraient les plus grands sacrifices, tandis qu'à présent 
on ne lui rend aucun de ces honneurs, alors que rien ne 
serait plus convenable. Car c'est le dieu le plus ami des 
hommes, puisqu'il les secourt et porte remède aux 
maux dont la guérison donnerait à l'humanité le plus 
grand bonheur. Je vais donc essayer de vous initier à sa 
puissance, et vous en instruirez les autres. Mais il faut 
d'abord que vous appreniez à connaître la nature 
humaine et ses transformations.
Jadis notre nature n'était pas ce qu'elle est à présent, 
elle était bien différente. D'abord il y avait trois espèces 
d'hommes, et non deux, comme aujourd'hui : le mâle, 
la femelle et, outre ces deux-là, une troisième composée 
des deux autres; le nom seul en reste aujourd'hui,
l'espèce a disparu. C'était l'espèce androgyne qui avait 
la forme et le nom des deux autres, mâle et femelle, 
dont elle était formée; aujourd'hui elle n'existe plus, ce 
n'est plus qu'un nom décrié. De plus chaque homme 
était dans son ensemble de forme ronde, avec un dos et 
des flancs arrondis, quatre mains, autant de jambes, |  |