Texte grec :
[1,4] τούτοις οὖν ἐντυχὼν ἅπασιν, τοῦ ψεύσασθαι μὲν οὐ σφόδρα τοὺς ἄνδρας
ἐμεμψάμην, ὁρῶν ἤδη σύνηθες ὂν τοῦτο καὶ τοῖς φιλοσοφεῖν ὑπισχνουμένοις?
ἐκεῖνο δὲ αὐτῶν ἐθαύμασα, εἰ ἐνόμιζον λήσειν οὐκ ἀληθῆ συγγράφοντες.
διόπερ καὶ αὐτὸς ὑπὸ κενοδοξίας ἀπολιπεῖν τι σπουδάσας τοῖς
μεθ´ ἡμᾶς, ἵνα μὴ μόνος ἄμοιρος ὦ τῆς ἐν τῷ μυθολογεῖν ἐλευθερίας,
ἐπεὶ μηδὲν ἀληθὲς ἱστορεῖν εἶχονοὐδὲν γὰρ ἐπεπόνθειν
ἀξιόλογονἐπὶ τὸ ψεῦδος ἐτραπόμην πολὺ τῶν ἄλλων εὐγνωμονέστερον?
κἂν ἓν γὰρ δὴ τοῦτο ἀληθεύσω λέγων ὅτι ψεύδομαι. οὕτω
δ´ ἄν μοι δοκῶ καὶ τὴν παρὰ τῶν ἄλλων κατηγορίαν ἐκφυγεῖν
αὐτὸς ὁμολογῶν μηδὲν ἀληθὲς λέγειν. γράφω τοίνυν περὶ ὧν
μήτε εἶδον μήτε ἔπαθον μήτε παρ´ ἄλλων ἐπυθόμην, ἔτι δὲ μήτε
ὅλως ὄντων μήτε τὴν ἀρχὴν γενέσθαι δυναμένων. διὸ δεῖ τοὺς
ἐντυγχάνοντας μηδαμῶς πιστεύειν αὐτοῖς.
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Traduction française :
[1,4] Pourtant, quand j'ai lu ces différents auteurs, je ne leur ai pas fait un
trop grand crime de leurs mensonges, surtout en voyant que c'était une habitude
familière même à ceux qui font profession de philosophie ; et ce qui m'a
toujours étonné, c'est qu'ils se soient imaginé qu'en écrivant des fictions, la
fausseté de leurs récits échapperait aux lecteurs. Moi-même, cependant, entraîné
par le désir de laisser un nom à la postérité, et ne voulant pas être le seul
qui n'usât pas de la liberté de feindre, j'ai résolu, n'ayant rien de vrai à
raconter, vu qu'il ne m'est arrivé aucune aventure digne d'intérêt, de me
rabattre sur un mensonge beaucoup plus raisonnable que ceux des autres. Car n'y
aurait-il dans mon livre, pour toute vérité, que l'aveu de mon mensonge ; il me
semble que j'échapperais au reproche adressé par moi aux autres narrateurs, en
convenant que je ne dis pas un seul mot de vrai. Je vais donc raconter des faits
que je n'ai pas vus, des aventures qui ne me sont pas arrivées et que je ne
tiens de personne ; j'y ajoute des choses qui n'existent nullement, et qui ne
peuvent pas être : il faut donc que les lecteurs n'en croient absolument rien.
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