HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Iliade, chant II

κήρυκι



Texte grec :

[2,200] δαιμόνι᾽ ἀτρέμας ἧσο καὶ ἄλλων μῦθον ἄκουε,
οἳ σέο φέρτεροί εἰσι, σὺ δ᾽ ἀπτόλεμος καὶ ἄναλκις
οὔτέ ποτ᾽ ἐν πολέμῳ ἐναρίθμιος οὔτ᾽ ἐνὶ βουλῇ·
οὐ μέν πως πάντες βασιλεύσομεν ἐνθάδ᾽ Ἀχαιοί·
οὐκ ἀγαθὸν πολυκοιρανίη· εἷς κοίρανος ἔστω,
εἷς βασιλεύς, ᾧ δῶκε Κρόνου πάϊς ἀγκυλομήτεω
σκῆπτρόν τ᾽ ἠδὲ θέμιστας, ἵνά σφισι βουλεύῃσι.
Ὣς ὅ γε κοιρανέων δίεπε στρατόν· οἳ δ᾽ ἀγορὴν δὲ
αὖτις ἐπεσσεύοντο νεῶν ἄπο καὶ κλισιάων
ἠχῇ, ὡς ὅτε κῦμα πολυφλοίσβοιο θαλάσσης
210 αἰγιαλῷ μεγάλῳ βρέμεται, σμαραγεῖ δέ τε πόντος.
Ἄλλοι μέν ῥ᾽ ἕζοντο, ἐρήτυθεν δὲ καθ᾽ ἕδρας·
Θερσίτης δ᾽ ἔτι μοῦνος ἀμετροεπὴς ἐκολῴα,
ὃς ἔπεα φρεσὶν ᾗσιν ἄκοσμά τε πολλά τε ᾔδη
μάψ, ἀτὰρ οὐ κατὰ κόσμον, ἐριζέμεναι βασιλεῦσιν,
ἀλλ᾽ ὅ τι οἱ εἴσαιτο γελοίϊον Ἀργείοισιν
ἔμμεναι· αἴσχιστος δὲ ἀνὴρ ὑπὸ Ἴλιον ἦλθε·
φολκὸς ἔην, χωλὸς δ᾽ ἕτερον πόδα· τὼ δέ οἱ ὤμω
κυρτὼ ἐπὶ στῆθος συνοχωκότε· αὐτὰρ ὕπερθε
φοξὸς ἔην κεφαλήν, ψεδνὴ δ᾽ ἐπενήνοθε λάχνη.
220 Ἔχθιστος δ᾽ Ἀχιλῆϊ μάλιστ᾽ ἦν ἠδ᾽ Ὀδυσῆϊ·
τὼ γὰρ νεικείεσκε· τότ᾽ αὖτ᾽ Ἀγαμέμνονι δίῳ
ὀξέα κεκλήγων λέγ᾽ ὀνείδεα· τῷ δ᾽ ἄρ᾽ Ἀχαιοὶ
ἐκπάγλως κοτέοντο νεμέσσηθέν τ᾽ ἐνὶ θυμῷ.
Αὐτὰρ ὃ μακρὰ βοῶν Ἀγαμέμνονα νείκεε μύθῳ·
Ἀτρεΐδη τέο δ᾽ αὖτ᾽ ἐπιμέμφεαι ἠδὲ χατίζεις;
πλεῖαί τοι χαλκοῦ κλισίαι, πολλαὶ δὲ γυναῖκες
εἰσὶν ἐνὶ κλισίῃς ἐξαίρετοι, ἅς τοι Ἀχαιοὶ
πρωτίστῳ δίδομεν εὖτ᾽ ἂν πτολίεθρον ἕλωμεν.
Ἦ ἔτι καὶ χρυσοῦ ἐπιδεύεαι, ὅν κέ τις οἴσει
230 Τρώων ἱπποδάμων ἐξ Ἰλίου υἷος ἄποινα,
ὅν κεν ἐγὼ δήσας ἀγάγω ἢ ἄλλος Ἀχαιῶν,
ἠὲ γυναῖκα νέην, ἵνα μίσγεαι ἐν φιλότητι,
ἥν τ᾽ αὐτὸς ἀπονόσφι κατίσχεαι; οὐ μὲν ἔοικεν
ἀρχὸν ἐόντα κακῶν ἐπιβασκέμεν υἷας Ἀχαιῶν.
Ὦ πέπονες κάκ᾽ ἐλέγχε᾽ Ἀχαιΐδες οὐκέτ᾽ Ἀχαιοὶ
οἴκαδέ περ σὺν νηυσὶ νεώμεθα, τόνδε δ᾽ ἐῶμεν
αὐτοῦ ἐνὶ Τροίῃ γέρα πεσσέμεν, ὄφρα ἴδηται
ἤ ῥά τί οἱ χἠμεῖς προσαμύνομεν ἦε καὶ οὐκί·
ὃς καὶ νῦν Ἀχιλῆα ἕο μέγ᾽ ἀμείνονα φῶτα
240 ἠτίμησεν· ἑλὼν γὰρ ἔχει γέρας αὐτὸς ἀπούρας.
Ἀλλὰ μάλ᾽ οὐκ Ἀχιλῆϊ χόλος φρεσίν, ἀλλὰ μεθήμων·
ἦ γὰρ ἂν Ἀτρεΐδη νῦν ὕστατα λωβήσαιο·
ὣς φάτο νεικείων Ἀγαμέμνονα ποιμένα λαῶν,
Θερσίτης· τῷ δ᾽ ὦκα παρίστατο δῖος Ὀδυσσεύς,
καί μιν ὑπόδρα ἰδὼν χαλεπῷ ἠνίπαπε μύθῳ·
Θερσῖτ᾽ ἀκριτόμυθε, λιγύς περ ἐὼν ἀγορητής,
ἴσχεο, μηδ᾽ ἔθελ᾽ οἶος ἐριζέμεναι βασιλεῦσιν·
οὐ γὰρ ἐγὼ σέο φημὶ χερειότερον βροτὸν ἄλλον
ἔμμεναι, ὅσσοι ἅμ᾽ Ἀτρεΐδῃς ὑπὸ Ἴλιον ἦλθον.

Traduction française :

[2,200] «Insensé ! Reste tranquille, et écoute les autres, tes
supérieurs. Toi, sans valeur guerrière, sans vaillance, jamais tu
n'as compté, à la guerre ni au conseil. Nous ne pouvons tous régner
ici, nous, Achéens. Il n'est pas bon, le commandement multiple.
Qu'il y ait un seul commandant, un seul roi, celui qui a reçu ce lot du
fils de Cronos à l'esprit retors, {le sceptre et les lois, pour commander}.»
Ainsi, en commandant, il parcourait l'armée. Et vers
l'agora, de nouveau, on s'élançait des vaisseaux et des
baraques, avec bruit : de même les vagues de la mer tumultueuse
grondent sur le vaste rivage, et font retentir le large.
Tous s'asseyaient et se rangèrent sur les bancs. Seul
Thersite, parleur sans mesure, piaillait encore. Son esprit
abondait en paroles de désordre, pour chercher, vainement,
mais contre le bon ordre, querelle aux rois, avec
tout ce qu'il jugeait propre à faire rire les Argiens. Il
était le plus laid des hommes venus devant Ilion : louche,
boiteux d'une jambe, la poitrine creuse entre des épaules
voûtées; là-dessus une tête pointue, où végétait un rare
duvet. Il était détesté surtout d'Achille et d'Ulysse, car
c'est contre eux que, d'habitude, il récriminait. Cette
fois, c'était contre le divin Agamemnon que, d'une voix
aiguë, il débitait des injures : c'était à lui, en effet, que
les Achéens en voulaient extrêmement, fort irrités en leur coeur.
Aussi, criant très fort, Thersite querellait Agamemnon :
«Atride, de quoi encore te plains-tu, où as-tu besoin?
Elles sont pleines de bronze, tes baraques; beaucoup de
femmes s'y trouvent aussi, des femmes de choix, que
nous, les Achéens, nous te donnons, à toi avant tout
autre, quand nous prenons une ville. Veux-tu encore l'or
que t'apportera, peut-être, quelque Troyen dompteur
de chevaux, d'Ilion, comme rançon de son fils, ligoté
et amené ici par moi ou par un autre Achéen? Veux-tu
quelque jeune femme, pour t'unir à elle d'amour, et la
garder pour toi seul, loin de tous? Il ne convient pourtant
pas à leur chef de jeter dans le malheur les fils
d'Achéens. O êtres mous, vils objets d'opprobre, Achéennes
et non plus Achéens, rentrons donc chez nous
avec nos vaisseaux, et laissons cet homme ici, en Troade,
savourer ses récompenses, pour qu'il voie si nous lui
sommes de quelque utilité, ou non. Voilà qu'encore,
maintenant, Achille, un homme bien supérieur à lui, il
l'a déshonoré ! Il lui a pris et détient sa récompense, que
de lui-même il a ravie. Achille, certes, n'a pas de bile
dans le coeur, il laisse tout faire; autrement, Atride,
c'eût été ton dernier méfait.»
Ainsi parlait, querellant Agamemnon, pasteur de
troupes, Thersite. Près de lui, soudain, se dressa le divin
Ulysse, qui, le regardant en dessous, l'invectiva rudement :
«Thersite, bavard inconsidéré, quoique orateur à la
voix claire, retiens-toi, et ne prétends pas, seul, chercher
querelle aux rois. Il n'y a pas, je l'affirme, pire mortel que toi,
entre tous ceux qui sont, avec l'Atride, venus devant Ilion.





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Dernière mise à jour : 23/03/2005