Texte grec :
[2,173] 173. ἐχρᾶτο δὲ καταστάσι πρηγμάτων τοιῇδε· τὸ μὲν ὄρθριον μέχρι ὅτευ πληθούσης
ἀγορῆς προθύμως ἔπρησσε τὰ προσφερόμενα πρήγματα, τὸ δὲ ἀπὸ τούτου ἔπινέ τε
καὶ κατέσκωπτε τοὺς συμπότας καὶ ἦν μάταιός τε καὶ παιγνιήμων. (2) ἀχθεσθέντες δὲ
τούτοισι οἱ φίλοι αὐτοῦ ἐνουθέτεον αὐτὸν τοιάδε λέγοντες. “ὦ βασιλεῦ, οὐκ ὀρθῶς,
σεωυτοῦ προέστηκας, ἐς τὸ ἄγαν φαῦλον προάγων σεωυτόν. σὲ γὰρ ἐχρῆν ἐν θρόνῳ
σεμνῷ σεμνὸν θωκέοντα δι᾽ ἡμέρης πρήσσειν τὰ πρήγματα, καὶ οὕτω Αἰγύπτιοί τ᾽ ἂν
ἠπιστέατο ὡς ὑπ᾽ ἀνδρὸς μεγάλου ἄρχονται, καὶ ἄμεινον σὺ ἂν ἤκουες· νῦν δὲ ποιέεις
οὐδαμῶς βασιλικά”. (3) ὃ δ᾽ ἀμείβετο τοῖσιδε αὐτούς. “τὰ τόξα οἱ ἐκτημένοι, ἐπεὰν μὲν
δέωνται χρᾶσθαι, ἐντανύουσι· εἰ γὰρ δὴ τὸν πάντα χρόνον ἐντεταμένα εἴη, ἐκραγείη
ἄν, ὥστε ἐς τὸ δέον οὐκ ἂν ἔχοιεν αὐτοῖσι χρᾶσθαι. (4) οὕτω δὲ καὶ ἀνθρώπου
κατάστασις· εἰ ἐθέλοι κατεσπουδάσθαι αἰεὶ μηδὲ ἐς παιγνίην τὸ μέρος ἑωυτὸν ἀνιέναι,
λάθοι ἂν ἤτοι μανεὶς ἢ ὅ γε ἀπόπληκτος γενόμενος· τὰ ἐγὼ ἐπιστάμενος μέρος
ἑκατέρῳ νέμω”. ταῦτα μὲν τοὺς φίλους ἀμείψατο.
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Traduction française :
[2,173] CLXXIII. Voici comment il réglait les affaires : depuis le point du
jour jusqu'à l'heure où la place est pleine, il s'appliquait à juger
les causes qui se présentaient. Le reste du temps, il le passait à
table, où il raillait ses convives, et ne songeait qu'à se divertir et
qu'à faire des plaisanteries ingénieuses et indécentes. Ses amis,
affligés d'une telle conduite, lui firent des représentations. «
Seigneur, lui dirent-ils, vous ne savez pas soutenir l'honneur de
votre rang, et vous vous avilissez. Assis avec dignité sur votre
trône, vous devriez vous occuper toute la journée des soins de
l'État : les Égyptiens reconnaîtraient à vos actions qu'ils sont
gouvernés par un grand homme, et votre réputation en serait
meilleure; mais votre conduite ne répond pas à celle d'un roi. -
Ne savez-vous pas, leur répondit Amasis, qu'on ne bande un arc
que lorsqu'on en a besoin, et qu'après qu'on s'en est servi, on le
détend ? Si on le tenait toujours bandé, il se romprait, et l'on ne
pourrait plus s'en servir au besoin. Il en est de même de l'homme :
s'il était toujours appliqué à des choses sérieuses, sans prendre
aucun relâche et sans rien donner à ses plaisirs, il deviendrait
insensiblement, et sans s'en apercevoir, fou ou stupide. Pour moi,
qui en sais les conséquences, je partage mon temps entre les
affaires et les plaisirs. » Il répondit ces choses à ses amis.
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